Magazine Culture
On ne compte plus les films post-apocalyptiques, qui plus est lorsqu’ils se focalisent sur la survie d’un petit groupe de miraculés. Pas de zombies ici, ni trop d’effusion de sang mais une peur plus sournoise, celle du virus invisible et présent partout, celle de l’autre ensuite, ami hier, ennemi demain. Là où Infectés se détache du lot c’est dans un désir constant de toucher à l’intime et de poser d’abord le regard là où ça fait mal, ensuite les questions qui titillent les consciences: jusqu’où peut-on aller pour sauver sa peau et survivre ? Dans une surenchère terrifiante, le film rappelle au meilleur les errances et la psychologie froide de Boyle dans 28 Days Later, au pire certains teen movies décérébrés (notamment au niveau des dialogues). Sans style particulier mais avec l’audace d’une noirceur inattendue en poche, les frères Pastor réalisent une œuvre inégale mais poussée par des vents ambitieux, et parviennent- en quelques séquences bien senties- à glisser frisson et effroi dans un propos pessimiste et glacial qui a la bonne idée de ne pas se faire d’idées (justement) ni sur l’étendue de la méchanceté humaine (malléable, influençable, calculatrice, à l’instar du premier frère), ni sur sa nature animale (primaire, violente, irréfléchie, à l’image du second). Au milieu, deux figures féminines, un peu laissées pour compte, abandonnées, tour à tour puissantes, perdues, soumises, impitoyables. Une bonne (et tenace) représentation de l’espèce humaine, finalement.