Magazine Cinéma
Squadra Volante
1974
Stelvio Massi
Avec : Tomas Milian, Gastone Moschin
Tomas Milian est l’inspecteur Ravelli, moustache et cheveux mi-longs, béret et cigarillo au bec, le flic borderline qui cherche à venger la mort de sa femme survenue cinq ans plus tôt. Un hold up tragique le remet sur la piste de l’assassin. Et youpi c’est reparti pour un petit tour dans la faune poliziottesque italienne des années 70, les Simca, les sales gueules, les sursauts de violence, les sirènes, les intrigues politico-fascistes et les blondasses qui vont avec. On aime ou on trouve que cela a vieilli, peu importe, un petit air de nostalgie d’un cinéma sans ambition mais pas sans talent ne peut pas venir gâcher la fête.
Le héros Tomas Milian importe finalement peu ici, on se contente d’admirer sa capacité à réveiller son réseau, mais les flash-backs et le regard soucieux de l’acteur ne suffisent pas à rendre crédible – ni attachante - son interprétation. Ce sont plutôt les méchants qui nous intéressent. Apparaissants d’abord comme une bande hétéroclite et peu amène, les méchants révèlent peu à peu leurs aspérités, leur fêlures et leurs humanité – quoique sombre – au fur et à mesure que l’étau se referme autour d’eux de minuscule erreur en minuscule erreur. La peur, l’incompétence, la fatigue se lisent alors sur leurs visages de frappes déterminées. Gastone Moschin en tête parvient à composer un chef de bande polymorphe, à la fois légende de la pègre, stratège roublard et traître amoureux. Le reste du groupe est composé de tête connues et efficaces : Guido Leontini en cerveau du casse, respecté mais qui finit par craquer par manque de professionnalisme, Ray Lovelock en jeune homme politisé qui fait une intervention trop courte dans le film pour que ses souvenirs dans le bonus soient réellement intéressants, Giuseppe Castellano qu’on avait déjà vu dans La rançon de la peur et Stefania Casini en blonde heu… blonde.
Le scénario et son inéluctable dénouement nous rappelle Le Clan des pourris qui reste notre meilleur souvenir de cette collection "Italie à main armée" : pas de chichi, l’enquête et les déboires des méchants, c’est presque tout. Les tourments du flic sont tellement appuyés spaghetti style que l’on n’y croit guère, les tourments des méchants ne sont qu’effleurés, inscrits dans l’action, et c’est au spectateur de combler les trous avec tout le bagage du polar des années 70 qu’il possède (ou pas). Une belle poursuite en hélicoptère constitue le clou spectaculaire du film, tandis que tous les deuxièmes couteaux déjà cités et les troisièmes couteaux, de l’indic boiteux au supérieur hiérarchique de Ravelli sans oublier même la femme qui s’occupe de son fils constituent la substantifique moelle du plaisir ressenti à regarder ces petits films d’une époque révolue.
Où le voir : toujours excellent DVD Neo-publishing (qui nous manqueront par ailleurs).