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Comment voler cinq toiles au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris: le modus operandi était dans Lunettes Rouges

Publié le 21 mai 2010 par Marc Lenot

Mode d’emploi du vol : d’abord déjouer le système d’alarme :
renaud-auguste-dormeuil-video-mamvp.JPG“Dans Excuse de provocation (à la galerie Filles du Calvaire en janvier 2007), Renaud Auguste-Dormeuil nous proposait, par le biais d’un audioguide fictif, une visite guidée du Musée d’art moderne de la ville de Paris, visite ne s’intéressant qu’aux dispositifs de sécurité et de surveillance, plus omniprésents qu’on ne le croit (voyez l’oeil électronique sur cette photo de l’entrée du MAMVP). C’est caustique et distrayant, et ça fait réfléchir, bien sûr : qui nous surveille ?” 

Ensuite, contourner la vidéosurveillance :

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Francis Alÿs, très attentif à la vidéosurveillance dans Londres, montrait en octobre 2005 à la National Portrait Gallery, une installation vidéo, Nightwatch, où on voyait, sur vingt caméras de surveillance dans les galeries de portraits du Musée désert, un renard errer la nuit de salle en salle. Sur les parquets vernis, au pied des portraits majestueux d’hommes et de femmes de pouvoir, le renard explore le territoire, infatigable, en reconnaissance. Il apparaît sur un des écrans, en sort, on tourne la tête, on cherche sur quel écran il va apparaître, on bâtit peu à peu une configuration mentale des lieux grâce à lui, c’est comme un jeu, il nous manque, où est-il donc passé ? C’est aussi comme une chasse : le renard en liberté sous les portraits des aristocrates anglais qui l’ont chassé à courre. Au-delà de son humour, cette œuvre est une réflexion sur l’omniprésence des caméras de surveillance (d’ailleurs bien visibles à la National Portrait Gallery) auxquelles nul n’échappe.”

Et enfin, échapper aux gardiens :

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“Deux gardiens d’un musée de Seattle, un Blanc et un Noir, devant leurs écrans de contrôle, quelque part dans les bas-fonds du bâtiment, nous observent, visiteurs insouciants dans les salles du musée; et nous, visiteurs attentifs de la galerie (Michel Rein, avril 2008), nous les regardons. Cet espace panoptique, ce lieu d’où tout se contrôle, est devenu dérisoire, banal, ouvrier. Les deux écrans bleutés ne deviennent visibles à nos yeux que quand nous nous interrogeons sur la finalité de ces deux hommes, sur leur utilité. Les deux acolytes se sont approprié la pièce en couvrant chaque espace disponible d’une multitude d’affiches, de photos, de bonshommes rouges ou verts et de petits machins pendus au plafond, enfantins, drôles et dérisoires. Cette peur du vide, de l’espace blanc est presque monstrueuse. Ce décor pseudo artistique (l’un est poète, l’autre fait des BD, nous dit-on; évidemment, leur art ne les nourrit pas, ils doivent avoir un petit job, on s’acquiert ainsi à bon compte la sympathie de tout le monde artistique jeune et galérant) rend l’espace familier, proche, gentil. Le propos d’Allan Sekula est souvent de montrer des hommes au travail, au service d’un discours politique, mais ici c’est la composition qui fait l’intérêt principal de cette photo : éclairage, plafond bas, hommes obscurs, tout un chacun retrouvera plus ou moins consciemment la même sensation de gêne et d’étouffement que devant l’Homme invisible, alors que tant la technique que le propos de Sekula sont aux antipodes de Jeff Wall.”

Ceci dit, toute ma sympathie à l’équipe du Musée et à son directeur, dans cette difficile épreuve.


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