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Soirée Traduction de Poezibao, les textes : 2. Klaus Merz

Par Florence Trocmé

Poezibao a organisé le 16 juin dernier une soirée spéciale Traduction en pré-ouverture du Marché de la Poésie, à Paris (compte-rendu, avec photos).  
Le principe était le suivant, chaque traducteur apportait une traduction inédite, laquelle serait publiée ensuite sur le site Poezibao.  
Le site entreprend donc aujourd’hui la publication de ces contributions. Dans l’ordre seront ainsi publiés des textes et poèmes de : 
 
1. Rachel Blau Du Plessis (traduction Auxeméry) 
2. Klaus Merz (trad. Marion Graf) 
3. Frank O’Hara (trad. Olivier Brossard) 
4.
George Oppen (trad. Yves di Manno) 
5. Nichita Stanescu (trad. Pierre Drogi) 
6.
Herta Müller (trad. Pierre Drogi) 
7. Carlo Bordini (traduction Olivier Favier) 
8. Sera publié également une traduction inédite d’Eric Arendt, envoyé par Jean-Claude Schneider qui ne pouvait malheureusement être présent.  Un fichier Pdf avec l'intégralité des textes sera publié lorsqu'auront été mises en ligne toutes les contributions.

2. Klaus Merz 
Traduction Marion Graf 

Poezibao publiera prochainement la note bio-bibliographique de Klaus Merz ainsi qu’une sélection de quelques poètes, également traduits par Marion Graf.  
 
 
 
Ces petits signes d’espoir 
 
Des voix au-dessus de la grand’place, réglage de la sono pour le film du soir. Sans image encore, car il fait jour. On entend deux voix connues de la génération intermédiaire, le bruit d’un voyage en train qui commence. Open air. 
Peut-être que le héros de la soirée fait le voyage de Hambourg à Heidelberg. Il a peu de bagages et le cheveu rare. La verrue sombre qu’il a au milieu du front lui donne une détermination qu’il a perdue depuis longtemps, au cours d’autres voyages.  
Ce doit être un héros fumeur. 
Dans le filet des bagages, il vient seulement de découvrir le manteau mi-saison d’une inconnue qui d’un instant à l’autre, pourrait revenir dans le compartiment. Il n’a jamais aimé ce mauve. Mais il aimerait avoir l’impression que sur le quai, au moins, il a eu les mots qu’il fallait pour prendre congé. 
Sifflements rauques. Le train approche d’un passage à niveau non gardé, prend de la vitesse. Au loin, des cheminées d’usine, la fumée indique que le vent souffle de l’ouest. Le héros prend longuement connaissance de son visage dans la vitre et s’enfonce dans le crépuscule allemand

Traduction de Marion Graf. Marion Graf est notamment la traductrice de Robert Walser pour les éditions Zoé. 
 
 
 
 
Diese kleinen Zeichen der Hoffnung 
 
 
Stimmen über dem grossen Platz, Tonprobe für den Film am Abend. Noch ohne Bild, weil es Tag ist. Zwei bekannte Sprechstimmen der mittleren Generation sind zu hören, das Geräusch einer beginnenden Bahnfahrt. Open air. 
Vielleicht reist der Held des Abends mit dem Zug von Hamburg nach Heidelberg. Er hat wenig Gepäck und schütteres Haar. Die dunkle Warze in der Mitte seiner Stirn verleiht ihm eine Zielstrebigkeit, die er auf anderen Fahrten längst eingebüsst hat. 
Wahrscheinlich ist er ein rauchender Held. 
Im Gepäcknetz entdeckt er erst jetzt den Uebergangsmantel einer Frau, die jederzeit ins Abteil zurückkehren kann. Dieses Lila hat er noch nie gemocht. Aber er hätte gerne das Gefühl, sich auf dem Bahnsteig wenigstens mit den richtigen Worten verabschiedet zu haben. 
Heisere Huptöne. Der Zug rollt auf einen unbewachten Niveauübergang zu, steigert die Geschwindigkeit. In der Ferne Hochkamine, nach dem Rausch zu schliessen Westwind. Der Held nimmt sein Gesicht im Zugfenster ausgiebig wahr und fährt weiter in die Deutsche Dämmerung hinein. 
 
(Klaus Merz, Bootsvermietung, Prosa Gedichte. Howeg, 1985)


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