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“Retour d’exil d’une femme recherchée” d’Hélène Castel

Par Kornaline

Au début des années 1980, après un braquage raté à mains armées dans une banque parisienne, Hélène Castel a choisi l’exil et s’est enfui au Mexique où elle a vécu vingt-cinq ans sous une fausse identité. Condamnée en France à perpétuité par contumas, elle ne sera rattrapée par la justice qu’à quelques jours de la péremption de sa peine, lorsqu’elle est arrêtée au Mexique en mai 2004. Extradée en France où elle est restera onze mois incarcérée à Fleury Mérogis, elle sera finalement condamnée à une peine de deux ans avec sursis et sortira de prison.

Dans « retour d’exil d’une femme recherchée », elle raconte son arrestation puis son incarcération, au Mexique et en France, jusqu’à son procès en 2006 et enfin sa libération. Elle assume parfaitement ses actes et les regrettent, tentant de les expliquer et de démontrer à quel point ils sont ceux d’une autre personne, aujourd’hui disparue depuis qu’elle s’est reconstruite petit à petit.

Son récit est un bon documentaire sur les conditions de l’incarcération, ses aberrations et les problèmes de la justice française où, anéanti par les conditions de son enfermement « le prévenu renonce souvent à l’idée même de faire sien le combat du procès ». C’est une analyse très intéressante de la détention et de ses conséquences, de l’inégalité entre les prévenus éduqués, bénéficiant d’un certain milieu (comme Hélène Castel) et les autres, les plus démunis devant la vie et devant la justice.

C’est pour moi le seul attrait de ce récit. Malgré le bon style littéraire, je n’ai pas réussi à me sentir ralliée à la cause de cette jeune femme qui a préféré la fuite plutôt que de faire face à ses responsabilités, avec la bénédiction de ses proches, pourtant parfaitement éduqués et cultivés. Malgré l’éloignement dont elle a souffert durant son exil, et dont elle témoigne parfaitement, je ne peux m’empêcher de penser que ce départ volontaire lui a permis d’échapper à une peine bien plus lourde. Certes, cela lui a permit de se reconstruire, de repenser ses actes et finalement de démontrer que « ce sont rarement les faits qui déterminent les peines. C’est la personne elle-même, son positionnement vis-à-vis de ses actes, qui sont examinés au moment du procès ». Un exil, une nouvelle identité sont donc des outils pour se reconstruire et expliquer que l’on n’est plus la même personne. La fuite permettrait ainsi la reconstruction et seul l’éloignement de ses proches serait le prix à payer pour ses actes passés puisqu’au retour, la peine est normalement plus légère … dommage.

“Retour d’exil d’une femme recherchée” d’Hélène Castel


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