Magazine Culture

Ru - Kim Thúy

Par Venise19 @VeniseLandry
Ru - Kim ThúyJ’ai lu Ru. Ce livre dont on parle tant. Cette fois, je ne sais pas pourquoi, je m’étais imaginé que ça ne pouvait être aussi « grandiose » que ce que les gens en disaient. Peut-être parce que je mettais l’engouement sur le dos du spectaculaire, sur l’inédit du témoignage, plus que sur le récit talentueux par son fond et par sa forme. Surtout que les quelques personnes avec qui j’ai échangé le qualifiaient d’un « suberbe ! » , je voyais briller leurs yeux, se gonfler leurs thorax pour finalement qu’en sorte un autre « superbe ! ».
Ils étaient sans mot pour le dire, je le comprends maintenant. Comment rendre ce que j’ai vécu et ressenti par cette lecture ? Ce coup de cœur ne m’a pas transportée, mais transpercée.
Ce récit de l’auteure, une réfugiée arrivée par ce qu’on appelait les « boat people » n’est pas présenté d’une manière spectaculaire, pas du tout. J’en ai conclu que cette histoire de vie est trop bien assimilée, trop connectée à l'intériorité pour « tomber » dans le sensationnalisme. Une histoire jonglée, mûrie, réfléchie. Du temps s’est écoulé avant de l’écrire. L’ingrédient « temps » fait lever les anecdotes en douceur, en légèreté. On dit que le temps fait son œuvre, eh bien, avec Ru, il en a fait une œuvre de grande qualité.
Je me demande encore comment il est possible de décrire certaines horreurs sur un ton réaliste, presque détaché ? Je dis « détaché » mais je ne suis pas certaine que ce soit le mot juste. Je peux dire que ce n’est pas un ton sublimé, ni idéalisé, plutôt enjoué qui mène à des anecdotes portés par une grâce surprenante. Je vois en Kim Thùy une vraie conteuse. Elle a le don. Elle sait où exagérer, où tirer pour que le fil du tragique s’allonge jusqu’aux sourires. Elle sait aussi admirablement bien boucler ses anecdotes.
On dit souvent que la beauté physique est un cadeau, qu’une personne ne fait rien pour être belle, à ce compte-là, peut-on dire qu’un auteur ne fait rien pour être profond, que c’est un cadeau ? J’ai trouvé Kim Thùy d’une profondeur rare, ou en tout cas avec une manière de voir la vie qui me plait beaucoup.
Il y a de la matière à réfléchir dans ce livre. Sur la reconnaissance, la débrouillardise, l’endurance, les liens familiaux, la solidarité, les différences, le silence, l’éducation de parents aux enfants, l’exil bien sûr, les mœurs des vietnamiens. La seule matière qui se réfléchit moins bien est la méchanceté issue de l’abus de pouvoir. On aurait beau y réfléchir jusqu’aux maux de tête, c’est à n’y rien comprendre.
La forme est intéressante sous ses aspects ; l’organisation du récit et le style. Le récit découpé par ce qu’on pourrait quasiment appeler des chroniques non chronologiques, plutôt tissés par des liens intelligents, plus que la simple avancée du temps.
Et le style ? Le style ?! Vous vous demandez, comment j’ai trouvé le style ? ... Superbe ! Vraiment, vraiment ... euh .... Superbe !
P.R (Petite Remarque) : L'objet livre est élégant, d'un esthétisme ciblant le sujet. La couverture de bonne qualité, avec une texture particulièrement agréable à toucher, un format facile à tenir. Tous ces points donnent le goût de le conserver dans sa bibliothèque pour un jour le relire.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Venise19 3552 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines