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Retraites : une saloperie supplémentaire d’Eric Woerth… passée à peu près inaperçue !

Publié le 18 juin 2010 par Kamizole

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Qui Eric Woerth espère-t-il convaincre – sauf bien entendu le Medef qui est le donneur d’ordres et se réjouit bien évidemment - quand il ose soutenir qu’une régression sociale aussi formidable que la réforme du régime des retraites qu’il nous a concoctée avec Nicolas Sarkozy dans son creuset d’alchimiste fou représenterait en fait un «progrès social» ? Magnifique «novlang» verlan tout à fait digne d’un (Litle) Big Brother à la mode de «1984» de George Orwell : «La guerre c’est la paix» ! Avec cette clique d’UM/Posteur la lutte de classes à outrance telle qu’ils nous l’infligent serait la «paix sociale» !

J’étais sur le cul en l’entendant prétendre mercredi 16 juin 2010 – tout sourire ! – que les futurs retraités – qui devront travailler 2 ans de plus ! – seraient encore favorisés par rapport à ceux qui travaillaient jusqu’à 65 ans avant 1982. Il faut oser et précisément Eric Woerth appartient à la catégorie relativement pléthorique de ceux «qui osent tout».

A ce compte-là, c’est même une sacrée avancée sociale comparativement au sort des salariés qui travaillaient – enfants compris ! – 12 ou 14 heures dans les usines ou les mines des patrons de droit divin au milieu du XIXe siècle, sans la moindre protection sociale. Pire, et peu de commentateurs l’ont souligné : l’âge auquel l’on peut prétendre à une retraite à taux plein est également repoussé de deux ans : de 65 à 67 ans ! Pour le progrès en comparaison d’avant 1982, prière de repasser. Nouvelle traduction du slogan de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 : travailler plus longtemps pour gagner encore moins !

Il n’y a guère que Woertz, Sarkozy et leurs affidés à soutenir que cette réforme est “empreinte d’efficacité et de justice” (NouvelObs). Je ne peux donc qu’être tout à fait d’accord avec Jean-Claude Mailly de FO : «cette réforme est injuste socialement et inefficace économiquement» lis-je sur une dépêche de l’AFP du 17 juin 2010 Mailly demande “le retrait” de la réforme des retraites…

  • INJUSTE SOCIALEMENT
  • Il souligne à juste titre que “Le titre de la note de synthèse du ministère du Travail est d’ailleurs significatif puisqu’il est question de répartir équitablement l’effort entre les salariés. Ca veut bien dire que ce sont les salariés qui paient l’essentiel des efforts à fournir”.

    Les «efforts» prétendument demandés aux plus fortunés sont de la poudre aux yeux. Tant que l’on n’abolira pas le bouclier fiscal non plus que les niches fiscales qui ne profitent qu’aux seuls possédants et pour des montants faramineux, que l’on ne nous parle surtout pas de justice sociale !

    Relever de 1 % la tranche supérieure de l’impôt – considérablement réduite depuis plusieurs années au demeurant – et opérer quelques prélèvements tout à fait marginaux sur les revenus du capital relève de la médecine homéopathique alors que les salariés sont soumis à un traitement de cheval.

    Il est démontré – chiffres du gouvernement à l’appui – que l’effort des salariés, et concernant uniquement le report de l’âge de la retraite ! représentera 19 milliards d’euros à l’horizon 2020 alors que les mesurettes supportées par le capital culmineront à 4,6 milliards soit 5 fois moins. Et si l’on ne tient compte que de la part des entreprises – 2,650 milliards – c’est 8 fois moins…

    Ce qui n’empêche que le Medef, tout en se réjouissant bien évidemment des mesures qui s’abattent sur les salariés pousse des cris d’orfraie s’agissant «des propositions de nouvelles recettes - taxation sur les hauts revenus, renforcement de la taxation des stock-options et des retraites chapeau, changement du mode de calcul des allègements de cotisations patronales sur les bas salaires, etc… Le syndicat en touchera un mot au ministre «dès jeudi». lis-je sur Libération Retraites: «une réforme irresponsable» selon Martine Aubry . Il est probable que ses protestations auront plus l’oreille d’Eric Woerth et Nicolas Sarkozy que celles des syndicats et de la gauche.

    La réforme va frapper de plein fouet les salariés les plus modestes. Lire à ce sujet la chronique d’Emmanuel Kessler le 17 juin 2010 sur France Info Réforme des retraites : rendez-vous dans 10 ans… qui répliquait à la question de savoir si la réforme de Woerth répondait à l’objectif mis en avant d’une réforme juste :

    «Ce qui est sûr, c’est qu’il y a des gagnants et des perdants. Perdants : les fonctionnaires, les ouvriers, les employés qui ont commencé à travailler tôt. Les femmes. Elles ont souvent des carrières interrompues et beaucoup vont devoir travailler jusqu’à 67 ans, au lieu de 65 aujourd’hui, pour toucher une retraite complète. Gagnants en revanche : les cadres, le passage au 62 ans ne devraient pas changer grand-chose : à 60 ans, beaucoup sont déjà obligés de continuer à travailler pour avoir tous leurs trimestres. Les agriculteurs qui devraient voir leurs pensions un peu augmentées. Les retraités, épargnés par les efforts demandés. Tiens, tout ça ressemble à un paysage électoral : les retraités n’ont-ils pas voté à 65% pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle ? Dans la construction de cette réforme, la campagne pour 2012 est déjà présente. Peut-être même davantage que le souci de justice sociale».

    Je ferais toutefois remarquer que s’agissant des retraités nous sommes loin d’être logés tous à la même enseigne ! Je supporte déjà pas mal d’iniquités fiscales avec ma maigre retraite de 900 euros (régime général et complémentaire) et si l’on me “gâte” encore plus, je tomberais sous le seuil de pauvreté si ce n’est déjà fait… Mais du diable si en 2007 j’ai voté pour Sarko, précisément l’année de ma retraite ! Et si je vote un jour pour cette clique de Picsou et frères Raptout réunis : achevez-moi ! Ce sera le signe que je suis atteinte de sénilité.

    La CFDT critique un ensemble «injuste et inefficace», prédisant que «les jeunes générations feront les frais» d’une prochaine réforme «inévitable»… En effet, cette réforme ne règle rien sur le long terme.

  • INEFFICACE ECONOMIQUEMENT
  • En dépit de force clameurs aussi alarmistes qu’hystériques - décervelage programmé depuis plusieurs mois - la prétendue «mère de toutes les réformes» censée préserver les retraites par répartition jusqu’à 2050 accouche d’une souris mort-née. Du bricolage à la petite semaine à visée purement électoraliste, Nicolas Sarkozy ne cherchant qu’une chose : montrer qu’il a le courage de s’attaquer au problème du financement des retraites dans le seul objectif d’une probable candidature en 2012.

    Les dithyrambes ne manquent pas à l’UM/Posture. Un vrai festival de sarkonneries !

    Entre Jean-François Copé «Les mesures annoncées répondent aux enjeux de ce rendez-vous de vérité avec les Français»… La vérité si je mens ! et l’innénarrable gros Q(i) de l’UM/Posture, Xavier Bertrand, chef de meute rarement avare de déclarations ineptes et qui se réjouirait «d’une grande réforme» jouant sur les deux tableaux : «besoins de notre système de retraites» et «attentes des Français»

    Las ! Cette réforme n’est grande que par le mal qu’elle fait aux salariés mais naine s’agissant des besoins des retraites… Quant aux attentes des Français, tous ne doivent pas se valoir dans son têtiau d’abruti : il parle uniquement de et pour l’électorat UMP car personne ne doit l’avoir averti que selon un sondage CSA-Le Parisien, 60 % des Français sont hostiles au report de la retraite à 62 ans.

    Il faut toute la stupidité native d’un Frédéric Lefebvre pour saluer une réforme «juste, forte et réaliste» ! «juste parce que la pénibilité et le travail très jeune sont protégés, parce que les hauts revenus et le capital participent à l’effort et parce que la convergence entre le privé et le public est poursuivie (…) forte et réaliste parce qu’elle permet de sauver le système de retraite et d’être à l’équilibre en 2018 - avec pour objectif «un déficit zéro dès 2018 - sans qu’aucune recette ne soit surévaluée».

    Lui, qui n’a jamais réellement travaillé de sa vie me semble bien mal placé pour dégoiser sur la portée de cette réforme au sujet de la pénibilité et/ du fait d’avoir commencé à travailler très tôt (les deux étant souvent associés). D’abord parce que la pénibilité n’est pas appréciée en tant que telle. Il suffirait d’établir une liste des emplois concernés. Au contraire, les salariés devront prouver qu’il sont usés et présentent une incapacité de travail au moins égale à 20 %.

    Point n’est besoin d’être grand clerc, connaissant les experts en matière d’accidents et maladies professionnelles ou autres invalidités, pour être certain que cette reconnaissance n’ira jamais de soi d’autant que les médecins recevront très certainement des ordres dans ce sens. Preuve s’il en était besoin, ce constat sur Libération du 16 juin 2010 La pénibilité prise en compte, mais pour les salariés qui peuvent le prouver : «Le gouvernement chiffre à 10.000 personnes par an le nombre de bénéficiaires de sa nouvelle «retraite pour pénibilité»… soit moins que les besoins estimés rien que pour le BTP».

    C’est à dire peanuts ! Mais le pire, cette réflexion complètement déplacée et qui prouve bien qu’en se croyant ironique Eric Woerth se révèle tout simplement un salaud de première bourre, méprisant les salariés : «Bien sûr on pourrait faire toujours plus, et on pourrait dire que tous les métiers sont fatigants (…) et que lorsqu’on est éveillé c’est plus fatigant que quand on dort, mais à un moment donné il faut arrêter avec ce type de remarques anormales»

    Je ne saurais dire quelles sont les remarques anormales mais la sienne est totalement indigne d’un ministre de la République française qui devrait avoir à l’esprit le souci du bien-être de tous les Français et pas seulement ceux d’une caste oligarchique et ploutocrate – gloutocrate ais-je déjà dit. J’ai déjà démontré combien sa longue carrière dans les chiffres l’avait dû laisser totalement burned-out prématurément.

    J’y évoquais également le rôle de sa femme dans la gestion de la fortune de Liliane Bettencourt. Il se trouve qu’ils reviennent tous les deux sur le devant de la scène. Le hasard fait bien les choses, n’est-il pas ? C’est en découvrant sur Wikipedia que sa femme gérait la fortune de Liliane Betencourt que j’ai passé du temps à dépouiller les articles au sujet de cette querelle de famille que j’avais négligés jusqu’alors faute de temps mais je subodorais dès lors un beau lièvre…

    Bingo ! et grâce à Médiapart - Sarkozy, Woerth, fraude fiscale: les secrets volés de l’affaire Bettencourt - cette affaire, au départ privée, devient le énième scandale politico-financier de la Sarkozie. Sarkozy et Woerth nous infligent une retraite totalement injuste mais ne trouvent rien à redire à l’évasion fiscale des possédants, en même temps qu’ils favorisent la spéculation. Leurs amis banquiers, traders et multimilliar-daires du COUAC/40 n’ont rien à craindre : les pauvres doivent payer pour leurs turpitudes.

    Sur le plan politique c’est quand même une belle casserole qui devrait empêcher Eric Woerth de s’asseoir confortablement pendant un certain temps

    :)

    Plus sérieusement, il est amplement démontré que nombre de futures recettes envisagées sur le long terme pour atteindre l’objectif affiché de «déficit zéro» du régime des retraites en 2018 relèvent de purs plans sur la comète. Et encore un rafistolage ! (Médiapart). Toutes mesures confondues, le total s’élève à 29 milliards d’économies – dont 1 milliard qui proviendrait du basculement des cotisations chômage vers les retraites, ce qui suppose une hypothétique amélioration de l’emploi.

    On est donc fort loin des 40 à 48 milliards de déficit cumulé des régimes de retraite estimé par le COR à l’horizon 2020. Danièle Karniewicz, présidente du conseil d’administration de la CNAV tire la sonnette d’alarme : «il manquera 15 milliards d’euros»… en 2018. Quant à l’horizon 2040 ou 2050, le gouvernement n’en parle même plus. Silence radio. «Trou noir» ironise Martine Aubry.

    Les syndicats me semblent cependant mal venus d’aujourd’hui critiquer les réformes alors qu’ils participent tous ou peu s’en faut au Conseil d’orientation des retraites (COR) qui n’a pas été avare de diagnostiques alarmistes ni de remèdes de cheval.

    Il est évident que Sarkozy se plante grave, tant sur le plan économique et social que politique. Lire l’article de Jean-Marcel Bougereau du 16 juin 2010 sur son blog du NouvelObs Retraites : Pourquoi la réforme qu’il ne fallait pas rater est …ratée ! Il a choisi de passer en force pour imposer une réforme court-termiste et purement comptable - réforme de trésorier payeur général, dixit Bouguereau - mais totalement idéologique, quasi “classe contre classe” lors même qu’il eût fallu le consensus le plus large possible sur des solutions socialement acceptables. Indice évident et supplémentaire de l’absence total de sens politique chez Sarko. «La pénibilité va devenir symbolique de cette réforme qui ne pourra qu’être perçue que comme fondamentalement injuste». Paiera-t-il cette aberrante stratégie sur le plan électoral ? Wait and see.

    Enfin, ce pouvoir qui gaspille impunément les deniers publics et ratisse consciencieusement la moindre «cagnotte» veut piocher dans le Fonds de réserve des retraites (FRR) pour éponger les déficits alors qu’il avait été précisément mis en place en 1999 par Lionel Jospin pour assurer à long terme – à partir de 2020 - la pérennité du régime de retraite par répartition. Doté, pour autant que je m’en souvienne de 35 milliards d’euros, il eût dû être abondé par les recettes des privatisations qui n’ont guère manqué. Notamment celle des autoroutes entre 2002 et 2005 qui a rapporté près de 15 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat.

    Las ! Jacques Chirac et le gouvernement Raffarin ont couvert d’autres dépenses avec ces recettes, les retraites pouvaient attendre. Pire : il est démontré que Le Fonds de réserve des retraites a perdu 20% de sa valeur en 2008 (Le Figaro du 18 juin 2009). «La valeur des actifs est ainsi passée de 34,5 milliards d’euros fin 2007 à 27,7 milliards un an plus tard» parce que ses gestionnaires n’ont pas craint de spéculer ! Appelant cette performance «gestion dynamique»

    Or donc et selon le NouvelObs Le tabou de la retraite à 60 ans a sauté Eric Woerth entend «siphonner» dès maintenant les 34,5 milliards du FFR pour renflouer le régime des retraites. “De l’avenir faisons table rase” !

    Il a l’insigne toupet d’affirmer “Je ne serai pas de ceux qui racontent aux Français que le FRR est une solution pour dans 20 ans et qu’y toucher maintenant serait criminel”… Pas criminel ? Ô que si, alors ! Vous n’êtes qu’une bande de barons voleurs qui précisément siphonnent toutes les ressources de l’Etat pour leur seul intérêt personnel et ceux des possédants du COUAC/40, du Medef et tutti quanti.

    Nous devrions vous faire une gentille “reconduite” avec plumes et goudron à l’instar des joueurs professionnels tricheurs qui gardent des cartes dans leur manche et pipent les dés. Avec vous, tout est truqué d’avance : nous sommes perdants à tous les coups. Basta !

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