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Audiard et son film-prophète malgré lui ?

Par Sergeuleski

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Le titre du dernier film du réalisateur Jacques Audiard Un prophète, un tantinet démagogique sur un plan communautaire, voire ethnique, est très certainement destiné à surfer mais... à contre courant, sur la vague anti-musulmane, ou plus particulièrement... islamophobe puisque rien dans le scénario de ce film ne justifie vraiment une telle Annonciation et un titre aussi alarmiste.

Et bien que ce film ne soit somme toute qu'une curiosité de très bonne qualité (Audiard est plutôt coutumier du fait ; un des rares en France ; et c'est déjà ça !) car il lui manque ce qu'il manque à 95% d'entre eux, aussi saurons-nous nous montrer magnanimes : sur un plan métaphysique, une transcendance qui hisserait artistiquement (et pas seulement au sens esthétique) Un prophète au-dessus de son propre sujet  - ce qui nous serait donné à voir, à entendre et à comprendre ne serait alors pas simplement ce qui faut voir, entendre et comprendre -, pour mieux entrer dans une autre dimension quasi insoupçonnable : celle qu'un montage dévoilera à la grande surprise du réalisateur maintenant stupéfait.

Tous les grands cinéastes n'y échappent pas (et les spectateurs non plus ; témoins) ! Fellini, Coppola, Cassavetes... dont les films se sont avérés bien plus grands qu'eux-mêmes qui les ont réalisés.

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Tahar Rahim dans Un prophète


Non ! L'intérêt de ce film est ailleurs.

Un prophète a l'immense mérite - et c'est sans doute là qu'il faudra chercher la justification du titre du film - de nous révéler un acteur : Tahar Rahim... non pas dans ce qu'il est (le film lui accorde un rôle plutôt ingrat) mais dans ce qu'il sera si le cinéma lui prête une longue vie.

Entre Al Pacino et de Niro, au même âge (plus proche de nous géographiquement et culturellement : Delon  - années 50 et 60) - impossible toutefois d'anticiper de quel côté, à la maturité de l'acteur, la balance penchera, même si l'on sera tenté de trancher en faveur d'Al Pacino car, il en a potentiellement "la classe" (une fois rasé de près !) et l'intensité : accidentellement sans doute, certains plans furtifs nous le suggèrent...

Et pour peu que le cinéma lui offre des rôles à sa hauteur, Tahar Rahim devra trouver au plus vite son Coppola.. (et non un sous-Scorsese ou de Palma - les originaux jouissant déjà d'une réputation plus qu'usurpée entretenue par une critique paresseuse, complaisante et aveugle)...

Et là, on peut craindre le pire étant donné l'état du cinéma français.

***

Lucides, empressons-nous de ne formuler qu'un seul souhait : pourvu qu'il ne tombe pas entre les mains d'un Olivier Marchal ou d'un Jean-François Richet réalisateur de Mesrine.

Et c'est déjà énorme.

Aussi...

Bonne chance à vous, Tahar Rahim, après ce film-prophète, puisqu'il vous aura révélé !

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