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Salle 5 - vitrine 2 : les instruments de la chasse et de la peche

Publié le 15 juin 2010 par Rl1948

   Vous les aurez très certainement aperçus lors de nos différentes interventions devant cette vitrine 2 de la salle 5 du Département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre.

Gros plan vitrine 2

   Ils ont traversé la majorité des articles que j'ai rédigés à votre intention chaque mardi depuis le 30 mars, notamment dans la rubrique "Décodage de l'image".

  

   Vous ne leur aurez peut-être pas accordé toute l'attention qu'ils méritaient dans la mesure où, d'autorité, je vous proposais d'emblée des reliefs ou des ostraca figurés que j'avais estimé plus utiles à détailler.

   Et pourtant, sans eux, chasse et pêche qui tant importaient pour l'homme égyptien de l'Antiquité n'eussent pas été possibles : je veux évidemment parler des différents instruments et ustensiles exposés ici et là devant nous et qui lui permirent de capturer les animaux convoités.

     Aussi, avant d'à nouveau envisager d'autres pièces sculptées ou gravées de scènes cynégétiques, j'ai pensé aujourd'hui, amis lecteurs, de simplement les répertorier sans plus m'appesantir sur des explications que je vous ai déjà abondamment fournies ...

     Vous me permettrez de commencer par la gauche, simplement parce que, la semaine dernière, souvenez-vous, à propos de la plus ancienne pièce égyptienne actuellement connue associant un chien à l'évocation d'une chasse - une coupe exposée au Musée des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou  - j'avais précisé que l'on voyait un personnage muni d'un arc et de flèches, et qui maintenait quatre lévriers en laisse.

   C'est donc par les différentes flèches arimées sur le mur du fond de la vitrine que je vous propose d'entamer notre visite de ce mardi. 

N-1450---51---E-592---10-fleches.jpg

   Ce premier "éventail" en comprend 10 façonnées à partir de roseau, référencées  N 1450 3, 5, 11 et 13 ; N 1451  2, 3, 5 et 6 ; N 1452 et E 592 3.

   En bois, certaines pointes épousent la forme d'une massue quand d'autres sont munies de un, deux, voire trois fragments de silex. A l'autre extrémité, une fente permettait un empennage d'époque qui, depuis, a disparu.

   Semblables armes furent retrouvées en abondance dans les tombes du début du Moyen Empire (soit vers 1900 avant notre ère).

   Au-dessus à droite de cet ensemble, une onzième, esseulée : E 105 4

E 105.jpg

  

   Elle est également constituée d'une tige de roseau (57, 20 cm) au bout de laquelle a été rapportée une pointe en bois. 

   Toujours sur le mur du fond, à la droite du bas-relief ramené par Frédéric Cailliaud : un bâton de jet (AF 6 595) - que, parfois, d'aucuns appellent aussi boomerang. Il est en bois, mesure 46, 7 cm de long et 4, 8 de large et date du Nouvel Empire.

AF-6-595.jpg

     Vous aurez évidemment compris que les deux types d'armes que nous venons de considérer ressortissent au domaine de la chasse.

   Pour ce qui concerne la pêche, c'est plutôt vers notre droite qu'il faudra nous diriger, et nous arrêter devant les deux pointes de harpon en bronze AF 6 559 

AF 6559.jpg

   et E 11 362

E 11362.jpg

   Nonobstant le fait que j'aie annoncé tout de go que je ne m'épancherai pas en détails abondants, je vous dois toutefois une petite précision : l'éminent égyptologue français Jacques Vandier (1904-1973) a bien insisté, dans le quatrième tome de son Manuel d'archéologie égyptienne, que le harpon n'était pas une arme de jet, tel le javelot par exemple, mais  une arme de choc : plusieurs figurations pariétales tendent en effet à prouver qu'il fut plutôt utilisé comme un épieu, à un ou plusieurs crochets, avec lequel on frappait sa victime, que ce soient des poissons - comme je l'ai précédemment expliqué dans un article de la rubique Décodage de l'image consacré à la pêche dans les marais nilotiques -, ou que ce soit l'hippopotame que l'on chassait dans le même environnement palustre : autre scène tout aussi symbolique que l'on rencontre de manière récurrente dans les tombes égyptiennes ...

   Dans le même alignement que les crochets de harpon sur le panneau à l'arrière de la vitrine, cet hameçon (E 5 454), également en bronze.

E-5-454.jpg

   Enfin, et pour clôturer - ou presque - cette courte et rapide  nomenclature, j'attirerai votre attention sur le filet de pêche E 286, sans mention de date ni d'origine, déposé dans le coin inférieur droit : en lin et parsemé de  chapelets de poids en terre cuite, il ne mesure que 65 centimètres de long.

E 286.jpg

   Quand d'aventure, en rédigeant mes articles, j'estime avoir employé trop souvent le même terme, si aucun synonyme ne me vient de prime abord à l'esprit, j'aime me plonger dans l'une ou l'autre des quelque deux mille quatre cents pages du Robert historique de la langue française ou, plus simplement, de me tourner vers un autre membre de cette famille, le Petit Robert : ce sont toujours de nouvelles découvertes qui viennent accroître mes connaissances et surtout me prouver, à l'instar de Socrate auquel la tradition attribue ce trait, que "je sais que je ne sais rien ..."

     Pour l'heure, je viens de lire non seulement les différentes acceptions du terme filet lui-même mais, et c'est là que je suis resté pantois, les multiples synonymes qui sont siens.

   Que de richesses notre langue recèle !

   Rassurez-vous, je ne suis pas un fanatique de la liste, comme Umberto Eco invité à l'automne dernier à précisément donner en ces murs, salle 33 de l'aile Denon, une conférence concomitante à l'exposition "Mille e tre" sur ce sujet particulier, et dont mon collègue dans la blogosphère, Louvre-passion, a fort à propos rendu compte dans un de ses billets. 

   Simplement, j'aimerais que nous nous posions la question : comment définir cet ustensile de pêche devant lequel nous nous trouvons ?

   Un ableret, un ablier, une araignée, un carrelet, pour autant qu'il soit carré ou à mailles carrées ?

   Une balance, une caudrette, un langoustier, une pêchette, une puche (non, je n'ai pas de défaut de prononciation !), un truble, pour autant qu'il servît à capturer des crustacés ?

   Un bolier, un chalut, pour autant qu'il fût  tiré par une embarcation ?

   Certainement pas une drège ni un thonaire ni un trémail : notre spécimen est bien trop petit.

   Pourquoi pas un épervier ? Cela nous permettrait de nous envoler vers d'autres cieux lexicologiques.

   Une folle ? Non, les mailles ici ne sont pas assez grandes.

   Alors une gabare, un guideau, un havenet, un haveneau, un picot, une seine, un vannet, un verveux  ?

   Vous conviendrez, amis lecteurs, que vous n'avez que l'embarras du choix si tant est qu'il vous faille compléter le cartel peu disert qui accompagne le filet de la vitrine 2 ...

 

(Vandier : 1964, 726-33)


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