Par Hong Kong Fou-Fou
Sous ce titre sibyllin que seuls les initiés comprendront se cache la nouvelle rubrique de Fury Magazine. Mais oui, une nouvelle rubrique, nous continuons à mépriser la crise.
L'été est là. L'été, période de tous les dangers pour l'élégance masculine. Ben oui, toute l'année au boulot on fait gaffe, on soigne son apparence, on assortit la couleur de sa cravate à celle de la culotte de sa secrétaire, on s'enlève le persil coincé entre les dents. Mais avec les vacances, l'attention se relâche, on a envie d'être décontracté, et c'est le drame, la mouche dans le lait, on se retrouve mal fagotté aussi vite que l'équipe de France de football se retrouve dans un avion pour Paris. On ne sait pas trop comment ni pourquoi, mais on est là à déambuler bêtement sur le bord de mer, un cornet de glace à la main, en marcel jaune, pantacourt vert, sandales et chaussettes rouges aux pieds, une casquette du Tour de France sur la tête, qui reprend généralement toutes les couleurs sus-citées. Et aucun de vos prétendus amis n'est là pour vous tirer une balle salvatrice dans la nuque. Eh bien, Fury Magazine sera cet ami.
Aujourd'hui, notre but sera de vous mettre en garde contre ce fléau dont les météorologues de la mode annoncent le grand retour : le sac banane, ou banane (un frisson glacé parcourt l'assistance). On croyait être débarassés de cette sacoche ventrale née dans les années 1980-90 dans laquelle des hordes de touristes méfiants rangeaient leur argent, leur(s) boîte(s) d'Imodium et un bout de papier avec l'adresse de leur ambassade, eh bien, non, elle revient. Des grands créateurs en ont même mis dans leur collection. Que les choses soient claires : griffée ou pas, unie ou bariolée, en poil de chameau ou en kevlar, la banane est à l'élégance masculine ce que l'astrolabe est à la course automobile. Cet appendice ventral, déjà disgracieux par lui-même, sert souvent de repose-bedaine à des messieurs au ventre distendu, ce qui ne fait qu'augmenter l'étendue des dégâts, et par la même occasion rend l'objet inutilisable. Donc, messieurs les prétendants à la banane, au moins, surveillez votre ligne. Remarquez, que banane et régime fonctionnent ensemble, c'est logique, non ? Et ne venez pas me dire "Oui mais moi je la porte sur le côté", "Moi je la mets derrière". Vous pouvez vous l'enfiler dans l'oreille, une banane reste une banane. L'été, pour le célibataire de base, c'est fait pour draguer. Que vous attendiez tranquillement les proies scandinaves sur nos belles plages nationales, ou que vous partiez traquer sur leur sol quelques ténébreuses beautés italiennes, en bref, que vous jouiez à domicile ou à l'extérieur, si après avoir réussi à attirer l'attention de l'élue de votre b..., heu, coeur, vous sortez pour allumer sa cigarette un briquet de votre banane, vous êtes définitivement out. En juillet aussi (merci, Goudurix). Ce n'est pas compliqué : le seul individu qui a le droit de porter une banane, c'est le marchand de chouchous sur la plage. Et encore, il faut qu'il l'enlève avec dédain après sa journée de boulot.
Dans le même ordre d'idée, vouons vite aux gémonies ces minuscules sacoches que certains portent en bandoulière, et qui peuvent à peine contenir un demi-kleenex. C'est moche, c'est du faux Vuitton, du faux Burberry, c'est souvent assorti avec du vrai Rivaldi, bref, à proscrire si vous avez plus de quinze ans (si vous avez moins de quinze ans, allez vite demander à vos parents l'autorisation de lire les propos déviants de Goudurix).
Mais alors, me direz-vous, dans quoi vais-je mettre mes affaires ? Une solution, c'est la sacoche de DJ. Si en plus vous portez des fringues bizarres et que vous avez la démarche chaloupée, vous serez crédible.
Mais le mieux, c'est de ne rien utiliser du tout. Le téléphone portable, un fil à la patte inutile. Laissez-le à la maison. Vous devez vous rendre indispensable, les autres se débrouilleront pour vous joindre (et tant pis si vous passez l'été seul, avec comme seul compagnon "Les Pensées" de Pascal. Au moins, vous resterez digne). Les clefs de voiture, pas besoin de les ranger, vous les faites tourner négligemment au bout de votre doigt. Sauf si vous roulez en Porsche, vous passeriez pour un beauf riche. Ce que vous êtes sûrement. Le porte-feuilles, à la maison aussi, dans un tiroir. On vous le dit à la télé, la carte de crédit suffit. Bref, l'été, le seul truc dont vous avez besoin, c'est d'un sourire carnassier à la Sean Connery dans "Doctor No". A bon entendeur...