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The Doors: Rimbaud va surfer à Venice Beach

Publié le 14 juin 2010 par Mojorisin

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Faites un test: demandez à un puriste du rock de définir le style des Doors; vous verrez aussitôt ce dernier esquisser un rictus de mécontentement avant de rétorquer: "les Doors ce n'est pas du rock. Le style des Doors, c'est les Doors." En effet le groupe possède un petit quelque chose le distinguant du genre dans lequel la majorité le rattache. D'autres citeront volontiers les influences jazz, blues, ou encore flamenco sans parvenir néanmoins à le cantonner à un genre particulier. Mais évoquer les Doors revient à mettre en avant la figure du mythique, et défunt, Jim Morrison qui, pour la plupart, en constitua l'âme et la chaire. Si leur son puise volontiers ses gammes dans plusieurs influences, ce qui en fait déjà un groupe pop, leur génie réside dans la réunion entre ce dernier et les musiciens. Car ce sont deux univers distincts qui se confrontent, deux temps différents, deux visions antagonistes, mais une œuvre culte qui en ressort.

Morrison n’était pas un chanteur à la base, ni même un musicien, mais un littéraire, un penseur, un poète. Durant son adolescence il dévora les ouvrages de Nietzsche, de William Blake (dont l’un des poèmes donnera au groupe son nom), Freud, Jung, et Rimbaud. Cette érudition lui permit d’obtenir d’excellents résultats tout au long de son parcours scolaire mais ne le destinait aucunement à devenir la rock star qu’il devint par la suite. Cependant les beat poets, dont Kerouac avec son roman  « On the Road » fut le chef de file, exercèrent une influence majeure sur cet adolescent qui vouait également au chamanisme un étrange culte. La figure du poète maudit, paria en quête d’amour et de vérité évoluant à contre-courant, héritage direct du romantisme (encore et toujours le romantisme), devint le modèle sur lequel sa personnalité se fondit jusqu’à rejoindre cet au-delà tant fantasmé qu’est la mort.

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Cependant, durant les 60’s, un poète ne recueillait pas autant de célébrité qu’un chanteur, et particulièrement un chanteur de rock comme Elvis (ça c’est du rock ! S’exclamera notre puriste). Pour que Morrison puisse diffuser sa prose encore fallait-il mettre en musique ses paroles, ce que firent Manzarek, Krieger et Densmore en apportant chacun ses influences respectives. Ces derniers charriaient les symboles de leur époque empreinte de mysticisme, de rébellion, et de sexualité par leurs compositions à la fois sensuelles, psychédéliques, et chargées de fureur. Leur son actualisa les thèmes éternels et atemporels de Jimbo en leur fournissant une esthétique extrêmement contemporaine, ce qui produisit l’un des groupes les plus originaux de l’histoire de la musique.

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Les Doors actualisèrent la figure du poète en la détournant de son environnement naturel. Placée à Venice Beach, celui-ci renonça soudainement à son ascétisme pour plonger dans les flots bleus et tumultueux des années de jouissances et de révoltes, jusqu’à s’y noyer. Mais si l’avenir du groupe s’acheva le 3 juillet 1971, jour de la mort de Jim Morrison, leur influence continue de s’exercer. Car comme disait ce dernier : Mr Mojo Risin, go to keep on risin ! Yeah!

  


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