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[Critique cinéma] Tournée

Par Gicquel

[Critique cinéma] Tournée

« Tournée » de Mathieu Amalric

Prix de la mise en scène à Cannes.2010

3 out of 5 stars

Le regard halluciné, la tête dans les étoiles, quand elle ne porte pas les valises qu’il trimballe sous les yeux, la silhouette gainsbourgienne, Mathieu Amalric a dans ce film  le rôle d’une grenouille. Qui aime une  princesse qui montre ses fesses.

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Elle s’appelle Mimi le Meaux (Miranda Colclasure) et découvre la France dans son numéro de stripteaseuse composée avec une bande de joyeuses copines. C’est la troupe du New Burlesque pour laquelle le comédien-réalisateur a craqué au point d’en composer une balade en images, pleine de tendresse et d’affection.

Ce sont des portraits de  femmes au regard aimant et aux poses suggestives, des grâces sans apprêt, vibrantes d’émotions, au point  d’en oublier qu’elles interprètent leur propre rôle. Du film au spectacle, on s’y perd, et c’est la grande réussite du film qu’elles portent sans retenue, comme un prolongement à leur quotidien américain. Ce sont  Suzanne Ramsey , Linda Marraccini , Julie Ann Muz et  Angela de Lorenzo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Acteur ou réalisateur, il faut le voir, notre Mathieu national,  déballer ses sentiments pour Kitten on the Keys, Dirty Martini, et autre Evie Lovelle, au point d’en oublier parfois sa caméra, qui ronronne dans la contemplation. Le film est long et flotte  au gré des fantaisies des unes et des autres, tant l’improvisation, feinte ou réelle, marque ici son empreinte charnelle.

On aimerait s’y complaire, si l’histoire de cette tournée française n’était avant tout la dérive de ce producteur rejeté par la capitale et avide d’y revenir pour un triomphe. Un homme au paraître fragile quand une caissière de grand marché (Anne Benoit , ahurissante)  propose de lui montrer ses avantages. Un homme  au bord du précipice et que le sourire d’une femme peut sauver. C’est la scène magnifique de la station service dans laquelle Aurélia Petit , en caissière (tiens, tiens..)  drôle et dragueuse, est à tomber par terre.

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Cette facette du personnage, Mathieu Amalric , la révèle sous les traits d’un saltimbanque royal à l’humeur vagabonde. Généreux pour ses filles, colérique face à l’adversité et complètement paumé devant l’échec de sa vie familiale. C’est là tout son drame évacué dans cette quête d’un ailleurs de paillettes, de cette autre famille du New Burlesque qui petit à petit prend la mesure cafardeuse de cette tournée qui n’atteindra jamais Paris.

Elle tourne en rond à  l’image d’un final aussi bringuebalent que triomphant. Dans un hôtel de bord de mer, abandonné, la petite troupe a trouvé refuge. C’est un passage particulièrement réussi, où tout l’esprit du film s’y condense en un ballet de bonnes blagues et de vérités enfin assumées. Le producteur est maintenant serein, derrière ce bar poussiéreux où il aboie : «  le show va commencer ». Et le film se termine …

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