Voilà un groupe qui restera l'une des belles découvertes de l'année. Mac Abbé et le Zombi Orchestra nous offre une musique partagée entre plusieurs styles et des textes mordants, et parfois plein d'humour. Leur premier album est sorti le 31 mai 2010, et il faut bien avouer qu'avec eux, la chanson française a une autre gueule. Des gueules de Zombi me direz-vous ? Et bien oui certes, mais pas seulement, elles sont aussi pleines d'idées et inspirées. C'est pourquoi je vous invite à les découvrir via l'interview ci-dessous de son chanteur, Julien, mais aussi grâce aux trois extraits ci-dessous, à écouter sans modération : "Votre monde est d'enfer", "Bien fait pour ta gueule" et "Le pet vaginal".
Myspace : http://www.myspace.com/macabbe
Le groupe s'est formé en 2008, peux-tu revenir sur cette période pour nous expliquer ce qui a donné naissance à Mac Abbé et le Zombi Orchestra ?
Je menais un projet solo, Mac Abbé, dans les petites salles chansons, dans les petits théâtres. Vu que mes chansons plaisaient au public, j'ai contacté 3 musiciens que j'avais croisé d'ici et là pour monter ensemble la formule groupe de Mac Abbé.
Comment et par qui est venu votre nom ?
Pour Mac abbé, je cherchais un personnage détestable, sordide. Je n'ai pas beaucoup d'amour envers les religions de tout bord et il me semblait qu'un prêtre proxénète (Mac + Abbé) pouvait bien coller à ce que je voulais faire. Pour le Zombi Orchestra, on voulait que ça donne un coté orchestre déjanté.....et voilà.
Pourquoi ce style musical difficilement identifiable ? C'est un style que vous aviez en tête dès le départ ?
Non, ce n'est pas vraiment un style mais plusieurs. Avoir un projet artistique fort en caractère au niveau visuel, décors, ambiance, nous a permis de nous promener dans une palette de style musicaux, swing, jazz, rockabilly, rock, chanson. C'est une grande liberté pour nous et c'est très agréable en tant que musicien.
Rapidement le groupe a souhaité s'enregistrer, puisqu'un premier album autoproduit a vu le jour dès votre première année. Pouvez vous nous parler de ce premier enregistrement et pourquoi présentez-vous "Votre monde est d'enfer" comme votre premier album ?
Ce premier album n'est pas un autoproduit même si nous avons géré nous même beaucoup de phases de la production. Il est produit par le label stéphanois Carotte Production. Ils nous ont accompagné, dirigé et aussi financé ce disque. Nous sommes très heureux de cette collaboration made in St Etienne. Avant "Votre monde est d'enfer", il y a eu un premier disque de Mac Abbé tout seul, une petite série de 500 exemplaires, puis avec le Zombi Orchestra un EP de 6 titres. "Votre monde est d'enfer" est donc bien notre premier album, avec une distribution, une production, une vraie sortie nationale, une promo.......
Est ce que le fait de vous présenter au travers de personnages et plus particulièrement de personnages venant d'un au-delà, vous donne une liberté de ton et d'écriture, que vous n'auriez pas au sein d'un groupe classique ?
Exactement, le fait que nous soyons grimés plonge le public dans un monde où le second degré est explicite. De notre coté, nous mettons un masque pour aller sur scène, cela nous protège en tant que personne et laisse la place aux zombis.
Comment avez vous composé cet album et où a t'il été enregistré ?
L'album a été enregistré à St Julien Molin Molette dans la Loire, dans le studio de l'association l'Oreille est Hardie. J'avais pas mal de morceaux avant de créer le groupe, nous les avons arrangé ensemble. Nous avons aussi créé des titres en pré production durant l'été 2009.
Est ce aussi parce que le monde dans lequel nous vivons ne vous ressemble pas que vous avez choisit ce décalage ?
Je sais pas, en tous cas c'est très plaisant de pouvoir chroniquer le monde avec les yeux de quelqu'un qui en est détaché. Cela permet aussi d'avoir plus de recul et d'ironie, ça rend le discours plus léger.
On retrouve sur vos prestations, un côté théâtral important. Comment les préparez-vous ? Laissez vous place à l'improvisation ?
Il y a bien sûr une trame que l'on suit à chaque concert, par contre on attend les réactions du public et on les utilise pour varier le spectacle. On essaie toujours de stimuler le public d'aller le chercher pour qu'il soit avec nous dans la discussion. On peut tout à fait arrêter le concert pour réagir à ce qu'il se passe dans la salle, ou pour répondre à une réflexion des gens.
Comment vous est venu cette chanson sur le pet vaginal ?
Ce morceau a commencé sur un pari avec une bande de copain de mon village, du style "même pas cap de faire une chanson sur le pet vaginal ! ". Le concert d'après je la chantais sur scène, et elle a fait rire beaucoup de gens, du coup elle est devenu un titre important du répertoire.
La France vient d'être éliminé de la coupe du Monde, ça te fait quoi ?
Beaucoup rire ! Ça me soulage aussi car nous avons beaucoup de concerts cet été et on ne sera pas parasité par les matches de l'équipe de France. Les petites histoires de l'équipe de France me font vraiment marrer, avec de tels salaires..! Ils font n'importent quoi ! Le gars qui bosse à l'usine pour 1/1000 de leur salaire s'applique plus dans son travail.
Vous êtes d'une région qui, artistiquement bouge beaucoup. Je n'arrête pas de le dire parce que j'ai chroniqué beaucoup de groupes lyonnais cette année, dans des styles variés et souvent originaux que, à mon avis, on ne retrouve pas sur Paris. Y'a t'il une explication à cela ?
Ici on respire, c'est peut être ça. Je pense aussi que la politique culturelle de la région Rhône Alpes est très volontariste. Par exemple, le budget mis en place par la région, qui pourtant n'est pas sensé le faire, est équivalant à celui donné par le ministère de la Culture sur notre territoire. Je crois qu'il n'y a pas beaucoup de région dans ce cas.
Peux-tu nous présenter Carotte production et nous en dire quelques mots ?
Carotte Production est un label stéphanois. Il s'occupe principalement de 3 groupes, TD+ qui font un dub pure souche de très grande qualité, de Barrio Populo un groupe de rock festif vraiment excellent et de nous. Le label gère aussi une salle de spectacle, Le Pax à St Etienne. Le label nous accompagne autant sur les productions de disque que sur la promotion, sur la préparation à la scène. Très actif et très polyvalent, c'est pour nous un appui exceptionnel.
Votre myspace montre une série impressionnante de dates en juillet et aout. Comment travaillez vous sur la préparation des concerts, et comment avez vous réussit à booker autant de dates ?
Pour booker autant de date et bien, on travail beaucoup ! Puis il faut dire que le groupe plaît et que les programmateurs sont très réceptifs à notre projet. Pour ce qui est de la préparation, et bien on répète toute l'année, des résidences en salles de spectacle, du travail à l'instrument individuel.
D'un point de vue artistique, qu'elle est votre ambition avec cet album ?
Peut être montrer que la chanson française actuelle ne se limite pas à Bénabar et Vincent Delerm. Que l'on peut parler de sujet divers et variés, que l'on peut encore rire en parlant choses graves, que l'on peut oser, et même qu'il faut oser, surprendre, amuser.
D'un autre point de vue, qu'elle est votre objectif ? Faire bouger les choses, ou juste exprimer une colère ?
Ni l'un ni l'autre. Notre premier objectif est de DIVERTIR les gens. On oublie souvent que les gens viennent voir des spectacles pour s'amuser, pour s'évader. Ça ne veut pas dire que l'on ne peut pas parler de sujet important, que l'on ne peut pas faire changer les choses mais avec humour, avec bienveillance, avec PLAISIR.
Savez vous aujourd'hui qui est votre public ?
Oui, notre public est très large, de 10 à 70 ans, chacun y trouve sont compte, chacun à son niveau de lecture. On peut danser si on veut, on peut prendre le temps de se plonger dans le texte. Les plus petits voient des clowns un peu bizarres, les plus grands retrouvent des airs de Didier Super, de Desproges, de Boris Vian.
Quel est à ce jour votre meilleur souvenir ? Auriez vous aussi quelques anecdotes à partager ?
Un jour, lorsque je jouait encore en solo, un fils de député UMP a très mal pris le spectacle et il voulais me castagner. J'ai du sortir par la porte de derrière pour m'en sortir entier. Ça c'est vraiment du bonheur, une grande réussite !
Merci je telaisse donc le mot de fin :
Vous qui êtes vivants, profitez en !