Au détour d’une pile de cd négligemment rangée en vue d’une écoute future et donc incertaine, on trouve parfois l’occasion de s’enthousiasmer pour un album dont on ne soupçonnait ni l’existence, ni la qualité. Un enthousiasme certes mesuré mais mérité pour les 10 titres (dont 2 morceaux « cachés ») de As The Star Falls, le projet de trois ex-producteurs français de rap selon la bio officielle. De rap il n’est pourtant nullement question sur « Tempus Fugit », on en est même très loin. L’univers de ce trio s’est construit autour d’une passion commune pour le cinéma et la photographie (une expo photo s’est d’ailleurs tenue le mois dernier au Kube). Tout comme le noir et blanc pour les images, le post-rock s’est imposé pour incarner en musique leurs clichés et leur vision intimiste et désabusée.
On l’a dit, la musique de As The Stars Falls puise sa source dans de nombreuses références culturelles et notamment cinématographiques. Elle pourrait d’ailleurs parfaitement incarner la bande-son de l’un d’eux, notamment sur les titres construits autour d’une lente mélopée au piano (A dead leaf dance ; Frozen river), qui ne sont pas sans nous rappeler les travaux de Yann Tiersen, de Clint Mansell ou de Craig Armstrong pour le 7ème art. L’autre pont tissé entre la musique et le cinéma par le trio consiste à ajouter des bribes de dialogues de films dans leurs morceaux, à la manière de Microfilm, sauf qu’ici l’exercice n’est qu’effleuré (No good deed goes unpunished ; I gave you a choice), contrairement aux travaux des Poitevins.
« Tempus Fugit » est une incursion dans un monde sombre et glacé, à la fois industriel et sauvage. Le post-rock instrumental composé de passages calmes et de montées progressives sied parfaitement à l’univers imaginé par le trio. Samples et guitares saturées s’entremêlent dans ces montagnes russes mélodiques qui évoquent pêle-mêle 65daysofstatic, DJ Shadow, Godspeed You! Black Emperor ou M83 (Revolt ; Untitled). Certes, les influences sont encore nombreuses mais les premiers travaux de ce groupes de « repentis » méritent bien que l’on leur accorde une écoute et une attention qui va au delà de la simple curiosité.
En bons cinéphiles qui se respectent, ils ont réalisé pas mal de vidéos que l’on peut voir sur leur site. Je vous ai mis ici mes préférées (dont une avec des images de Lisbonne), elles me font beaucoup penser à celles projetées pendant les concerts de Sébastien Schuller.