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Bienvenue chez les Khmers

Publié le 24 juin 2010 par Melaniepiqpiq

Je n'avais jamais vu la pauvreté en face et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est frappant. Ce qui me choque le plus, ce sont tous ces enfants envoyés mendier par leur parents (s'ils en ont) pour faire vibrer la corde sensible des touristes... et ça marche. A 5 ou 6 ans, ils ont déjà une audace incroyable, à l'instar de cette petite fille avec un bébé dans les bras, me demandant avec insistance « money for me, not for you » (probablement la seule phrase d'anglais qu'elle connaisse), elle me poursuit jusque dans le supermarché où je suis rentrée. Que faire pour aider, autre que se lancer dans l'humanitaire?

Ce ne sont pas les quelques dollars que je distribue arbitrairement chaque jour qui vont changer quoi que ce soit. Je me suis rarement sentie aussi impuissante et le spectacle quotidien de cette misère me laisse un arrière-goût d'amertume constant.

L'émergence de Siem Reap comme destination touristique depuis 2005 (2 millions de touristes par an, autant que le nombre de personnes assassinées ou mortes de faim ou de maladie pendant le régime de Pol Pot, macabre coïncidence) n'arrange rien à la mendicité dans la ville: ça a fait affluer des milliers de familles d'autres régions dans l'espoir d'une vie meilleure grâce aux dollars des touristes...
A côté de la mendicité, il y a ces vendeurs à la sauvette qui proposent tous plus ou moins la même chose. La concurrence est tellement rude (comme pour les touk-touk) qu'on te harcèle tous les mètres pour que tu achètes des choses dont tu n'as (à quelques exceptions près) absolument pas besoin ou que tu viens d'acheter au vendeur qui t'a demandé en premier. Guides de voyage, bracelets, parapluies (OK ça peut être utile en saison des pluies), cartes postales (« 10 for 1$! ») , rondelles d'ananas, boissons, baguettes de pain (la colonisation a laissé des traces), flûtes à bec (ou pipeaux, plus exactement): au soleil ou sous la pluie, à midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez (et surtout ce que vous ne voulez pas) chez les Siem Riepais.

Le pire c'est autour des attractions touristiques. Les vendeurs, adultes comme enfants, assaillent littéralement les touristes. A Angkor, je me suis fait prendre en embuscade par une toute petite vendeuse de pipeaux alors que je voulais juste aller aux toilettes tranquillement. La même rengaine en boucle pendant 2 minutes (2 minutes réelles, c'est très long): « please lady, buy a flute, one flute one dollar. (…) Please lady buy a flute, 2 flutes one dollar. Today is bad bini (comprendre business) (…) Please lady, buy a flute, 3 flutes one dollar. Today is bad bini, please buy a flute » et ainsi de suite. C'eût été comique si ce n'était pas aussi tragique dans le fond.
Malgré la pauvreté, la vie semble paisible. En nous rendant au « floating village », nous sommes passés par un village normal (pas flottant, quoi!)... que nous avons largement préféré au « floating village en lui-même...
Pour commencer, pas de route goudronnée mais des chemins de terre battue.

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Je vous présente la fameuse terre rouge, chaleureuse mais salissante... Elle vient recouvrir votre peau d'une fine pellicule dès 10 minutes après la sortie de la douche, même en ville. Je ne vous raconte pas l'état de mon pantalon beige (oui je sais, quelle idée de porter ça) après une journée à Angkor Vat. Je m'étonnais que mes cheveux ne soient pas gras au bout de 5 jours sans lavage jusqu'à ce que je comprenne que la poussière avait un effet shampoing sec, venant se coller sur le gras. Appétissant, n'est-ce pas?!
Je disais donc chemins de terre battue, des deux côtés desquels se trouvaient des maisons sur pilotis.
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Même quand elles ne se trouvent pas au bord de l'eau comme celle-ci, les maisons sont très souvent construites sur pilotis à cause des fortes pluies. Il n'est pas rare de passer devant des champs entiers inondés.
Toutes les portes sont ouvertes, des femmes font la lessive devant l'entrée de la maison (les pauvres elles doivent pas en finir), les télés tournent (ça fait presque anachronisme), ça sent le riz qui cuit, des chiens courent, des jeunes jouent au volley (sur un terrain... en terre rouge, ça alors) ou font les zouaves sur leur mobylette, des enfants pouffent de rire à notre passage et nous saluent à grands coups de « Helloooo! »...
Bref, c'est authentique et plein de vie.
On ne peut malheureusement pas en dire autant des fameux « floating villages » du lac Tonlé Sap quelques kilomètres plus loin... Nous aurions dû prendre plus au sérieux l'avertissement du Lonely Planet qui parlait d' « escroquerie flottante ». Pour les visiter, pas le choix, obligés de louer une barque à moteur au prix exorbitant (pour un pays où on peut trouver une chambre d'hôtel tout à fait convenable à 5$) de 10$ par personne pour 1h30. Et encore, on a eu de la chance, en haute saison c'est 15$. Bon, ça a son charme, c'est indéniable.

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On croise des gens qui se déplacent en barque d'une maison à l'autre, voit des enfants qui se baignent dans l'eau boueuse, des ateliers divers, des magasins, des restaurants, des habitations bien sûr, et plein de scènes de la vie quotidienne comme dans un village « classique ».
Voilà pour le positif.

Mais les pauvres villageois flottants, ils doivent en avoir ras-le-bol de ces couillons de touristes qui passent en s'extasiant à longueur de journée. Et puis nous, on se sent un peu voyeurs... et carrément pigeons. A mi-chemin, pause obligatoire dans un bâtiment sordide en plein milieu du lac, qui fait 3 en un: magasin, buvette, et « crocodile farm ». Tu parles... 10 pauvres crocodiles entassés dans une fosse parmi les déchets.

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Pauvres bêtes , elles faisaient plus pitié que peur.
Il n'y a pas que les crocodiles qui sont honteusement exploités, il y a aussi les enfants...
Tous les 10 mètres, des enfants passent en barque pour proposer des boissons, faire la manche ou demander de l'argent contre des spectacles de sensation.

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Bien triste, tout ça.
Et pourtant... quel peuple fantastique que le peuple cambodgien. Ils pourraient rivaliser avec les Néozélandais au niveau de la gentillesse. Ils se montrent toujours très respectueux, et le sourire qu'ils affichent perpétuellement semble vraiment authentique. Et puis qu'est-ce qu'ils sont beaux!
Je termine par une note d'espoir avec la photo de ces deux adorables petits rencontrés au coin d'un temple d'Angkor. Ils jouaient tout simplement, sous la surveillance de leur mère.
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à 3 ou 4 ans, déjà le look baggy... ça promet!


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