COMMENT LES VOLAILLES TIRENT PROFIT DE L’ELEVAGE EN LIBERTE
Vous savez parfaitement quels bienfaits le soleil prodigue à tout ce qui vit sous son heureuse influence. Il n'est pas nécessaire de faire un cours sur les rayons ultra‑violets pour montrer quelle vitalité ils apportent aux tissus vivants des humains, des animaux comme des plantes. Eh bien, ce soleil qui est à la fois un véritable "aliment" et un désinfectant, la liberté permet à vos volailles d'en tirer le maximum de profit.
Les animaux ont un instinct merveilleux qui leur permet d'être plus forts en physique, en chimie, en botanique, en biologie, en thérapeutique, que vous et moi et même que bon nombre de savants très distingués. Vos poules donc, vos canards, oies, pigeons et dindons même, savent d'instinct, et avec une pertinence qui s'affirme dès leurs premiers jours, quels bénéfices ils peuvent tirer du soleil. C'est pourquoi vous les voyez fraterniser constamment avec les rayons solaires.
Le matin, la volaille se débrouille pour picorer du côté de l'est, puis elle évolue en fonction du soleil pour finir sur le soir, de l'autre côté de l’élevage. De septembre à juin, tous les volatiles prennent le soleil « de l'angélus de l'aube à l'angélus du soir». Et cela n'est malheureusement pas permis aux poules recluses dans une petite cour, et aux autres volailles qui ne jouissent pas de l'entière liberté.
Durant les deux mois de canicule, lorsque l'astre des jours devient excessif aux heures brûlantes du méridien, les volailles en liberté, après avoir pris une bonne pinte de soleil matinal, se mettent à l'abri de ses rayons cuisants. Vous n'avez pas à vous occuper d'elles pour cela. Elles savent fort bien trouver l'ombre tamisée ou l'ombre épaisse, toujours la plus propice. Liberté, liberté chérie !
L'alimentation d'une pondeuse n'est pas, ou plutôt ne doit pas être la même que celle d'un "poulet de grain" ou d'une poule à engraisser en vue d'une prochaine réforme. L'alimentation de la pondeuse ne se traduit en oeufs que lorsqu'elle est suffisamment "équilibrée" et comprend des protéines et des vitamines qui se trouvent en proportions insuffisantes dans les grains qu'on leur distribue habituellement.
Mais avec la liberté, si elle est totale, cette carence de l'équilibre alimentaire n'affecte pas la poule durant toute la belle saison car son instinct lui fait connaître ce qui manque à son régime et la liberté lui permet d'y suppléer. Les poules libres et les canards aussi savent trouver d'excellentes matières protéiques sous forme de vers, petits escargots, limaces, insectes de toutes sortes dont ils se régalent. Les poules libres connaissant d’instinct la question des vitamines, se garnissent le jabot de verdures variées qu'elles choisissent à coup sûr. Et lorsqu'un coin commence à être pauvre en asticots ou herbe fraîche, ces dames usent de leur liberté pour aller prospecter un terrain neuf ou repeuplé d'animalcules. Et voilà pourquoi vos poules pondent au printemps et durant la belle saison. Liberté, liberté chérie !
On sait que lorsque les poules sont exposées au vent et ne peuvent s'en protéger, la ponte s'en trouve arrêtée si mort ne s'ensuit pas. De même la pluie, subie inconsidérément, nuit à la ponte sans parler des affections qu'elle peut susciter, comme le coryza.
Mais s'il est parfois difficile aux aviculteurs de protéger du vent leurs volailles en parquets, la liberté s'en charge parfaitement. Il y a toujours assez de haies très épaisses, de chemins creux entre talus, de bâtiments ou d'autres écrans pour que les volailles puissent picorer à l'aise et à l'abri du vent de quelque côté qu'il manifeste sa méchante humeur. Et comme les poules ont la possibilité de circuler, elles se trouvent toujours du bon côté. Liberté, liberté chérie !
Les avantages qu'offre la liberté dans l'élevage des volailles ne sont pas négligeables ; comment se fait‑il alors que les poules dont la liberté est généralement mesurée, pondent plus, beaucoup plus que les poules jouissant d'une liberté totale ? C'est ce que nous examinerons dans un article à paraître.