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Une biennale chez les gens

Publié le 25 mai 2010 par Lifeproof @CcilLifeproof

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Combien de fois me suis je retrouvée, à la sortie d’une galerie, en train de me demander si les expositions sont, dans l’ordre (qui change selon l’humour) : des moqueries, trop conceptuelles, prétentieuses, élitistes, inutiles, autoréférentielles… et plein d’autres qualificatifs plus ou moins positifs. La vérité est que, la plupart des fois, ce qu’on voit dans les musées et surtout dans les galeries, ce sont des « produits » qui n’ont pas besoin de public (comme je vous l’ai déjà raconté ici).

Pour une fois, en visitant la Biennale de l’Art de la Lumière, j’ai dû revenir sur mon opinion.

Un petit résumé sur cette toute nouvelle manifestation dont la première édition a eu lieu dans différentes villes de l’est de la région de la Ruhr, en concomitance avec la Capitale Européenne de la Culture. Le curateur de la première Biennale Lichtkunst, M. Wagner K., a choisi une formule très particulière, et j’oserais dire, presque courageuse : une « exposition » d’oeuvres d’art qui emploient la lumière comme medium, non pas dans un musée, ni dans une galerie ou un espace d’exposition, mais chez les gens, dans leur maisons. Ce n’est pas la première fois que cette formule est adoptée, le premier curateur l’ayant « inventée » est le belge Jan Hoet à l’occasion de l’exposition "Chambres d’amis" en 1986, a Gent.

 

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Egill Saebjornsson, 2010, dans le grenier de M. Milk, Hamm © Stefan Müller

Voilà donc le mode d’emploi : en achetant son ticket, on reçoit un plan avec toutes les adresses des gens qui accueillent chez eux une oeuvre, au total 60 personnes divisées en six villes (Unna, Bönen, Fröndenberg, Hamm, Lünen, Bergkamen). Puis on peut décider de faire le tour en voiture ou en bus (le prix est compris dans le ticket d’entrée), en faisant attention à la date : les jours pairs les trois premières villes, les jours impairs les trois dernières.

Morellet lichtkunst

François Morellet, Lamentable, 2006, dans la grange de la Famille Middendorf, Bergkamen, Courtesy: Galerie M, Bochum, photo: Sabine Schirdewahn

Le résultat est époustouflant : même si les pièces ne sont pas toujours extraordinaires (mais très peu m’ont déçue), elles sortent enrichies, métamorphosées par cette nouvelle dimension de monstration : elles ont beaucoup plus de choses à nous dire. Il ne s’agit plus d’objets placés au beau milieu d’un white cube (en language technique on appelle comme ça la galerie classique, un cube blanc), accompagnés d’une légende et d’un communiqué de presse. Ce sont des objets vivants, qui dialoguent avec les gens qui cohabitent avec eux pendant deux mois et avec le public qui les voit en visitant les lieux. Ils habitent les lieux, d’où ils tirent d’autres significations.

On ne parle pas que d’art contemporain dans cette biennale, loin de toutes les autres biennales glamour du monde : il y a le côté sociologique qui est partie intégrante de ce projet. On découvre des nouveaux artistes et nouvelles pièces, on réflechit sur le contexte d’une oeuvre d’art, comment elle change par rapport au lieu qui l’abrite, mais on rencontre aussi des gens ! Finis les musées desertés, les expositions qui ne vivent que le soir du vernissage ! Ici les gens ont un vrai plaisir à recevoir les visiteurs, ils ouvrent leurs portes en souriant, ils font une véritable médiation culturelle, en racontant leur relation avec les artistes qui ont travaillé dans leurs maisons pendant une ou deux semaines. Bien sûr, il y a ceux qui sont enthousiastes, ceux qui sont juste satisfaits et ceux qui sont déçus. Mais en général, la réponse est très positive et en tout cas l’accueil est des meilleurs.

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Dominik Lejman, installation dans la cave du Gasthof Timmering, Bönen, © Stefan Müller

Quelques exemples ? Comme dans les meilleures série télévisées, rendez-vous au prochain épisode !

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La Biennale Lichtkunst est ouverte tous les jours de 10h à 18h. Les jours impairs on peut visiter les installations dans les villes de Hamm, Lunen et Bergkamen, les jours pairs Unna, Frondenberg et Bonen.

Les billets coûtent 15 euros et sont valables pendant toute la durée de la Biennale, ainsi que pour les Lichttouren en bus et l'entrée dans le Centre International de l'Art Lumineux, à Unna (je vous en ai déjà parlé ici). Malheureusement, il ne reste que peu de jours pour visiter la Biennale, qui ferme le 27 mai 2010.

Pour plus d'informations, consultez le site internet.


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