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FAZI Mélanie - Serpentine

Par Livrement

serpentineTitre : Serpentine
Auteur : Mélanie FAZI
Plaisir de lecture : liv4_copy 4. Livre à découvrir
¨˜"°º• Mélanie Fazi nous invite à plonger dans « Serpentine », un recueil composé de dix nouvelles.
Les textes sont relativement courts et le fantastique est présent à petites doses. Le format particulier qu’est la nouvelle permet ici, de capturer des instantanés de vie : nous n’y trouvons aucune aventure grandiloquente, mais de petits « arrêts sur image » où est photographié le surnaturel dans notre « quotidien ».
Mélanie Fazi nous accompagne à pousser une porte d’un salon de tatouage, à poursuivre des bêtises de deux cousins en vacances en Italie, à crier avec les fans pour la chanteuse Matilda, à lire sur tous les ponts le prénom Rebecca, à goûter des spécialités grecques… et bien plus encore.

¨˜"°º• Bien souvent le ou les narrateur(s) des histoires se révèlent être les personnages eux-mêmes.
Sans aucun doute, la part belle est pour la grande faucheuse… Mélanie Fazi nous présente cet étrange personnage sous toutes les coutures, selon différents angles de vue, passant quelques fois, même pour curieusement sympathique.
A la lecture, nous attendons que surgisse l’étrange de cette histoire, la surprise qui nous aura à tout moment. Pour moi, manifestement c’est une sensation glauque que je ressentirai tout à long de ma lecture. La mort à tout niveau, la noirceur et l’impression d’être sous tension n’y seront pas étrangers. 


¨˜"°º• Notons que la préface de Michel Pagel est un délice et une très bonne ouverture quant à cet ouvrage. La manière de se dépêtrer d’une rencontre avec un lecteur-écrivain est tout à fait charmante à découvrir.
Certaines nouvelles ont toute ma sympathie, comme ‘ Mémoire des herbes aromatiques ’ qui demeure ma préférée pour ce petit aperçu sur le restaurant grec tenu par Circé où Ulysse vient se restaurer et où il est servi par Médée. L’histoire a un côté léger, un peu décalé qui m’a beaucoup séduite. Le ‘ Petit théâtre de rame ’ a également réussi à me faire voyager, par le simple fait que j’aime également beaucoup les ambiances de métro et tout ce que nous pouvons « voler » aux gens rien qu’en les observant, un ou des lieux portant exquisément le nom de « théâtre ». ‘ Le faiseur de pluie ’ aura captivé mon côté enfant avec la remémoration et l’appel à mes propres souvenirs. Assurément, la manifestation de cet esprit de maison était l’élément « magique » qu’il me fallait. Enfin et non des moindres puisqu’elle m’aura presque tiré une larme, « Elégie » du le simple fait que j’aimerai tant que ce type d’aire d’autoroute existe vraiment…
A l’inverse, certaines nouvelles m’ont déplues, notamment ‘ Matilda ’ avec l’action collective qui, à mon avis, ne demeure un peu bancale, malgré une très bonne description des ambiances de concert ; et ‘ le passeur ’ qui m’aura passablement ennuyée, peut-être du fait que j’ai eu une impression de « déjà vu » quant au concept développé.
Les dix nouvelles présentes dans le recueil :
Serpentine
Elégie
Nous reprendre à la route
Rêves de cendres
Matilda
Mémoire des herbes aromatiques
Petit théâtre de rame
Le faiseur de pluie
Le passeur
Ghost Town Blues
¨˜"°º• Une lecture commune mensuelle sur ce livre lui a été bénéfique : je n’avais pas envie de me plonger dans la noirceur de « Serpentine » à tout bout de champ et ai apprécié de l’avoir sous le coude comme une lecture annexe. Je pense qu’il aurait également fallu que je picore les nouvelles comme je le souhaitais et pas forcément dans l’ordre des pages.
Il n’en demeure pas moins que la majorité des nouvelles m’a plue, a su m’emporter dans un autre univers mais pas littéralement me transporter. Et pourtant, j’ai beaucoup apprécié la fluidité de sa plume, les univers présentés. Il ne me reste donc à découvrir Mélanie Fazi avec l’un de ses romans !
¨˜"°º• Mélanie Fazi, bien que connue dans un premier temps en tant que traductrice l’est aussi en tant qu’écrivain français (née en 1976). Elle voue ses premières amours à la nouvelle pour ensuite proposer à ses lecteurs, des romans.
Serpentine est son premier recueil de nouvelles, il a gagné le grand prix de l’imaginaire en 2005 et la nouvelle ‘ Matilda ’ a reçu le prix Merlin catégorie « Nouvelles » en 2002.
¨˜"°º• Extrait
_ C’est Jonas qui m’envoie.
Et son regard incandescent, comme sous l’effet d’une flamme en lui rarement éteinte, s’est illuminé d’un degré supplémentaire. Le sourire du lutin s’est fait gourmand.
_ Tu viens pour la spéciale, c’est ça ? Jonas a dû t’expliquer qu’elle n’est pas à la portée du premier venu.
Oui, Jonas m’a parlé de ces encres qu’ils sont cinq à se partager. Chacun son art, sa façon de procéder, et un but commun pour les cinq. Il m’a tracé les grandes lignes du récit qu’allait ensuite me détailler Nikolai, ce premier soir dans sa boutique.
Et dans ce regard, comme plus tôt dans celui de Jonas, une lueur de défi à mon intention : maintenant, Joseph, essaie de me surprendre. Raconte-moi ton histoire.

Au moins affiche-t-il clairement son goût de l’artifice : l’épaule que dévoile son débardeur arbore deux masques de théâtre tatoués, l’un souriant, l’autre pleurant. Il ressemble à ces ados malingres au goût prononcé pour le mysticisme à deux balles. J’en ai connu beaucoup. Il partage avec eux une façon de s’affirmer contre le monde, jusque dans ses moindres gestes, à la différence près que lui semble conscient de la farce.
_ Installe-toi ici, dit-il en désignant un siège. Je vais chercher le matériel. Sa voix garde une trace d’accent assez prononcé pour être repérable. Il rebondit à la surface des mots dont il peine à épouser le contour exact. J’imagine qu’il n’a jamais cherché à se corriger. Tout en lui est affirmation, jusqu’à ce prénom qui claque comme un coup de fouet et s’achève sur une envolée, rappelant qu’il vient d’ailleurs.
Je le regarde s’affairer avec une souplesse et une précision qui ne s’acquièrent qu’à force d’exercice. Il a le goût du geste parfait, jusque dans la façon dont ses longs cheveux blonds, des cheveux de jeune fille, accompagnent ses mouvement tel un voile.
_ Attends de voir le motif : je suis sûre que tu vas adorer, me promet-il.
Puis il me tend le croquis réalisé d’après ses esquisses de l’autre jour. Il avait écouté patiemment mon récit, sans sourciller, sans faire mine de s’offusquer comme je l’avais craint tout d’abord. Imène avait raison : ces cinq-là sont prêts à tout accepter, pour la seule beauté du geste. Ils se plient aux demandes les plus invraisemblables. J’ai su alors que j’avais trouvé mon homme. Celui devant lequel je pourrais mettre ma conscience à nue sans crainte de jugement moral. Parce que sa tâche est au-delà, et que seul importait le défi. Et la pièce de choix que j’apporterais à sa collection.
S’il te plaît, dessine-moi une pulsion.
C’est lui qui m’a aidé à préciser ma demande. Il n’a pas dû y en avoir beaucoup, comme moi, pour lui offrir de travailler dans l’abstrait. A force de patience et de questions, il m’a soutiré l’essentiel, et au fil de mes descriptions instables et maladroites, lui traçait sur le papier de grandes lignes crayonnées, affinées peu à peu.

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lecercleatuan

La lecture de ce livre a été réalisée dans le cadre d’une lecture commune
avec le Cercle d'Atuan.
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Souvenir lié à ma lecture : Imaginer longuement, sous la douche, la scène finale magique de
‘ Le faiseur de pluie ’

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