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Robert Mitchum est Mort

Par Mg

Le courage sur la scène cinématographique moderne est de pouvoir aller au bout de ces idées avec un maximum de contraintes. « Robert Mitchum est Mort » n’est certes pas le projet le moins doté, mais il n’en est pas loin. Et creuser son sillon dans un registre plutôt iconoclaste, il faut y arriver. A la croisée des chemins entre Aaltra, le cinéma indépendant américain et la folie belge, voilà un film original et joliment mis en scène, qui n’est pas taillé pour un grand succès mais espérons le, rencontrera son public.

Et c’est l’amour du cinéma qui guide le film. On découvre Franky, acteur amoureux d’un western noir et blanc, sous la coupe d’un manager motivé (Olivier Gourmet, décidément risque tout fabuleux), qui part sur les routes pour retrouver un réalisateur mythique perdu au fond des bois. En quelque sorte, Robert Mitchum.. incarne la poursuite d’un rêve fabuleux, celui de tout fan de grand cinéma qui pourrait atteindre un certain graal, un rêve de gosse. En face de lui, son agent et manager, un ogre commercial, lancé dans sa propre quête, celle de croire en un acteur et de le porter au sommet, envers et contre tous. Et peut importe que tout ceci baigne dans un déséquilibre total des chances, entre un road trip bucolique et une rengaine insolite, où nos héros comme des cowboys modernes errent dans une lande misérable à la poursuite d’un trésor introuvable.

Dans tout ça, la magie surgit de nulle part. Un black musicien passe d’un bout à l’autre de l’écran, les femmes passent et reviennent, le duo de réalisateurs (Olivier Babinet & Fred Kihn) pas forcément novices, trimballent leur caméra dans une grande promenade forcément européenne, rapidement nordiques. De l’absence de repères, ils en font une force puisque l’action se focalise évidemment sur les deux héros et leurs rencontres. Le tout bercé par une bande originale soigneusement sélectionné, voilà un film qui fait le pont entre l’indépendance à l’américaine et la recherche du cinéma à l’européenne. Tombant doucement dans une mélancolie routinière, le duo d’attaquants freinent de plus en plus jusqu’à poser ses valises dans un endroit désert, comme si leur soif de vaincre s’amenuisait petit à petit, la flamme se réduisant sans s’éteindre. Et si la fin justifie les moyens (la rencontre, enfin!), le tout donne une dernière impression de mélancolie aggravée, certes pas néfaste, mais beaucoup plus réelle que l’onirisme qui opérait jusqu’ici.


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