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Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, de Stieg Larsson

Publié le 27 mai 2010 par Onarretetout

leshommesquiComme celles et ceux qui m'ont parlé de ce livre, je l'ai lu en peu de temps, saisi par l'intrigue. Et je me suis demandé pourquoi. Les ingrédients de l'histoire, d'abord : le contexte social et politique qui est le nôtre, en ce début de XXIe siècle, la violence faite aux femmes dont on découvrira l'horreur peu à peu, les références à la Bible qui vont toucher à des choses profondes de l'inconscient collectif.

Le contexte, on s'y repère assez bien : trafics financiers, crise économique, mondialisation des échanges (d'abord l'Europe, puis le monde et ses paradis de la finance). Quand il est question de la « Bourse » (remarquez la majuscule !), par exemple, on peut lire : « (...) Il n'y a aucune économie et aucune production de marchandises ou de services. Il n'y a que des fantasmes où d'heure en heure on décide que maintenant telle ou telle entreprise vaut quelques milliards de plus ou de moins. Ça n'a absolument rien à voir avec la réalité, ni avec l'économie suédoise. » Sans doute, certains journalistes parlent encore aujourd'hui d'investisseurs quand les pratiques boursières s'apparentent plus au trafic et à la spéculation qu'à l'investissement (quoiqu'investir soit aussi un terme militaire). Mais Mikael Blomkvist, le journaliste de Millenium, veut dénoncer ces pratiques.

Les violences faites aux femmes, annoncées dans le titre lui-même, sont exprimées en pourcentage au début de chaque chapitre. « En Suède, 18% des femmes ont une fois dans leur vie été menacées par un homme. » - « En Suède, 46% des femmes ont été exposées à la violence d'un homme. » - « En Suède, 13% des femmes ont été victimes de violences sexuelles aggravées en dehors d'une relation sexuelle. » - « En Suède, 92% des femmes ayant subi des violences sexuelles à l'occasion d'une agression n'ont pas porté plainte. » De chapitre en chapitre, l'auteur révèle de plus en plus de cas de ces violences. Il lui arrivera même d'écrire : « On n'est pas dans un polar. » Alors, dans la réalité ?

Les références à la Bible où il est question de Dieu vengeur, à l'histoire des mouvements nazis, aux haines familiales, vont provoquer une sorte de rage dans l'esprit du lecteur. Rage partagée par tel ou tel protagoniste à qui le lecteur va s'attacher, et qui va donc l'entraîner dans la spirale. L'allusion aux extrémistes s'inscrit aussi dans une façon de montrer le monde contemporain héritier du XXe siècle, ce qui est conforté par l'histoire de la famille Vanger (sur qui va enquêter Blomkvist) dont l'essentiel se déroule à partir du début des années 1900.

La structure du roman, un récit s'encastrant dans un autre, n'en fait pourtant pas une forme originale. Il nous arrive parfois de vouloir dire à l'auteur ce qu'il fait dire à son héros : « Je te donne exactement trente minutes pour raconter ce que tu veux. » Mais il a toujours de bonnes raisons pour faire durer le suspense. Les titres de romans (ça va jusqu'à Enid Blyton, Le club des cinq !) répartis dans le livre font signe et donnent des indications sur la construction dramatique, sur la manière de mener une enquête romancée, même si les moyens techniques ont évolué. J'ai particulièrement apprécié la progression de l'enquête à travers la lecture des photographies. Et il y a ce personnage de Lisbeth Salander, une jeune femme asociale et géniale, asociale donc peu encombrée par les arrangements de la société, et géniale au-delà des règles.


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