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[Critique DVD] Mother

Par Gicquel

[Critique DVD] MotherLe film

4 out of 5 stars

Les bonus

3 out of 5 stars

EN DVD LE 2 JUIN 2010
Après MEMORIES OF MURDER et THE HOST,la nouvelle star du cinéma coréen récidive

« Mother » de Bong Joon-ho

« Vous m’ignorez royalement, mais vous savez, je reviens quand même du commissariat… ». Celui qui prononce cette phrase, très révélatrice de l’esprit du film a 27 ans. Il s’appelle Do-joon, il est loin d’être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement, ce qui rend sa mère anxieuse.

Elle est veuve et élève seule ce fils unique, que l’on accuse un jour du meurtre d’une jeune fille. Il est le coupable tout désigné, et ses aveux le confirment. Mais sa mère ne veut pas y croire. Comptant sur son seul instinct maternel, elle part à la recherche du meurtrier…

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C’est la véritable histoire de ce film extraordinaire, en ce sens qu’il sort de l’ordinaire. La trame est convenue, son traitement  a priori classique, et la mise en scène tout à fait cadrée pour un film qui se dit policier. Mais le point de vue du cinéaste qui s’attache uniquement, à celui de la mère, donne le ton. L’affaire est sérieuse, on est d’accord, mais ce n’est pas une raison pour en faire des tonnes. Bong Joon-ho alterne la comédie et la chronique sociale, au milieu d’une enquête plutôt tranquille. Les situations en porte à faux prêtent à sourire. Une impression renforcée par le regard qu’il porte sur ses personnages, on ne peut plus ambigus. Chaque fois, il les dédouble.

[Critique DVD] Mother

Simple d'esprit Do-joon vit à contre-temps, hors du temps

A commencer par nos héros bien évidemment et particulièrement cette mère volte face qui aime jusqu’à la folie et peut détruire de la même façon. Kim Hye-Ja très connue en Corée a ainsi été redécouverte dans son propre pays. «  J’avais  décelé chez elle une forme de tension unique, un côté noir » relève le réalisateur, «  quelque chose qu’elle n’avait jamais montré auparavant ».

Un contre emploi salutaire que le jeune Won Bin exploite à son tour très bien pour mener son rôle de demeuré aux confins du possible, sans jamais caricaturer la maladie, encore moins la moquer. J’ai pensé à quelques figures du genre comme le gamin de « Dodeskaden », un autre film magnifique de Kurosawa. (dans ce blog) Comme le réalisateur japonais, Joon-ho nous le rend extrêmement attachant, alors que tout son être n’est que sourde menace dans ce maelström.

On s’y perd avec bonheur, sans jamais s’égarer, tant l’écriture et la mise en scène s’accordent pour nous procurer ce bonheur de cinéma. Il y a des images très composées (l’ouverture est sublime) et sans crier gare, la caméra à l’épaule nous entraîne dans une course poursuite un peu vaine (piéton contre Mercedes), teintée du burlesque ambiant et d’une dénonciation sociale, qui à mon sens atteint des sommets avec l’avocat que l’on dit grand et puissant, et que l’on découvre dans une scène hilarante et très parlante, corrompue jusqu’en dessous de la ceinture.

Le film lui est au dessus de toutes ces contingences. En amalgamant les contraires, l’eau et le feu, l’outrance et la douleur, pétri de contradictions concordantes, il est extraordinaire. Pas banal, quoi !

[Critique DVD] Mother

LES BONUS
DANS LES COULISSES DU FILM (20 minutes)

Images de plateau, entretiens avec le réalisateur, les comédiens, le producteur,…  Ca n’apporte pas grand chose à la grandeur du film, sinon une réflexion intéressante de la directrice artistique sur l’importance psychologique de certains décors . On la voit déambuler dans le parloir et elle explique alors très clairement le choix différent de l’arrière plan sur la mère et le fils, et son implication sur la perception du spectateur.

[Critique DVD] Mother

Après quatre films, le réalisateur coréen a ouvert une nouvelle voie

MOTHER & BONG JOON-HO, par Jean-François Rauger (18 minutes)

Beaucoup plus instructif, ce regard critique et analytique sur « Mother » et les précédents films de BJH par Jean-François Rauger, critique de cinéma au journal Le Monde & Directeur de la programmation de la Cinémathèque française. Il évoque notamment , »un  lien maternel, qui relève de la pathologie, une passion maternelle poussée à l’extrême , jusqu’à  la folie, (…) et la folie c’est l’indifférence au réelle, c’est l’insensibilité, à la fois morale et physique  une idée déclinée pendant tout le film« .


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