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Gravé dans le dentier

Publié le 25 mai 2010 par Ruminances

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Il est des jours où l'obsession pathétique du monde m'abandonne, cédant sa place à une non moins pathétique flemmardise. J'assume le fait sans mauvaise conscience. Le pire-que-pire est aussi une donnée philosophique dont je tire substance.

Je sommeillais à l'ombre de mon cerisier, ça prend de l'ampleur ces bestioles - et solide avec ça ! -, le regard mi-clos, suivant le camaïeu du gazon jouant avec mes pupilles à je ne sais quelle magnifique et vague nuance. Un temps estival et un silence absolu. Le quartier dormait ou suivait devant l'écran la quinzaine de Roland Garros qui démarre avec le tintamarre habituel.
Je venais de lire dans le Nouvelobs quelques pages sur « le pouvoir intellectuel », les fameux débats du magazine papier glacé. Je vous le dis tout net : on n'est pas sorti de l'auberge ! Finkielkraut m'insupporte. Mais il n'est pas le seul.

Pas mal de choses me sont insupportables en ce moment.

Je laissais la brise me parcourir à sa guise. C'était très agréable. J'entendais le bourdonnement des abeilles butinant les fleurs - des survivantes ? - comme la promesse d'un sursaut salutaire pour l'espèce et pour notre équilibre.

Dans une situation normale, aujourd'hui, lundi de Pentecôte, je devrais travailler. Consacrer ma journée de labeur aux plus vieux. Contribuer à apporter ma quote-part à l'effort national, pour le bien de tous, aujourd'hui et demain. Or, sur ce coup, ainsi que sur beaucoup d'autres, j'en lis des bonnes !

Suite à la canicule d'août 2003, où nos vieux sont tombés comme des mouches, le gouvernement Raffarin avait sanctifié ce jour, obligeant les entreprises et les salariés, avec moult snif-snif, à offrir leurs efforts à nos grabataires. La nation reconnaissante vous revaudra ça. Nous nous devions d'aider à les sauver comme jadis on avait sauver le soldats Ryan. On ne mégote pas avec les larmes de Margot.

Même si les personnes concernées (patrons et ouvriers) l'ont fait - dans la mesure où les ouvriers avaient un emploi -, que découvre-t-on aujourd'hui en lisant la presse ? Oh, rien de bien nouveau à l'ouest des arnaques ! Sinon que l'argent récupéré pour les vieux depuis l'instauration de cette journée de la solidarité a été détourné.

C'est l'association AD-PA (directeurs d'établissements pour personnes âgées) qui accuse l'État d'utiliser l'argent généré par cette journée de la Solidarité à d'autres fins.

Si les vieux veulent s'en sortir, ils n'ont qu'à vendre leur dentier au rabais aux pays du tiers-monde ! Mais chut ! Ne soyons pas indignés, ça n'en vaut pas la peine, car bientôt un gros manitou de la technocratie, interrogé par un médiocrate de la bonnette, viendra nous prouver par A plus B que nous ne sommes que des tristes béotiens à l'insatisfaction permanente, prompts au coup de gueule et à la calomnie.

Malgré ses démentis répétés, le gouvernement est dans la purée. En plein dans le débat sur les retraites et les rumeurs insistantes selon lesquelles tout serait déjà réglé dans les anti-chambres (on n'attend plus que le départ en vacances des français pour conclure), que voulez-vous, messieurs les énarques et séides de tout poil, que l'homme de la rue pense sur la façon que vous avez d'arranger vos magouilles ?

Ajoutons à maquignon, incompétent et le portrait sera fidèle.

Venez après ça expliquer au voisin d'à-côté – qui n'a rien d'un gauchiste – et qui vote souvent bizarre, que tout ça relève de la pensée communiste ou, terme en vogue, d'un comportement mélenchoniste !


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