On peut en effet se poser cette existentielle question.
Car si l’on comprend aisément pourquoi il convient de mettre la main devant la bouche lorsque l’on tousse ou éternue, ou pire, lorsque l’on a un petit renvoi, il est curieux de mettre la main devant la bouche lorsque l’on bâille : en effet, il n’y a là a priori, pas de risque de contamination de ses voisins (on inspire) et il n’y a pas plus de risque particulier d’inoculation d’un virus, puisqu’un bâillement n’est au final qu’une respiration… particulière : « mouvement d’inspiration suivi d’une expiration en ouvrant grand la bouche ».
On pourrait alors croire que cette habitude déjà ancienne serait issue des usages anciens (ceux-là mêmes qui voulaient que l’on fasse ses besoins derrière les rideaux de Versailles). Et pourtant, non : l’habitude de se mettre la main devant la bouche n’est ni une marque de politesse ni d’hygiène, mais résulte d’une superstition selon laquelle le diable profiterait des bâillements pour pénétrer l’âme des pauvres humains, croyance que l’on retrouve également chez les musulmans :
« Les femmes espagnoles, lorsqu’elles bâillent, ne manquent pas de se signer quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que le diable n’y entre » (Dictionnaire infernal, Jacques-Albin-Simon Collin de Plancy, 1818).
« Quand l’un de vous bâille, qu’il place sa main devant sa bouche sinon le Diable y entre » (Abou Sa’id Al Khoudri).
- Un diable (de Tasmanie) en train de bâiller
Attention tout de même : même si l’on s’inquiète moins du Malin aujourd’hui qu’autrefois, la politesse veut tout de même que l’on évite d’exposer ses amygdales à tout bout de champ…
Cet article a originellement été publié sur Memesprit.
========================================
Consultez l'article complet sur le site Culture Générale