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« Le matériau principal de l’opéra, c’est l’être humain » (Jean-François Lapointe)

Publié le 12 juin 2010 par Turp

12 juin 2010
(No 2010-23)

« Le matériau principal de  l’opéra, c’est l’être humain » (Jean-François Lapointe)

Jean-François Lapointe

Parmi les artistes qui font honneur au Québec sur les grandes scènes lyriques du monde, il faut compter le baryton québécois Jean-François Lapointe. La saison de chanteur de celui-ci se termine ce soir avec le Didon et Enée d’Henry Purcell produit par l’Opéra de Lausanne et qui se transporte à Vichy pour sa dernière représentation. Il y tient le rôle d’Énée et, dans un entretien qu’il m’a accordé cette semaine, il m’a dit avoir particulièrement apprécié ses retrouvailles avec l’opéra baroque et le rôle qu’il avait interprété à l’âge de 19 ans à la faculté de musique de l’Université Laval. Mais, cette saison a commencé avec Pelléas et Mélisande de Claude Debussy au Teatro dell’Opera di Roma, l’a amené à Paris pour chanter dans Fortunio d’André Messager à l’Opéra comique et dans Falstaff de Giuseppe Verdi au Théâtre des Champs-Élysées ainsi qu’au Nederlandse Opera où Les Troyens d’Hector Berlioz l’ont mobilisé.

Il me dit avoir aimé en particulier sa saison en raison de la rencontre d’êtres humains avec lesquels il a eu du plaisir à travailler. « Le matériau principal de l’opéra, c’est l’être humain », me confie-t-il en m’indiquant qu’il apprécie travailler avec des chefs, des metteurs en scène et des interprètes qui donnent de l’importance à la qualité des rapports humains dans l’exigeante tâche de préparation et de présentation des opéras. Il a particulièrement apprécié le chef français Louis Langrée et le cinéaste, devenu metteur en scène, Denis Podalydès, qui ont fait de la production de Fortunio à l’Opéra comique une expérience « humaine ».

La saison lyrique de Jean-François Lapointe ne prend toutefois pas fin ce soir. Il rentre au pays, son pays du Québec, pour assurer la direction musicale de la production de Carmen à l’Opéra-théâtre de Rimouski. Ayant obtenu une formation en direction d’orchestre et ayant assuré la direction musicale de plusieurs productions de la Société d’art lyrique du Royaume dont il a été le directeur artistique pendant 7 ans, il me dit qu’il s’agit pour lui d’une vraie passion. Il est d’ailleurs très reconnaissant au directeur Claude-Robin Pelletier d’avoir donné suite au projet de produire Carmen dans la version urtex de l’Édition Schott. Cette version correspond à celle qui a été utilisée pour les premières répétitions scéniques de l’opéra et qui est la seule à avoir été sanctionnée par le compositeur et les librettistes. Les dialogues parlés y tiennent une place plus importante et tendent à rappeler que Carmen a été conçu comme un opéra comique. Il s’agit d’ailleurs, selon lui, d’une première en Amérique du Nord, cette version de Carmen ayant par ailleurs été donnée en France, en Allemagne et au Japon.

Jean-François Lapointe s’intéresse par ailleurs à l’avenir de l’opéra au Québec et est « confiant sur la tournure des événements ». L’Opéra de Montréal est sur la bonne voie après des moments difficiles et, avec son projet de festival international d’art lyrique, l’Opéra de Québec a le vent dans les voiles. Il vante d’ailleurs les mérites du directeur général et artistique de la compagnie lyrique de la capitale nationale Grégoire Legendre qui a fait des choix artistiques audacieux. Il croit par ailleurs que le Québec devrait s’intéresser davantage à l’opéra français. Sous Charles Dutoit, l’Orchestre symphonique de Montréal a été qualifié de meilleur orchestre français au monde. « L’Opéra de Montréal ne pourrait-elle pas devenir la la mecque de l’opéra français au monde », plaide-t-il de façon éloquente. À la suggestion qu’il faudrait aussi inventer un opéra québécois de langue française, il se montre intéressé, tout en soulignant sa préférence pour des oeuvres qui privilégieraient la dimension mélodique de l’art lyrique.

« Le matériau principal de  l’opéra, c’est l’être humain » (Jean-François Lapointe)

D’ici la première de Carmen à l’Opéra-théâtre de Rimouski, vous pourrez entendre l’Énée de Jean-François Lapointe dans la production de Didon et Énée d’Henry Purcell à l’Opéra de Lausanne sur les ondes de la chaîne Espace 2 de Radio suisse romande le 26 juin prochain à 20 h (heure de la Suisse…romande !). Vous pourrez l’écouter en direct en vous rendant sur le site de RSR-Espace 2  l’adresse http://www.rsr.ch/#/espace-2. Et vous pourrez aussi le voir dans la fosse dans la salle Desjardins Telus de Rimouski les 2,3 et 4 juillet prochain dans la production de la Carmen de Georges Bizet de l’Opéra-théâtre de Rimouski dont je vous parlerai plus longuement dans le blogue lyrique de la semaine prochaine.

Une série de conférences de Guy Marchand sur la Tétralogie de Richard Wagner

Le musicologue Guy Marchand présentera un séminaire sous la forme d’une série de conférences du mercredi du 8 septembre au mercredi 8 décembre 2010 sur L’Anneau du Nibelung de Richard Wagner. Cette série de quatre opéras (L’Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des Dieux) est connue et présentée comme la Tétralogie du grand compositeur allemand et est inspirée des mêmes légendes nordiques médiévales à la source du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien. Le séminaire se déroulera sur le Campus Longueuil de l’Université de Sherbrooke de 19 h à 22 h. Ce séminaire coïncide avec la présentation de la production que Robert Lepage mettra en scène au Metropolitan Opera de New York sur deux saisons à compter de l’automne prochain. Ces conférences s’adressent au grand public et sont conçues tout autant pour les néophytes que les mélomanes. Le programme du séminaire de l’automne 2010 qui portera sur L’or du Rhin et La Walkyrie se présente ainsi :

8 septembre au 6 octobre 2010

Conférences sur L’Or du Rhin

13 octobre 2010

Retour sur la mise en scène de L’Or du Rhin par Robert Lepage présentée Metropoltan Opera de New York
et diffusée en direct et en HD dans plusieurs salles de cinéma au Québec
Comparaison d’interprétations sur CD et de mises en scène sur DVD

20 octobre 2010

Semaine de relâche

27 octobre au 8 décembre 2010

Conférences sur La Walkyrie
Comparaison d’interprétations sur CD et de mises en scène sur DVD

Vous pourrez obtenir des informations sur ce séminaire ainsi que sur les frais d’inscription et d’ouverture du dossier en écrivant à Christiane Bolduc à l’adresse é[email protected]. Guy Marchand organise par ailleurs avec Voyage Régence une semaine à New York pour les premières présentations en rafale (les quatre opéras dans la même semaine) de la tétralogie L’Anneau de Nibelung de Richard Wagner/Robert Lepage au printemps 2012. Pour réserver votre place dès maintenant, vous pouvez contacter Phillip Seebold par courriel à l’adresse [email protected].

En naviguant sur la toile, j’ai constaté qu’il y avait un autre « Guy Marchand », un acteur français, qui dans le film L’Arbre et la Forêt des réalisateurs français Olivier Ducastel et Jacques Martineau, démontre un grand intérêt pour la tétralogie de Richard Wagner. Pour en savoir davantage, cliquez ici.

Le grand succès de « La Science à l’Opéra »

J’ai assisté avec beaucoup de plaisir à la conférence sur « La science à l’Opéra » organisée par le Cœur des sciences de l’Université du Québec à Montréal et l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal le mercredi 9 juin dernier. Les mystères de la voix humaine ont été révélés par
 Luc Mongeau du département de génie mécanique de l’Université McGill, Caroline Boudoux du département de génie physique de École polytechnique, Isabelle Peretz du département de psychologie de l’Université de Montréal et directrice du BRAMS dans des diaporamas aussi savants qu’instructifs. Animée de façon très dynamique par le chef de chant principal à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal Claude Webster, cette activité a également permis d’illustrer ce mystères à travers les prestations lyriques baryton Pierre Rancourt et la soprano Suzanne Rigden, stagiaires à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, qui ont prêté leurs voix à cet exercice et ont chanté des extraits de Die Zauberflöte (La Flûte enchantée) de Wolfgang Amadeus Mozart et une très belle mélodie d’Éric Wolfgang Korngold, mais également en conclusion- et en entraînant les membres de l’auditoire- l’air L’heure exquise tiré de La Veuve joyeuse de Franz Lehar. Cette activité, qui a fait salle comble, a des prolongements à travers l’Agence Science-Presse qui invite les gens à discuter avec la professeure Isabelle Perez et diffuse des commentaires formulé par certaines personnes qui ont assisté à l’activité. Elle pourrait aussi avoir d’autres suites, comme me l’a confié la directrice du Cœur des sciences, Sophie Malavoy, qui mérite de grandes félicitations et à qui j’ai d’ailleurs suggéré d’inviter Robert Lepage parler de sa mise en scène de la tétralogie de L’anneau de Nibelung de Richard Wagner et de « La science à l’opéra » ?

« Le matériau principal de  l’opéra, c’est l’être humain » (Jean-François Lapointe)

« Le matériau principal de  l’opéra, c’est l’être humain » (Jean-François Lapointe)

Je vous salue de Paris où j’écoute, en ce samedi matin, avec grand plaisir France-Musique, une grande radio publique où la musique classique et contemporaine a encore toute sa place…et où des émissions nous présentent des personnes passionnées par la musique, comme ce conducteur de métro qui témoigne de sa participation à l’Harmonie (et à l’Orchestre des personnels) de la Régie autonome des transports parisiens (RATP) ! Sur les ondes de France-Musique ce soir à 20 h, je pourrai écouter l’émission Soirée lyrique animée par Jérémie Rousseau une production de de Jenufa de Leos Janacek captée le 7 mai 2010 au Grand Théâtre de l’Opéra National de Bordeaux.

J’assisterai à une représentation d’Hänsel et Gretel d’Engelbert Humperdinck à l’Opéra national de Lyon mardi soir et vous en ferai le commentaire dans le dernier numéro de mon blogue pour la présente saison. Je vous y parlerai de la production de Carmen de l’Opéra-Théâtre de Rimouski, y présenterai un bilan de la dernière saison lyrique québécoise ainsi qu’un calendrier des activités lyriques au Québec pour l’été 2010…et reproduirai le texte d’une lettre que je me promets d’écrire depuis longtemps au directeur général du Metropolitan Opera, Peter Gelb…sur une question de langue !

Bonne semaine lyrique !


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