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Anthologie permanente : Henri Simon Faure

Par Florence Trocmé

où le point de rencontre des deux branches de la croix 
août ne fut est sera cette année-là qu’un mois terrible 
avec des jours plus noirs que des nuits quand midi quand l’aube 
quand le crépuscule pendant lesquelles nuits j’expire 
pendant lesquels jours j’inspire je soupire et transpire 
je respire mal vingt-quatre heures durant j’aspire à 
poitrine dégrafée cœur nu qui bat la démesure 
que je me dégage enfin de cette intrigue amoureuse 
qui m’a piégé bête sauvage n’y ayant pris garde 
par le travers d’une si folle errance en luberon 
silence j’examine la situation silence 
que mes poèmes la solution de moindre assistance 
les êtres humains me firent énormément défaut 
dont elle qui je faisais un pas reculait de deux 
et les branches de la croix à chaque fois oscillaient 
que j’eusse été ravi qu’elles trébuchent sur ma gueule 
déjà bâtie de travers elle eut été corrigée 

nuit de pleine lune 
tu devais venir 
car c’était promis 
j’avais bu pourtant 
je me tenais droit 
comme un i et mieux 
au haut du rempart 
où j’étais le point 
que tant de poètes 
n’ont fait que chanter 
et que faire d’autre 
mais à moi aussi 
tu t’es dérobée 
mon texte est bâtard 
qu’ils daignent le lire 
ceux qui vont souffrir 
tout en rigolant 
me zieutant de haut  
de me voir bien bas 
tout en palabrant 
me zieutant de bas 
de me voir bien haut 
qui toi l’horizon 
… 
 

in où le point de rencontre des deux branches de la croix, vol.3 (pp. 13/14) 
 
 

 
où le point de rencontre des deux branches de la croix 
ouais ce poème si on peut l’appeler un poème 
mais poème parce que moi je l’appelle poème 
ce poème dérive au large il est mon testament 
il résume à ce jour bien tout ce en quoi j’ai semblé croire 
et pourtant il efface tout mon inepte passé 
d’une gomme d’encre crayon par laquelle je m’acharne 
ma ô carcasse était solide elle tremble déjà 
ma tête se détourne des couleurs de l’avenir 
mes mains tiennent la plume encore pourtant elles tremblent 
s’agrippent à l’une des trois machines à écrire 
à quoi bon persister on te refoule de partout 
tu as choisi l’écriture inutilité suprême 
car plus personne dans notre société ne sait lire 
et pourtant ta dernière espérance on dirait atteinte 
t’être fait superbe cataloguer homme de lettres 
dans les pages jaunes annuaire des téléfones 
de la loire but atteint maintenant tu peux te taire 

le premier état de mon poème 
disait tout précision effarante 
angoisse sombre du ridicule 
poète de la peine à s’y faire 
car sinon tu ne serais pas poète 
et la morale de l’amorale 
et l’amorale de la morale 
patauge dans les lieux communs frère 
la société hein reconnaissante 
de tes dires malsains qu’elle étouffe 
été bousculé sans m’y attendre 
dans le présent monde sanguinaire 
des chantres de la chose amoureuse 
quand plus tard je me suis rendu compte 
que l’affaire n’était pas simple 
eux qui travaillaient avec leur tête 
l’apport du sexe étais sous-jacent 
j’ajoutais le poids de ma carcasse 
je me voulais complet envers cette 
fille tailleur juif complet trois pièces 
encore l’audace m’a perdu 
ne me rétracte pas ma queue si 
regrette rien si mes amygdales 
que sur l’éclaircie providentielle 
l’ombre planer je ne brille plus 
autour de moi on se sent à l’aise 
autour de moi je vis dans le monde 
qui chante gloire au père éternel 
dès que je mouche un mauvais coup bas 

et au refrain 
pendant ce temps 
l’autre zieutait 
pur la madone 
mais n’osant pas 
trop l’approcher 
il se tapait 
sur la colonne 
ah nom de dieu 
ce qu’il s’est fait 
profond couiller 

sache 
que 
j’ai 
pour 
toi 
aus 
si 
peu 
d’es 
ime 
que 
tu 
en 
as 
pour 
le po 
ète 

dans la première partie dite partie blanche 
de ce poème où je résume mes croyances 
maintenant foutue au feu purificateur 
j’avais mis le paquet je disais ma souffrance 
mais dans la partie noire j’exulte hosanna 
esprit âme cœur sont redevenus sereins 
je ne raconte plus cette dernière affaire 
que comme une bien bonne histoire à raconter 
entre commis voyageurs 
gourmands de gaudriole 
 
 

in où le point de rencontre des deux branches de la croix, vol.6 (pp. 35 à 37) 
 
 
par Jean-Pascal Dubost 
 
Bio-bibliographie d’Henri Simon Faure 
 
 
 
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