Magazine Culture

Poezibao a reçu n° 133, dimanche 27 juin 2010

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
°Annie Le Brun, Si Rien avait une forme, ce serait cela, Gallimard
°Paul de Brancion, Temps mort, Lanskine
°Fanny Gondran, Rivages du désordre, Tarabuste
°Serge Airoldi, Comme l'Eau, le miroir changeant, éditions Fario
°Eric Cassar, Instants poétiques, Éditions des Vanneaux
°Albert Strickler, Le Bréviaire de l'écureuil, Journal du Tourneciel 2009, Éditions des Vanneaux
°Philippe Merlet, Motu, Mandalay
°Joëlle Gardes, Par-delà les murs, Éditions de l'Amandier
°Marie du Bouchet, Florian Rodari, Alain Madeleine-Perdrillat, Entretiens avec Claude Garache, Hazan
°Jean Le Boël, Tattegrain, La Ramasseuse d'épaves, Éditions Invenit
°Pierre Dhainaut, Manessier, Blés après l'averse, Éditions Invenit
et les revues
° L'œil Bleu, n° 3, 7 & 11
° Dissonances, n° 10

*Annie le Brun
Si rien avait une forme, ce serait cela
Gallimard, 2010
21,90 €
" ″Si rien avait une forme, ce serait cela.″ Découvrant cette phrase par laquelle Victor Hugo rapporte ce que lui révélait le télescope d'Arago, un soir de l'été 1834, j'y reconnus tout de suite l'objet de mes préoccupations.
Je n'en savais pas plus sinon mon impatience à voir surgir de la nuit de ce temps ce qui n'était pas encore. Là aussi l'exactitude de Victor Hugo était impressionnante : ″Confusion dans le détail, diffusion dans l'ensemble ; c'était toute la quantité de contour et de relief qui peut s'ébaucher dans de la nuit. L'effet de profondeur et de perte du réel était terrible. Et cependant le réel était là.″
Victor Hugo observait-il ici une des montagnes de la Lune, le "Promontoire du songe", qu'il nous ramenait au plus loin de tout système, c'est-à-dire au plus près de ce qui nous importe, très précisément là où se fomentent les rêves dont nous sommes faits.
Quant à la méthode pour s'en approcher, il la fallait indissociable d'un objet qui n'existe qu'à se déplacer d'une interrogation formulée dans un domaine à sa réponse trouvée dans un tout autre domaine, peut-être même des siècles après. Sur ce point encore, je décidai de m'en tenir à la recommandation de Victor Hugo : "Allez au-delà, extravaguez."
Je n'ai prétendu à rien d'autre. " (Dos du livre)
*Paul de Brancion
Lanskine, 2010
10 €
" Charnier stellaire, mille étoiles, la nuit a disparu.
Qui fut Dieu ?
Qui parle ?
Il attend, en sous main, caché, le signe dont toute motivation procède.
Il accomplit ainsi son périple (projeté)
"(p. 46)
Rives du désordre
Tarabuste, 2010
12 €
" Une poète s'émerveille du désordre apparent et des hasards qui régentent et structurent en séquences parfaitement réglées notre vie " (prière d'insérer)
*Serge Airoldi
Comme l'eau, le miroir changeant
Éditions Fario, 2010
13 €
" 3. Suis les fous suis fronton, suis l'adyton, et portique, l'orchestra. Suis la roche mauve d'Agrigente, celle de Sélinonte, et le vent tout chaud dans les dais de la cathédrale. Suis Galla Placidia et les colombes et les lagunes, les lagunes de l'avant, suis l'agneau de Ravenne et la mosaïque verte d'un pré. Suis l'agneau pur et ce lion de Mycènes, suis le cuivre, or, platine et l'airain, colonne rostrale, le rhyton et l'oenochoé d'argent et le lécythe à fond blanc, les criques et les trières. Suis l'idée du mausolée d'Halicarnasse. "(52)
*Eric Cassar
Instants poétiques
Éditions des Vanneaux, 2010
15 €
à propos d'Eric Cassar, voir aussi l'article de Poezibao, " il ne faut pas vilipender le marché de la poésie. "
La soif
" Boire un verre d'eau
Boire un verre vide
imaginer l'eau
imaginer boire un verre d'eau
un nuage
Absorber une gorgée "

(p. 29)
*Albert Strickler
Le Bréviaire de l'écureuil, Journal du Tourneciel 2009
Éditions des Vanneaux, 2010
25 €
" 27 septembre
[...]
" Entre-temps cependant, il y a eu mille échanges furtifs - une vraie pollinisation - dont maints mériteraient évidemment d'être poursuivis comme celui avec Ivar à la centaine d'hétéronymes
28 septembre
Autre miracle hier : celui qui fait qu'avec Lambert [Schlechter) nous bouclons la boucle que j'avais ouverte la veille avec Pierre et Jacqueline Dhainaut. Cette dernière s'étant présentée comme une inconditionnelle de Thomas Bernhardt et Lambert m'apprenant qu'il a été le premier traducteur du dramaturge autrichien. Le tout assaisonné pour ce qui me concerne du souvenir du cher Alfred Kern qui avait été si fier d'introduire Bernhardt en France au temps où il était lecteur d'allemand chez Gallimard, mais aussi de l'ami Pierre qui m'en avait fait l'éloge jadis avec la même ferveur qu'il m'initia par la suite à Seebald, dont il faut question aux deux extrémités de ce magnifique week-end également. "
(493) "
*Philippe Merlet
Mandalay, 2010
Encres d'Isabelle Raviolo
15 €
En langage tahitien, motu signifie petite île. C'est aussi un adjectif qui veut dire cassé, déchiré.
Écrit dans un style dense et précis, Motu offre un voyage dans un univers singulier.
*Joëlle Gardes
Par-delà les murs
Photographies de Patrick Gardes, gravures de Martine Rastello
Éditions de l'Amandier, 2010
25 €
Par-delà les murs est le résultat d'un compagnonnage entre la poète Joëlle Gardes, le photographe Patrick Gardes et la plasticienne Martine Rastello. Chacun avec ses outils a cherché à montrer la continuité entre la nature et l'art, et les résonances d'un art à l'autre (rabat de couverture)
Loin des murs des séparations que l'on abat ou que l'on dresse, loin des murs de la honte, nos murs sont ceux de la rêverie.
Le regard y prélève un fragment et une géographie fabuleuse s'y dessine.
La pierre devient lac, fleur, tableau,
le mur flotte léger comme un nuage, coule transparent comme un ruisseau.
Par-delà les murs s'ouvrent l'espace intérieur et la plaine illimitée du songe.
(Dos du livre)
*Marie du Bouchet, Florian Rodari, Alain Madeleine-Perdrillat
Entretiens avec Claude Garache
Hazan, 2010
28 €
A propos de ce livre, voir la note de lecture détaillée que lui a consacrée Alain Paire, sur Poezibao.
*Jean le Boël
Tattegrain, La Ramasseuse d'épaves
&
Pierre Dhainaut
Manessier, Blés après l'averse
Collection Ekphrasis, Éditions Invenit 2010
Chaque livre, 8 €
C'est Colette Nys-Mazure qui, au Marché de la poésie, a attiré l'attention de Poezibao sur cette nouvelle collection de l'éditeur Invenit. Il s'agit, à chaque fois, de mettre en présence une toile qui se trouve dans les musées de la région Nord et un écrivain. La collection est sous-titrée ″Regards littéraires sur les collections de peintures du Nord − Pas-deCalais″. Le principe en est donc : un musée, un écrivain une œuvre. Dans les deux ouvrages présentés ici, Pierre Dhainaut d'une part, Jean Le Boël d'autre part, ont choisi le premier une toile de Manessier, Blés après l'averse qui se trouve au Lieu d'art et d'action contemporaine à Dunkerque, le second une toile de Francis Tattegrain, La Ramasseuse d'épaves, qui se trouve au Château-Musée de Boulogne-sur-mer.
" Pierre Dhainaut nous guide au travers et au-delà de l'œuvre de Manessier. Loin de l'éclipser il la place dans la lumière. Tels " un corps immense dont les membres s'écartent ", il nous donne à voir les blés balayés par les vents, à entendre cette épiphanie de la terre nourricière qui engendre la vie et le souffle. Il y est question de joie, de lumière, de Victor Hugo.
Jean Le Boël, lui, s'interroge sur cette jeune femme aux vêtements en lambeaux, qui porte sur son épaule les reste d'une embarcation chavirée et " traîne son univers entier avec elle ". (Brochure de présentation de la collection).
Dans la même collection : Gérard Farasse, Jean Dubuffet, Paysage du Pas-de-Calais II et Jean-Pierre Spilmont, Pieter Bruegel, L'excision de la pierre de folie. Parmi les parutions à venir, notamment Sylvie Germain sur un Patinir, Michel Butor sur un Dirk Bouts, Ludovic Degroote sur un Eugène Leroy.
*revue L'œil bleu, n° 3, 7 & 11
Revue de littérature XIX et xx e
Le numéro 11, juin 2010, 104 pages, tiré à 150 exemplaires, 12 €
Association L'œil Bleu, 59, rue de la Chine, 75020 Paris
Adresse mail : [email protected]
sur cette revue :
" Rédigée par les soins de Nicolas Leroux et d'Henri Bordillon, la revue L'Œil bleu ne livre pas son programme dans une quelconque préface ou note de la rédaction. C'est sur la couverture, originale et bien composée, que s'affiche le parti pris de la publication : les auteurs choisis ne font pas l'actualité littéraire, ils n'appartiennent pas à la catégorie des " classiques de la littérature " enseignés (parfois) dans les écoles. Hugues Rebell, Adolphe Retté, G.-A. Aurier : ces minores de la belle époque se partagent l'affiche. Au dos de la revue, d'autres noms attendent le bonheur de la republication : Alfred Vallette, Laurent Tailhade....( lire la suite de la présentation détaillée de Fabula.org)
A noter parmi les auteurs-phares présentés par la revue Tristan Corbière, Blaise Cendrars, Alfred Jarry et Gustave Le Rouge. Également à retenir un tiré à part consacré à Bernard Marcotte.
*Dissonances
Numéro 18, été 2010
3 €
Dissonances est une revue" pluridisciplinaire à but non objectif ", revue de création littéraire thématique et semestrielle (mai et octobre) dont les objectifs sont la découverte et la promotion de la jeune littérature francophone sous toutes ses formes. Le thème du présent numéro est " Entrailles ", le numéro 19 à paraître à l'automne 2010 sera consacré lui au thème " Idiot ". Les textes reçus ( [email protected]) sont tous rendus anonymes avant d'être proposés au comité de lecture. Carte blanche est donnée à un artiste pour illustrer chaque numéro.
site
Au sommaire du numéro 18, notamment Hubert Haddad, Guillaume Vissac, Eric Dejaeger, Cathy Garcia, Basile Rouchin et les éditions Hermaphrodite. Mise en images Eric Massé.


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