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It’s great when you’re straight… Yeah !

Publié le 20 mai 2010 par Cuttingpapers

Chronique It's great when you're straight... yeah - Black grape
On pourrait se dire que les CD sont un peu comme des fringues. Il y a des albums que l’on écoute uniquement l’été, d’autres dévolus exclusivement aux mauvais jours…
Avec ce beau soleil qui revient réchauffer nos contrées, je suis donc allé ressortir mes albums feel-good.

Parmi ceux-ci, il y en a un d’actualité. De manière tordue et bancale, mais d’actualité quand même.
En effet, l’album dont je vais vous parler a sur sa pochette un visage que vous avez sans doute croisé ses dernières semaines : celui de Carlos.
Car c’est bien sa binette pop-artisé qui s’étale sur la pochette de It’s Great when you’re straight… Yeah des Black Grape. Un album sortie un peu plus d’un an après son arrestation…
Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça.
Cette digression casse-gueule passée, revenons-en à nos moutons et rentrons dans le vif du sujet.

Sous ce titre assez imposant se cache le premier album des Black Grape donc. Les restes « essentiels » de la dissolution des Happy Mondays, groupe iconique de Madchester (j’y reviendrai sans doute un jour, mais en attendant, je vous laisse aller vous instruire grâce à wikipédia), à savoir Shaun Ryder (chanteur et parolier) et Marc ‘Bez’ Berry (qui ne fait rien dans le groupe hormis danser et jouer des maracasses).
Pour faire simple et court, les Happy Mondays explosèrent à cause des (gros) problèmes de drogue de Ryder, et de divergence pécuniaires. Ryder fut pour ainsi dire laisser pour mort, aux vues de son état, et personne ne pensait vraisemblable le fait qu’il puisse un jour revenir faire de la musique…

Ce qu’il a pourtant fait et de très belle manière.
Avec son comparse fêlé et un rappeur nommé Kermit.
It’s great… est un album vivant. Un album joyeux. La somme des élucubrations, des influences et du talent de Ryder.
Car l’homme est un trublion cool, qui sait mettre en place des mélodies sur lesquelles on a instantanément envie de danser ou de s’évader, avec des paroles qui mêlent culture de caniveau, non-sens, références aux drogues, grivoiseries parfois, et pas mal d’humour.
C’est bien simple, l’album est un joyeux bordel… parfois surréaliste mais extrêmement maitrisé. Et c’est là ce qui fait tout son charme.

Le groupe parvient à développer des mélodies pop accrocheuses, des ambiances, qui rentrent immédiatement dans le crâne en ayant recours à pas mal d’expérimentations.
On retrouve donc sur quelques morceaux de l’harmonica (Reverend Black Grape), sur un autre du sitar (In the name of the father) ou du saxo (Little Bob), se mêlant assez harmonieusement avec des grooves dance, des rythmiques hip-hop, reggae parfois le tout sur une seule piste.
Une partouze instrumentale ou s’ébattent en toute impunité guitares, platines, boîtes à rythmes, et guests inattendus.
Toute la magie est là. Ce qui aurait pu être une bouillie sonore informe devient un objet à usage multiples sur lequel on peut facilement revenir prêter l’oreille pour en découvrir les multiples couches.
On peut l’écouter au casque, où à fond dans son appart’ (d’ailleurs que ce soit au casque où sur chaine, l’album est à écouter à fond pour absorber le maximum de sa substance), il y aura toujours un petit truc qui fera tiquer. Un accord, une nuance placée ça où la, une harmonie ou un arrangement que l’on attendait pas et qui vient vous sortir de la transe extatique dans laquelle vous vous trouviez plongé.

Parlons-en de ces transes extatiques. A big day in the north est à ce titre irrésistible. Nocturne, irréel, avec ses saxos lancinants et son beat hypnotique, couvert par le chant planant et parfois halluciné de Ryder. Une bizarrerie sexy, dans laquelle on trouve des phrases surréalistes déclamées en français par une demoiselle d’une neutralité glaçante, ainsi qu’une phrase du refrain chantée dans la même langue par Shaun (« Un grand jour pour le Nord – Amour« ).
Le type même de la chanson qui vous reste accrochée un bon moment dans la tête. Conne, mais envoûtante. Terriblement.

Bon, il est vrai que je suis assez élogieux, mais il serait quand même présomptueux de dire que cette échantillon de drogue déguisé en CD est exempt de reproche.
En effet, deux morceaux sur les 10 peuvent être zappés. Kelly’s Heroes et Shake your money, un peu en deça du reste.
Non pas qu’il soit franchement mauvais, mais sur ces deux coups, Ryder et sa bande semblent plus meubler qu’autre chose rendant les morceaux cités un peu fade…

It’s great when you’re straight est assurément un merveilleux compagnon pour l’été.
Le type d’album dans lequel il est délicieusement bon de se plonger, voire de couler complètement.
Un objet bizarre sur lequel il fait bon s’oublier un moment, délivrant une substance vénéneuse et hédoniste, la même qui faillit avoir la peau (et l’esprit) de Shaun Ryder et qui suinte ici au travers des enceintes.
Hautement recommandé…

Et cette fois, je vous mets l’album en intégralité…


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