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Cloe korman : prix du livre inter

Par Albrizzi
CLOE KORMAN : PRIX DU LIVRE INTER

J'avais eu du nez!

Il est certes de mauvais goût de s'adresser à soi-même des louanges, mais j'espère que vous me permettrez cet écart pour vous dire ma joie de ce matin, lorsque j’ai entendu à la radio que le Prix du Livre Inter était décerné à Cloé Korman pour son premier roman Les hommes-couleurs. Découvert et lu pendant les vacances de Noël, son roman a été mon coup de cœur de la rentrée de janvier 2010 pour le magazine Femmes. Six mois plus tard, le jugement des auditeurs de France Inter rejoint le mien. J’en suis ravie pour cette jeune auteure pleine de talents… compagne d’un autre auteur également plein de talents, prix Laurent Bonelli - Lire & Virgin Megastore pour Les Veilleurs (et publié aussi au Seuil) : Vincent Message. Désormais la France a son « couple de romanciers en or » tout comme les Américains ont leur « Golden literary couple » : Nicole Krauss et Jonathan Safran Foer : ils n’ont pas trente ans, ils sont beaux, ils s’aiment et sont les nouvelles plumes de la scène littéraire. A suivre attentivement.

CRITIQUE :

A chacun son trésor : pour la Pullman, société ferroviaire américaine, ce sont les nappes de pétrole découvertes dans le sous-sol de Mexico. Pour les Mexicains, l’Eldorado brille de l’autre côté du désert. Aux yeux de Florence Evans, une architecte nord-américaine, et Georges Bernache, un ingénieur français que l’on devine de confession juive, ayant dû fuir l’Europe en 1943, l’or a la couleur ocre des terres cuites aztèques. Refusant de piller le trésor d’un peuple, le couple décide de détourner la fonction du tunnel qu’ils sont chargés de construire pour récupérer l’or noir, et d’y faire transiter des milliers d’ouvriers. Leur but ? Passer illégalement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis sans avoir à traverser le Rio Grande à la nage ni à mourir de soif et d’épuisement dans la région désertique frontalière. Trente ans plus tard, une enquête est diligentée sur le couple chargé de mener les fouilles et sur cet étrange chantier qui mobilisa 6000 ouvriers mais n'accoucha d'aucun train, d'aucun métro. Un ingénieur de la Pullman tente de reconstituer l’histoire avec l’aide de Gris Bandejo, un ancien contre maître borgne. C’est à lui qu'incombe le devoir de ressusciter les disparus par la parole.

Fonctionnant comme une mystérieuse boîte de Pandore, ce roman puise dans le réalisme magique propre à la littérature sud-américaine. Portées par une belle écriture souple et baroque, ces quêtes individuelles et collectives tissent une fresque philosophique sur l’inéluctabilité des migrations humaines. A 27 ans, Cloé Korman signe un roman étonnant et apporte une sensation de renouveau au sein des écrivains français.

Les hommes couleurs de Cloé Korman, Seuil, 322 p., 19,50 euros.


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