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poétisme et réel chez les mômes!

Publié le 25 juin 2010 par Orlandoderudder

Lu ça sur l'excellent blog de marie rennard (http://rennard.canalblog.com/):

http://rennard.canalblog.com/:

Une adresse, mine de rien, ça dit plein de choses. A Emerainville, on a laissé les mômes s'occuper de nommer les rues. L'Allée du temps qui passe donne sur la Rue du lapin vert, pas loin la Rue du champ tortu. Si vous vous consultez google map, vous verrez que le quartier abrite aussi une Allée du crocodile rose et une Rue des maîtresses gentilles, et qu'il n'y a pas que des avantages à laisser les enfants faire comme ils l'entendent. Un quartier tout entier a payé un lourd tribut à la Révolution, et je n'envie guère les pauvres gens qui pour aller faire leurs courses doivent tous les jours arpenter la Rue Danton, celle des Etats Généraux, l'Avenue de la Convention, celle du 4 août 1789, ou le square Charlotte Corday. Ca fait des itinéraires sanglants.

Voici mon commentaire:

Je ne marche pas: trop de poétisme gouleyant pour les adultes! C'est pas ça, les mômes! Là, ça fait lecteur de Bayard presse! Pour ce qui est du nom des rues, les gamins vrais inventent souvent des trucs comme la « rue du gros prout! »! Ce qui rejoint les vieux noms authentiques, comme à, paris la rue du Pélican (en fait du « poil au con ») et du petit-musc (« la pute y musse », elle s'y cache, du verbe ancien français «musser »). C'est vrai que les vieux noms de rue dansles villes sont devenues « général machin » et non « dessous-des-berges ou « rue de la grange aux belles »... pour en revenir aux gamins, quand on les respecte au lieu d'induire des nunucheries poéticailleuse, on a bien mieux!

La rue du gros prout existe...du moins je l'ai rencontrée chez un jérémie de 6e vers 1992... Dans mes ateliers d'écriture, je ne m'occupais que de forme et d'ordre du récit.. De suspense et je laissais libre cours aux idées des enfants. Je faisais passer un peu de grammaire et utiliser les usuels... Ce qui pouvait devenir assez cocasse mais malhabilement correct. Un énoncé comme "la grosse pute, elle éclate la gueule du mec en costard vert", énoncé courant dans les vraies narrations des mômes qui sont en confiance, n'était pas corrigé par moi-même. Mais je disais "vos parents vont lire votre texte"...Et alors, on fonce sur la grammaire et le dictionnaire des synonymes. pour la phrase ci-dessus, ça donnait parfois des trucs du genre " l'hétaïre replète frappa le dandy au costume céladon", dictionnaire des synonymes oblige... Il le fallait...Mais l'effet cocasse se montrait séduisant! Les gosses ne sont pas des petits-bourgeois poétisants à lapin vert et à crocodile rose de merde! ! Ils sont chiants, cruels, tendre, odieux, marrants, pas commodes..ils existent. Et dans mes ateliers, je m'arrangeais à leur apprendre à écrire tut en exprimant leur imaginaire... Et leur goût des mots, cocasses, incongrus ou grossiers... « l'hétaïre replète tabassa le dandy vêtu de céladon »! J'ai principalement dirigé mes atelier en ZEP, avec des gamins « défavorisés »! Alors, le crocodile rose, ça va saigner vite fait!

Mais s'il y avait un lapin vert, il se faisait rapidement buter! Dans un texte de gamins, le crocodile rose bouffait la pouffiasse aussi sec! Sauf que, bien sûr je rappelais que les parents liraient... Alors, l'autocensure allait toute seule! Les profs étaient généralement hilares...ou consternés! on rigolait bien, fous-rires et travail sérieux! C'est là que ma fille a commencé à écrire...depuis elle en a fait son métier...Mais désormais sans gros prout , pouffiasse, hétaïre ou costume céladon!

Je précise encore: l'imaginaire des enfants se constitue avec la télé et la fréquence des putes dans leurs écrits venait de là. Mon boulot était à la fois de respecter leur imagination (et je laissais passer des choses grossières,du moins pour les adultes, ou argotiques) tout en leur faisant connaître d'autres niveaux de langue. La recherche des synonymes de "prostituée" dans un dictionnaire créait en général un grand moment de rigolade et es textes présentaient parfois des phrases dans lesquelles une gourgandine voire une horizontale flinguait une mijaurée (oui! Ça flingue beaucoup chez les enfants)...

De plus, en leur disant qu'on allait les lire, je les amenait à écrire pur les autres, à narrer (on n'arrêtait pas de se narrer) Et je tenais à ce qu'on imprime leurs livres (écrits collectivement) qu'on les vende à la fête de l'école ou du collège, ce qui permettait d'acheter des livres pour le CDI ou du, matériel de dessin... Bref, c'était une façon de les placer dans le réel, de les "mettre au monde" en maïeuticien fervent. Chez les petits les hôpitaux se peuplent de fermières...Parce qu'infirmière n'était pas toujours intégré...Des fois, je laissais et les fermières faisaient des piqûres à tout bout de champ...

Je reçois de temps en temps des lettres, par l'intermédiaire de mes éditeurs, venant de gamins d'autrefois qui se souviennent, avec une photo de mariage, souvent...et je pleurniche! Puis, aussi, quand je fais mes courses à Auchan, un grand gaillard ou une mère d efamille m'aborde chaleureusement et devant mon étonnement précisent qu'ils assistaient à ue de mes ateliers dix ou quinze ans auparavant...

Décidément, je,l'encule tout debout, le lapin vert! Ils ont fait bien mieux, mes mômes (j'ai aussi dirigé des ateliers pour adultes)... Lapin vert! Mon cul! je préfère nettement la "marie-couche-toi-là" (ma femme aussi s'appelait Marie! hi! hi!) ou la "gagneuse" qui devenait parfois une simple "roulure" que le léporide viride (ça, se serait après le dico des synonymes)...

Et puis un jour, un gamin imaginant un incendie... Dans les champs...les héros fuyaient les flammes poussées par le vent... En traversant à toute vitesse le champ de maïs il furent aspergés d'une neige de pop-corns... voilà une trouvaille que je jalouse...Ce serait une image superbe pour un film! Sont géniaux autant qu'emmerdants, les gamins! Les enfants sont des gens! Pas des machines à lapin vert convenu et convenable!

quelques-uns de mes plus beaux souvenirs en tout cas!

Penser l'atelier d'écriture en tant qu'apprentissage, genre compagnonnage et non animation... Transmettre... Et se remettre en question constamment... Fatiguant mais merveilleux!


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