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Les titres aussi, c'est chiant.

Publié le 26 avril 2010 par M.
Toujours, ça commence avec un détail, ici c'est le grésillement de l'halogène ; il se glisse, veule, dans les tympans et te grille les neurones au passage, c'est comme une odeur de plastique brûlé plaquée à l'intérieur de toi, quelque chose auquel on échappe pas même en cessant de respirer, et ma tête a enflé, enflé, jusqu'à siffler comme un ballon ouvert. Jusque là je me disais tiens, c'est marrant, je continue encore, et j'ai même failli croire que j'étais finalement venue à bout de ma stratégie de l'échec mais c'était trop beau pour être vrai hein, ça reflue dans ma poitrine comme une marée sale où toutes les sardines sont mortes, c'est toujours la même chose, faudrait tout brûler parce que j'y crois pas, et que c'est vraiment trop humiliant de se planter. Enfin, c'est ce qu'ils me disent. Les nerfs, les sarcasmes poussifs, les reliquats hautains de l'enfance, peu importe qui, c'est ce qui est dans ma tête maintenant et qui n'y était pas il y a trois minutes. La peur de l'échec, c'est ce qui résiste le mieux face aux années traversées, tu sais pourquoi, parce que la perte engendre la honte, et la honte retourne toutes les scies dans les plaies, et pourtant c'est encore une valeur fausse, pas vrai. Appelons ça des faux contacts. Appelons ça, soubresauts d'orage dans un ciel bleu. C'est crispant cette façon de se braquer toujours au milieu de nulle part, sans un accroc à l'horizon. C'est épuisant de voir passer le temps qu'on perd juste sous son nez, sans réussir à décrocher les ongles du tapis de chair. J'vous jure, offrez moi des nouveaux nerfs, ou va falloir envisager la leucotomie. La trépanation. N'importe quoi. Un truc que j'aurais pas encore essayé pour ruser mon geôlier intime, et crois moi il ne reste pas grand chose. La bête est coriace, elle est gluée à moi comme une stupide tique et elle pompe, maintenant à moins de boire du white spirit je ne vois pas, sauf si quelque part en France ça vend de la confiance en promo. Tout ce que je balance d'objectif mes oreilles le transforment en poison, bon écoute, écoute moi bien, stop. Il n'y avait pas de problème jusqu'à ce que je crée un obstacle, et c'est encore ma gueule sur la barricade, je veux dire, il faudrait vraiment que ça se décide à pousser un coup dans ma cage thoracique, ça fait vingt ans que ça stagne au fond, avec les algues. Mon petit boulet noyé qui de temps en temps tousse un coup. Racle le sol de ses talons pointus, mais jamais, au grand jamais, ne se décide à crever la surface, éclater la lumière, faire péter les feux d'artifices. J'ai éteint la lumière et j'essaie de nouer les muselières, je suis pleine de monstres ouais, ils ont la nuit dans la bouche et ils la remâchent comme si c'était du foin, mais je ne peux quand même pas déclarer forfait. Ils valsent ces bâtards, en répétant que tout est nul comme s'ils allaient réellement gagner, valsent en froissant mes carnets, et moi je leur dis que. La valse c'est pas fait pour eux, et je vais, comme une godiche, sur la piste à contrecœur avec mon balai merdique. Des fois quand même je me demande, qu'est ce qu'on va faire de moi ? (Un sympathique oreiller conceptuel, sans doute.)

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