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Palm Springs 1960, Robert Doisneau

Par Sophielit

Voici un beau livre. Un bel objet, de ceux que les Américains nomment « coffee table book », que l’on a envie d’avoir à portée de main, de caresser, de feuilleter régulièrement.

Certaines photos sont étonnantes de modernité, d’autres d’absurdité. Toutes amusent, surprennent, fascinent. Par les couleurs, que Robert Doisneau, qui n’avait jusque là travaillé qu’en noir et blanc, qualifie de « suaves », qui composent ici un patchwork bigarré, là un délicieux camaïeu de bleus (le bleu de l’eau de la piscine – le bleu du ciel sans nuages – le bleu des cygnes gonflables qui flottent). Par la facilité avec laquelle les personnages posent et/ou livrent leur quotidien, leur intérieur à l’objectif du photographe. C’est qu’ils sont fiers, ces Américains, de pouvoir passer, après une vie de labeur, une seconde jeunesse dans un paradis artificiel, dans une maison clinquante aux ors omniprésents, avec deux piscines.

A Palm Springs, tout est apparat, superficialité, exubérance. Il y avait à l’époque 19 golfs (125 aujourd’hui, qui consomment 4,5 millions de litres d’eau par jour), 19 déraisonnables et surnaturelles oasis perdues dans un désert de carte postale.

La plume de l’écrivain Jean-Paul Dubois, grand connaisseur de l’Amérique, ouvre ce délectable album carré, savoureux apéritif qui révèle avant l’heure certains détails de ce qui était une commande, un reportage effectué par l’auteur du « Baiser de l’Hôtel de Ville » à Palm Springs, en novembre 1960, et miraculeusement retrouvé en 2007.

Mirage ? Rêve ? Fantasme ? Décor d’un mauvais film ? Aboutissement d’une vie ? Toutes les interprétations sont permises. Ce qui est certain, c’est que ces pages forment l’image d’une certaine Amérique, ancrée dans son époque mais pas si éloignée de nous.


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