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Personne de Gwennaëlle Aubry

Par Ngiroux

Personne de Gwennaëlle AubryVint-six courts chapitres, abécédaires, pour nous faire découvrir ce père depuis longtemps disparu derrière plusieurs personnalités, Aubry à travers ces personnages qui dominait son père, nous raconte sa vie de fille avec cet homme, François-Xavier Aubry, juriste, professeur de droit et sa maladie nommée psychose maniaco-dépressive.

   Entrecoupés de ses écrits, l’auteure utilise les cahiers noircis par ce dernier lors de ses moments lucides : ces lignes innombrables, ces caractères élégants, réguliers, même dans les pires moments, tissent le filet où il se cherchait à s’attraper, tendent la toile dont il était le centre absent.  C’était cela qu’il cherchait, se saisir, s’attraper, se mettre la main au collet. L’auteure nous donne un vibrant, bouleversant texte nous décrivant leur calvaire, leur chaos partagé, de l’enfance à l’adulte.

«Je ne sais pas quand je me suis dit pour la première fois mon père est fou, quand j’ai adopté ce mot de folie, ce mot emphatique, vague, inquiétant et légèrement exaltant, qui ne nommait rien, en fait, rien d’autre que mon angoisse, cette terreur infantile.

 Il avait beau chercher, il ne trouvait pas, car ils étaient trop nombreux à loger sous sa peau, à parler avec sa voix, c’était eux qui à travers lui, tour à tour, disaient Je, qualités sans homme, attributs sans moi, atomes pulvérisés autour d’un centre absent.»

 Gwenaëlle Aubry, philosophe et auteure de ce cinquième roman, Prix Fémina 2009, on comprend facilement pourquoi, un vocabulaire recherché, une plume précise, sensible qui nous démasque cette maladie qui, parfois, nous fait malheureusement sourire. Par contre, un roman très français, pour ne pas dire trop, plusieurs références historiques et géographiques, un texte très dense, complexe rendent cependant sa lecture plus ardue.  Mais dans son ensemble, un texte très touchant qui nous fait apprécier ce père qui est, ou regretter celui qui n’est plus. J’abrège avec ce deuil que l’auteur partage. « Il a refusé la tombe, la pierre, le masque de gisant et l’ultime visage, il a préféré les cendres à tous vents dispersées, peut-être a-t-il trouvé ce que depuis toujours il cherchait : le droit, enfin, de ne plus être quelqu’un.»



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