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115. Uptown/Downtown

Publié le 22 mai 2010 par Dylanesque
 Un vrai délire d'adolescent torturé. J'étais seul dans le jardin, je me suis allongé dans l'herbe, et dans mes oreilles, c'était Jim Morrison qui murmurait que c'était la fin, mon seul, c'est la fin. Je n'avais pas posé mes pieds dans l'herbe depuis longtemps, c'est une chouette sensation. Et puis le vent s'est levé, il a fait trembler les feuilles au dessus de ma tête, il a fait s'envoler quelques oiseaux et je suis parti dans un délire. Pourtant, j'avais rien fumé, ça fait longtemps que j'ai rien fumé. Mais la manière dont Morrison se la joue grandiloquent, avec un texte incantatoire de bas étage, m'a transporté. J'ai beau dire, en fait, j'aime beaucoup les Doors. 
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Quand j'ai hérité du tourne-disque de mon père, j'avais seize ans, et "L.A. Woman" fut l'un des premiers joyaux de ma collection. C'est très rapidement devenu l'album du groupe que je préfère. C'est le plus sombre, le plus bluesy, même si pas forcément le plus consistant. Enfin la consistance, ce n'est pas non plus ce qu'on va chercher avec eux. Je ne sais même pas ce qu'on peut bien aller chercher chez les Doors. Les premiers albums pyschédéliques me fatiguent quand je ne suis pas d'humeur, et à part quelques titres comme "People Are Strange" ou "Soul Kitchen"  à l'occasion (ah et "You're Lost Little Girl" qui me hante parfois), je ne m'en approche pas trop. Mais "L.A. Woman", je l'ai écoute en boucle cet album. Et en ce moment je m'y replonge. Un album de dépression qui me redonne la pêche...
Je mets le son à fond (mes voisins sont en vacances), et je gueule. Je gueule en essayant d'imiter l'autre fou. Je me tortille sur "Changeling", ça me fous dans une transe pas possible. Je donne des coups de poings dans mon matelas "'cause I've been down so god damn long, that it looks like up to me". Et je hurle à la fin de "Cars Hiss By My Window". Je hurle et je me roule par terre. Ouais, ça me fait un effet dingue, alors que franchement, les Doors, quand je suis pas dans l'ambiance, ça m'exaspère. Cet album finit par vous rentrer dans la peau, c'est très puissant. Et on oublie l'aspect idiot du truc, on prend Morrison pour un Dieu le temps que l'envoutement disparaisse. 
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Y a donc eu ce moment dans mon jardin avec "The End", mais le plus grand souvenir que j'ai des Doors, c'était en Autriche, l'été dernier. Vous savez, ce voyage que j'ai fais en Europe ? Oui, je vous le raconterais un jour, c'est prévu, c'est en cours, j'écris. Ce jour-là, j'étais hebergé par une bande de hippies (et pour une fois le mot est correctement utilisé) vivant en communauté dans une vieille baraque à plusieurs étages. J'ai passé une semaine là-bas, à m'imprégner de leur univers, à cuisiner, coudre, chanter, rire avec eux. Une fois, j'ai voulu arroser les plantes de la baraque, ça m'a pris une journée. Et je dormais tous les soirs dans un hamac, sur le grand balcon, avec vue sur les Alpes. Donc oui, l'un deux avait mis un disque, c'était "L.A. Woman" et je me suis dis, bon, tant qu'à mettre les Doors, autant que ce soit mon préféré, merci. J'étais dans mon hamac, prêt à faire la sieste (et à l'époque je fumais, oui, oui, oui). Soudain, un putain de gros orage éclate, des éclairs s'abattent aux sommets des montagnes, une averse débarque sans prévenir. Timing parfait, l'intro de "Riders on the Storm" débute à ce moment précis. Je ne bouge pas le petit doigt. Je suis scotché à mon hamac, la chanson s'étire sur sept minutes et j'admire le spectacle. Un des moments les plus parfaits que j'ai jamais vécu. 
Tout ça pour vous dire que, un peu malgré moi, j'ai replongé dans les Doors. Ce ne sera jamais un groupe que j'adore, ce sera toujours le groupe qui me tombe dessus sans prévenir. Et quand il débarque au bon moment, c'est l'extase. 
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