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J'veux de l'amour ! - Luna Miguel & Antonio J. Rodríguez - Exhumación (Alpha Decay - 2010) par François Monti

Publié le 26 mai 2010 par Fric Frac Club
J'veux de l'amour ! - Luna Miguel & Antonio J. Rodríguez - Exhumación (Alpha Decay - 2010) par François Monti Est arrivé dans ma boîte il y a quelques semaines un petit livre tout fin signé par Antonio J. Rodríguez et Luna Miguel. Lui, c'est un critique solide. Elle, c'est une jeune poétesse qui commence à avoir au compteur pas mal de publication. Très curieux de voir ce que leur collaboration donnerait dans le domaine inédit de la prose de fiction, j'ai rapidement lu le texte. Je pourrais parler de l'écriture à quatre mains et de la dynamique très réjouissante de leur style, je pourrais parler du sens que peut avoir le cadre choisi (un club madrilène), je pourrais parler de ces jeunes gens nés à la fin des années '80 (voire même en 1990 !) mais cette note deviendrait un article en bonne et due forme et, s'agissant d'un volume de 55 pages, je préfère aller directement à ce qui, parmi plein de bonnes choses, m'aura le plus plu. Ce n'est pas une révélation : la révolution sexuelle, la libéralisation des mœurs a importé la logique capitaliste dans le domaine des relations intimes. Houellebecq le disait déjà… Face à ce constat neutre (sa charge négative ou positive dépendant entièrement du positionnement de la personne concernée), il semble souvent qu'il n'y a que deux options : le repli conservateur ou la célébration de l'hédonisme de marché. Il y a, comme toujours, une voie intermédiaire. Dans la vie de tous les jours, c'est souvent la plus fréquentée et c'est pourtant la moins célébrée artistiquement et médiatiquement. L'histoire de relation lesbienne présentée par Miguel et Rodríguez dans Exhumación emprunte ce chemin d'un amour monogame tout ce qu'il y a de plus « normal » sans qu'il s'agisse d'un rappel à l'ordre. On pense logiquement aux essais d'Eloy Fernández Porta où il ne s'agit ni de célébrer ni de rejeter le marché : après un XXe siècle où l'on est revenu de tout, il est bon de savoir, il est beau d'espérer que la littérature du 21e sera celle qui se déplace entre les lignes, en dehors d'une attitude partisane motivée par le strict besoin de réagir aux propositions que l'on estime dominante. Sous ses atours festifs, juvéniles et bondissants, Exhumación, de par sa mise-en-scène d'une relation que la réaction trouverait antinaturelle (car entre deux personnes du même sexe) et que les canons du progressisme ludique trouveraient datées (car conventionnelle), nous présente ce qu'il faut bien appeler une vision politique et subversives des représentations du couple dans le cirque médiatique et culturel de ce début de siècle. Ça ne vaut peut-être pas dire grand-chose pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.

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