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[Critique cinéma] Copie conforme

Par Gicquel

4 out of 5 stars

« Copie conforme » d’Abbas Kiarostami

Vu au Cinéma

Une fois encore je me retrouve bouche bée devant un film de Kiarostami,  qui  n’a absolument rien à voir avec toutes ses œuvres précédentes (voir ce blog). Il tourne pour la première fois hors de ses frontières, en Toscane, avec des comédiens étrangers, et sur une trame totalement imaginaire, ce qui est plutôt rare chez le réalisateur iranien.

[Critique cinéma] Copie conforme

Mais Kiarostami est un grand cinéaste et quoi qu’il fasse, sa caméra ne le trahit pas.  Présenté sur la croisette, « Copie conforme »  pourrait bien lui valoir une ou deux palmes, pour le scénario ou l’interprétation de Juliette Binoche. La comédienne y est remarquable dans son double jeu que lui impose une histoire un peu loufoque.

[Critique cinéma] Copie conforme

En accompagnant un auteur anglais dans la campagne florentine, on les croit mari et femme. Le couple accepte l’hypothèse et entre la copie et l’originale, tente de discerner le vrai du faux. C’est aussi le thème de l’essai que présente l’écrivain, autour des objets d’art. Un jeu de miroir s’engage alors entre Abbas Kiarostami, et ses protagonistes, dans des bavardages sans fin,  drôles et cyniques , car le sérieux n’est pas  toujours de mise,  et des confrontations stupéfiantes, habitées par des dialogues d’une rare finesse.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

J’ai souvent souri aux allusions pertinentes, aux remarques perfides ou salutaires, des uns et des autres. Dans un petit rôle, Jean-Claude Carrière est pris à témoin devant la  sculpture d’une fontaine, pour en donner une interprétation. Son point de vue est fabuleux. Un exemple parmi tant d’autres, qui nous rappelle que tout ici n’est qu’apparences, reflets et contradictions, à l’image de cet homme et de cette femme qui ne sauront jamais si un jour ils se sont aimés.

[Critique cinéma] Copie conforme

Un réalisateur talentueux

Cette réflexion sur le couple, et le temps qui passe,  maintes fois entendue, est ici comme neuve, transfigurée.La dernière scène est à cet égard sublime, où l’on découvre Juliette Binoche, tout autre, sensuelle et captivante, après avoir donné dans le badinage et l’intellect, la lumière et le mystère.

Il y a beaucoup de tendresse dans le regard du cinéaste, une fluidité dans ses déplacements qui confère à la Toscane environnante, à ses personnages, ses pierres, et ses couleurs encore plus de beauté et de charme. Le spectateur peut s’y laisser bercer, comme je me suis laissé guider par cette visite dans le musée toscan.

La retenue toute britannique de notre héros (William Shimell,  un chanteur d’opéra pour la première fois à l’écran) heurte à peine le bel ordonnancement de cette architecture cinématographique. Il est dans son rôle, sceptique et distant, face aux contingences de ce bas monde. Monsieur reste un intello.


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