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Le déclin d'une cité ou d'une société peut-il se mesurer ?

Par Jjs

Le déclin d'une cité ou d'une société peut-il se mesurer ?

Le mot "déclin" est de plus en plus utilisé pour caractériser la situation de certains pays. Mais qu'est ce qu'un déclin ? Le retour vers une pente descendante. Une cité qui ne vas pas vers l'élevation. Quand une cité s'élève-t-elle ? Lorsqu'elle élève et grandit ce qu'elle touche .Lorsqu'elle donne un exemple aux autres et donne l'envie de vivre.

J'ai eu l'occasion, il y a peu, de revoir le "neveu de Rameau" de Diderot. Dans ce magnifique texte, Diderot discute avec F. Rameau, personnage un peu fou mais qui dit tout haut ce que le commun pense tout bas. C'est cette sincérité - si rare qui touche le philosophe - ce même s'il réprouve la plupart de ses propos, déments pour la plupart. Rameau est un être déréglé mais qui montre à la fin de ce texte que son déréglement trouve son origine dans une double souffrance : la violence de son oncle, l'égoisme du "génie" Rameau, le musicien et la difficulté qu'il y a pour certains jeunes à vivre à l'ombre de grandes gloires du spectacle ou du monde de l'extériorité (culture, politique, grandes affaires, ect) et la perte de sa petite femme qui  lui a causé un terrible chagrin. Le philosophe absout finalement le "fou" Rameau car il comprend que la violence du propos trouve son origine dans une terrible souffrance mais que le fond est bon puisque la verité, l'envie de sincérité est sauf....

Dans ce beau texte, Diderot donne quelques indications sur la vie droite et montre ce que c'est que s'élever. Etre "génial" n'est rien si l'on n'est pas un honnête homme et l'honnête homme n'est pas le bon bourgeois qui sauve les apparences car il y a quelque chose d'honnête chez le fou Rameau - sa sincérité-...L'honnête homme est celui qui va au vrai et à la vérité dans sa lueur...sa lumière...son être....

Rameau est fou car il confond le bien et le mal. Il vit dans l'apparence et la cruauté. Il dit n'importe quoi et il admire ce qu'il y a de plus vil en l'homme....Mais pourtant il se sait souffrant et pourtant il se sait nul et pourtant il sait que ce qu'il dit est ridicule, ignoble et il l'avoue...C'est cet aveu qui le sauve. Beaucoup de bons bouregois - le gros Bertin par exemple - eux dissimulent leur ignominie, font semblant de bien agir et bien penser alors qu'ils sont pires que le pauvre Rameau. En effet, ils sont tout aussi immoraux que lui mais par surcroit, ils abusent de la faiblesse d'autrui. Ils se cherchent des bouffons comme Rameau et ce pour mieux l'humilier. Ils sont ignobles triplement alors que Rameau ne l'est que d'une seule forme. Rameau est insupportable car c'est un adulte enfant, un pervers en quelque sorte qui ne sait pas ce qu'est le bien et ce qu'est le mal, ce qu'est la richesse et ce qu'est la pauvreté. Cependant le gros banquier Bertin et sa grue le sont triplement car eux, savent ce qu'est le bien et le mal et participent à la confusion des genres en abusant de la faiblesse d'autrui. Ils sont ignobles car ils s'enrichissent de la sorte en appauvrissant le monde et leurs semblbables. Ils sont ignobles car ainsi ils font croire que le meilleur est en eux alors qu'ils sont le pire et sont ignobles encore car non seulement ils dissimulent leurs pensées mais pis encore : ils inversent les véritables valeurs. Ils salissent le propre et donnent au sale les allures de la propreté... ils sont "courbes" et n'aiment que les courbettes et les hommes courbés devant eux...Ils aiment la courbure.

Un pays qui s'élève est un pays qui ne met pas les hommes courbes aux postes qui ont pour fonction d'élever. Diderot montre que l'homme courbe n'est pas celui qui fait de temps à autre une erreur. L'homme courbe est celui qui rabaisse son semblable, son pays, qui inverse ce qui a de la valeur en faisant de la fausse monaie, du mensonge, en mettant haut ce qui est bas et bas ce qui est haut et qui surtout nous nargue de sa morgue, de son mensonge, de ce repli dans les apparences...

Le véritable déclin finalement est ce déclin de la courbure, celle que prend la ligne droite lorsqu 'au lieu de s'élever et d'élever elle bifurque vers le maquilage outrancier...Vers le dépassement des limites et leur ignorance....


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