Esprit de famille
D’ordinaire
le “fils de” ne craint qu’une chose : que son prénom devienne l’otage de la
notoriété du père ou de la mère, voire des deux comme ce pourrait être ici le
cas. Or Thomas Dutronc, qui a attendu l’âge d’homme (34
ans) pour sortir ce premier album, semble n’en avoir cure. Lui a choisi
d’honorer son patronyme à la manière des grandes maisons de champagne
étiquetées “& fils”.
En somme, il maintient la réputation de la marque en
lui renouvelant un certain pétillement. Dès la première lampée, on retrouve
d’ailleurs beaucoup du trémolo séducteur, de la décontraction, de l’élégance
flemmarde, de cet anticonformisme “tongue in chick” (Les Frites bordel) qui
élevèrent les productions Dutronc 1965-1972 au rang de grands crus de la
chanson française. Thomas ne lésine d’ailleurs ni sur le clin d’œil
rétrospectif (J’aime plus Paris), ni sur l’esprit “les chats font pas des
chiens” dans un Je les veux toutes, qui le destine tout naturellement à
recevoir un piège tabou pour son prochain anniversaire. Bref, comme dirait
Françoise, il assume son ascendant.
Or il y a quand même un domaine où le
fiston surpasse son daron de Jacques (ex-El Toro et les Cyclones faut il le
rappeler) : la guitare. C’est qu’il a même pris assez de Lagrene (Bireli) pour
rendre dans September Song un hommage fort convaincant à Django. Reste
qu’au-delà des glissandos sur le manche ou des galéjades “dutroniennes”, on
retient surtout de ce premier disque sa face tendresse révélant notamment sur
Solitaires, jolie rêverie en duo avec Marie Modiano, les traits d’un auteur
pour de bon.
Thomas Dutronc - J'aime plus Paris - Live @ Taratata
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