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Sadat X : Wild Cowboys 2

Publié le 30 mai 2010 par Crazyhorus

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Donner une suite à un opus mythique a toujours quelque chose de risqué et de fondamentalement commercial. Si le milieu des années 1990 aura vu naitre de grands albums, les années 2010 s’inscrivent dans ce désir de prolongement, espérant à l’occasion renouer avec la ferveur qui accompagnait ces mythiques réalisations. En revanche, une telle annonce n’est pas sans double tranchant : franche réussite ou désastre assuré.

Pour Sadat X, l’effort paraît considérable, moins en raison du défit que représente la suite de son Wild Cowboys de 1996 (Loud Records), que de la période aride que traverse l’ex Brand Nubian ponctuée des échecs cinglants que sont Generation X et Brand New Bein’. Wild Cowboys 2 peut apparaître comme l’occasion de redorer le blason de ce vétéran bien rodé, ou plus tragiquement, une manière de confirmer un déclin irréversible.

Si le premier du nom avait su fédérer la crème des producteurs de la deuxième moitié des 90’s comme Dante Ross, Buckwild, Diamond D, Da Beatminerz, Showbiz et Pete Rock, ce deuxième galop bénéficie dans la forme tout autant d’attention à ce sujet (Pete Rock, Buckwild, 9th Wonder, DJ Spinna, Nick Wiz…). Album conceptuel, Wild Cowboys déployait un rap dans l’air du temps sous fond de western urbain affublé d’une cover qui fera date. Avec ce deuxième volume, force est de constater que les duels verbaux crépusculaires, les gâchettes sensibles et autres Doc Holliday modernes ne sont plus de la partie, au grand dam des inconditionnels de la première heure. C’est donc tout un imaginaire filmographique qui s’évapore, balayé vulgairement comme ces fétus de paille qui jonchent les rues poussiéreuses du grand ouest américain.

Changement radical, presque trop dirons nous. Délibérément orienté vers une atmosphère plus actuelle, cet opus semble avoir perdu l’originalité de son grand frère. Si cohésion il y a, elle est à chercher dans la platitude ambiante qui règne sur l’ensemble des titres. Des grands comme Spinna, Pete Rock et Diamond D ne parviennent malheureusement pas à injecter du neuf à ce qui ressemble plus à un vieux Colt rouillé qu’à une Winchester de premier choix… Seul Buckwild tel l’anti renégat, signe avec « Long Years » l’un des rares morceaux accrocheurs  en compagnie des anciens acolytes que sont Lord Jamar et Grand Puba.  Le salut ne viendra donc pas du côté des génies d’antan ou du recyclage de la boucle éthérée des Five Stairsteps sur « We Kewl » déjà entendue sur le classique « 2 Dope Boyz (In A Cadillac) » d’Outkast. Pire, Wild Cowboys 2 est condamné à l’errance la plus extrême, ballottant l’auditeur de médiocrités en médiocrités (« Return Of The Bang Bang », « Nuclear Bomb », « Pray », « Knock Me Down » etc.) l’obligeant à la stupéfaction devant autant d’insipidité.

Malgré la pléiade de MC de renom (A.G, Ill Bill, Vast Aire, Kurupt, M-1…), le projet ne décolle pas, à un tel point qu’il est presque tentant de réduire ce Wild Cowboys 2 à un simple effet d’annonce, à une suite sans panache dénuée d’intérêt. Pour Sadat X, la chute vertigineuse continue de plus belle. Mais « l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage » comme disait l’autre.

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