"Aujourd'hui, au lendemain de la énième violence que j'impose à cette histoire que ne soutient aucun échafaudage, tu ne me manques pas. Je prends un comprimé, et je voudrais me noyer dans le sommeil. Pour me dompter moi-même. Et continuer jusqu'au soir sans que rien ne change autour de moi : ma relation avec mes enfants, mon mari, les dossiers qui m'attendent au bureau ; tout va bien, mon amour. Nos enfants mangent, rient, grandissent, poursuivent leur lente course vers l'âge adulte. Jour après jour, la solidité de l'indifférence conforte ton mariage. Moi, le corps étranger, je suis en dehors. Nos âmes errent à travers la ville, elles se suivent, se repoussent. Elles n'ont pas besoin de nous. Vois à quoi je me suis exercée pendant des mois, à t'éviter, ne pas t'appeler, ne pas te voir, me cacher de toi, pour que tu ne lises pas dans mes yeux combien tu me manques, combien j'ai besoin de ton amour. Je ne pleure même plus. C'est donc ça l'amour ?"
Costanza reçoit un beau jour la visite de Lucrezia, la fille de celui qui fut son amant, son amour secret, son compagnon perdu. La jeune femme a emmené avec elle une boîte, découverte par hasard, pleine de lettres, écrites autrefois par son hôte à un père, célèbre musicien, qui a toujours caché à sa famille l'existence d'une maîtresse.
Costanza aura 74 ans dans quelques jours, elle recevra d'ailleurs pour l'occasion les siens, ses enfants, petits enfants, ex-maris. Tous ignorent l'importance que le père de Lucrezia a eu dans la vie de cette mère qu'ils regardent aujourd'hui comme une femme âgée, vénérable.
Le temps d'un week-end, les deux femmes vont se pencher l'une vers l'autre, Costanza va se confier et raconter l'homme qu'elle a aimé. Lucrezia va découvrir qu'un lien ténu et étonnant les lient.
Voici un livre à l'effet très curieux... Il est indéniablement de ceux qui ne laissent aucune trace et dont on peut se passer assez facilement. Et pourtant, pourtant, j'ai été happée, malgré moi, aux trois quart de ma lecture par une vague qui soudain déferle sans prévenir. Comme si, tout à coup, après nous avoir bercé, et un peu ennuyé avouons le dans les premières pages, Paola Calvetti se mettait soudain à écrire avec son sang et non plus avec sa tête. Et ma foi, cela devient enfin vraiment intéressant, dommage qu'il ne reste à ce moment là que peu de pages pour combler sa soif.
A noter aussi, un jeu de double lecture/écriture épistolaire qui peut dérouter les lecteurs. L''ensemble du récit se construit ainsi, Costanza rapporte dans une lettre à Gabriella sa conversation avec Lucrezia dans laquelle s'insère également sa correspondance avec le muscien/amant, son père.
Allez, ce titre est une lecture prometteuse, le premier roman de l'auteure, qui préfigure sans doute le beaucoup lu L'amour est à la lettre A, qui vient tout juste de sortir en poche.
Note de lecture : 3/5 - Editions presse de la cité - 18€ - Juin 2010Quelques lectrices ont également lu ce titre... Mirontaine, Saxaoul, Virginie, Celsmoon... avec une impression générale de déception et d'ennui, séduites sans doute comme moi par la renomée du dernier opus.
Je remercie
et Les presses de la cité pour l'envoi !