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[Critique DVD ] Liberté

Par Gicquel

«  Liberté » de Tony Gatlif

Sortie dvd le 07 juillet 2010

Le film

3.5 out of 5 stars

Les bonus

3 out of 5 stars

Il y a la guerre, mais ce n’est pas la sienne. Au cœur de la France occupée, cette famille tsigane ne comprend pas qu’on lui interdise de vivre, c’est-à-dire d’aller sur les routes comme son peuple le fait depuis des siècles. Elle ne comprend pas les contrôles incessants des gendarmes français , discrètement relayés par la soldatesque allemande . Elle ne comprend pas ces fils barbelés qui lui interdisent tout mouvement.

[Critique DVD ] Liberté

Le titre du film de Tony Gatlif n’est pas une auréole artistique . Il est l’histoire de ces gens attachés à leurs roulottes et aux chevaux qui les mènent par monts et par vaux . Jusqu’à ce petit village où il faut donc mettre pied à terre sous l’œil bienveillant du maire-vétérinaire qu’interprète magnifiquement Marc Lavoine extirpé de ses chansonnettes  et de ses comédies tranquilles.  Marie-Josée Croze l’institutrice qui n’arrive toujours pas à chanter avec ses élèves, «  Maréchal , nous voilà » est à ses côtés, à l’unisson .

La maîtresse veille particulièrement sur P’tit Claude (Mathias Laliberté , le bien nommé ), un orphelin ramené par les Tsiganes, qu’elle réussit  de  convaincre à suivre ses cours . A leur façon, qui nous fait bien sourire car le film est plein  de clins d’oeils malicieux à l’image de ces «  voleurs de poules » que l’on sollicite musicalement  pour que… les poules se remettent à pondre .

C’est une chronique villageoise  , un rien débonnaire au détour de ce chemin campagnard où se découvre un horizon paisible . Le tableau est champêtre, charmant , bucolique. Il y a du bleu et du vert et un soleil rieur  qui accompagne le chant du ruisseau en contre-bas. Il y a aussi un peu de brun , et un accent guttural qui se heurte à la fougue musicale des bohémiens. A leur guitare et  à leur violon qui brûlent dans la nuit insouciante, car ce n’est pas leur guerre et ce n’est pas leur vie .

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Taloche va à l'école, mais à sa façon

Taloche , l’un des membres de la communauté , jouée là encore de manière remarquable par James Thiérrée , le petit-fils de Charlie Chaplin est l’illustration même de cette liberté totale . Il est un peu fou, beaucoup fantaisiste, rivé à son violon qui accompagne les écoliers saluant leur second papa. Et quand la maîtresse fait les gros yeux , il enjambe la fenêtre et part gambader dans la campagne . Mais sa petite mélodie le suit des yeux et du regard et cette fois  des cerises  s’accrochent à son archet .

Tout le film de Gatlif est de ce niveau ,d’ une poésie rare pour dire le drame ,d’une légèreté paradoxale pour conter le  déracinement , sur une partition toujours aussi enchantée. Le désenchantement est dans les cœurs.

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LE MAKING OF

Il débute par une question adressée à plusieurs protagonistes du film. «  Selon vous, qu’est-ce que la liberté ? ». Les réponses fournissent les têtes de chapitres de ce making of, guidé par Taloche, qui à lui seul incarne la liberté.

Avec ses collègues comédiens il lui faut suivre des cours de Rom, avant de rencontrer sur le lieu de tournage, une famille gitane qui participe activement au film. «  Il a fallu apprendre à se connaître, au début  chacun restait chez soi, mais très rapidement l’adaptation s’est faite et à la fin on a adopté leur mode de vie ».Les roms ne jouent pas , ils sont eux-mêmes, alors que les comédiens «  doivent cogiter » reconnaît un comédien, déniché du côté de Los Angeles et qui se retrouve «  dans ce petit coin de France, sans scénario . »

Ainsi travaille Tony Gatlif  qui ne donne «  pas d’explication sur les personnages, pas de repères psychologiques » remarque un acteur. «  Je vous demande de vivre » se contente-t-il de dire. «  Ne me faites pas honte ».On ne le voit pas souvent sourire sur le plateau, et même parfois il est plutôt bourru quand il dirige sa petite troupe de figurants (les gendarmes, mais quand même). Mais sur la scène du rot de Taloche, au fond de la classe, Gatlif se lâche et n’en peut plus de rire.

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Une scène de tournage est particulièrement émouvante, quand la famille gitane est confrontée aux soldats allemands. L’illusion de la représentation n’a plus lieu d’être pour une vielle dame de 77 ans qui a eu réellement à subir leurs exactions.

La conclusion revient à Marc Lavoine qui dit bien connaître le peuple rom, dans le monde de la chanson et du cinéma. Il regrette alors que «  la diversité n’existe pas parmi les élites. La société devrait aider à organiser la vie nomade. Sur le plan de l’éducation, des droits et des devoirs. On a besoin d’une société qui circule pour que les gens apprennent à vivre les uns avec les autres. »


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