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Chili con carne : Como salir a buscar una estrella con las dos manos ocupadas, de Jesus Sevari

Publié le 04 décembre 2007 par Jérôme Delatour
Comment chercher une étoile les deux mains occupées.
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Jesus Sevari (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Cela commence par Jesus en croix.
Sauf que Jesus a des talons aiguilles et qu'elle est étendue sur le sol, sur un drap blanc.
Jesus Sevari est une danseuse et chorégraphe chilienne.
Jesus ? Drôle de prénom pour une femme.

Jesus, lèvres peintes, pâle sous la lumière comme une Vierge polychrome, est la proie de quarante escargots lubriques. Il en sort même de sa bouche.
Languettes vagabondes, larmes casquées, bouffeuses épisodiques de carcasses, les escargots, dit-on, sont engraissés par les morts ; non contents de cette nourriture, ils sortent de terre au printemps pour manger nos salades.
Deux musiciens ensachés comme des pénitents veillent sur la scène, à la fois morbide, érotique et annonciatrice de résurrection. (Pour ceux d'entre nous dont les années de catéchisme seraient loin, ou qui ne partageraient pas les mystères de la foi chrétienne, rappelons que quarante est le nombre de jours qui précèdent la résurrection du Christ. Vous suivez ?)

Je ne connais pas le Chili et j'aimerais connaître l'Amérique latine. C'est bien comme cela que je l'imagine : charnelle, violente et douce, indienne et catholique, un tantinet excessive. La vie, la mort, le noir, le blanc, les couleurs, très vives. Et le métissage, comme ici un ange rose et bleu, des ballons festifs et bariolés comme des plumes d'Indiens, les corps nus du Nouveau Monde, une Mort Dark Vador, des projections à la Tony Oursler. Et les ventilateurs dans tout cela ? Disons que c'est la touche surréaliste - avec les sept salades.

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Jesus Sevari (cl. Jérôme Delatour / Images de danse)

Como salir déroule le drame ordinaire d'une vie banale, l'histoire d'une âme sauvage et d'un corps fragile et trop petit, l'oeil plus gros que le ventre, tiraillés entre rêves et réalités. Cela n'a pas trop d'importance. Les thèmes abordés, simples, populaires parce qu'universels, laissent toute sa place à l'émotion.
On verra la lutte de la Mort et de la Vamp. La Mort, armée d'un sèche-cheveux et d'un épilateur électrique attise les vanités ; la Vamp pare le coup et donne l'estocade avec son grand miroir. On verra une mise à mort effectuée par un guitariste, la guitare pour marteau de Charon. Et bien d'autres choses encore.

La pièce est optimiste : Jesus est femme, femme terre, germinative, femme arbre, fécondée de lait. Puisque la mort rôde fatalement autour de nos corps prêts à faner, mais que nous renaîtrons sous une forme ou sous une autre, pourquoi ne pas rester gai et fraternel ?

Sous des dehors presque amateurs, Como salir mêle habilement, l'air de rien, cultures savantes et populaires, symboles païens et chrétiens. Une vraie danse de série B qui ne recule pas devant la cocasserie bon enfant. La chaleur humaine et la bonté rayonnante de Jesus Sevari et de son double Sylvie Deslande, l'absence manifeste de prétention achèvent d'emporter l'adhésion du spectateur.

La presse n'en a pas parlé. Faut-il encore s'en étonner ?

♥♥♥ Como salir a buscar una estrella con las dos manos ocupadas, de Jesus Sevari, a été donné par l'association Absolutamente, créée en 2003, les 29 et 30 novembre 2007 à l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Paris. C'est le 3e épisode d'une trilogie intitulée Fantasy Brain. Grâce à Julien Saglio, on peut découvrir sur le Web un extrait du premier épisode, Initiation.

Retrouvez ici Como salir a buscar una estrella con las dos manos ocupadas en images.

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