Ikki Katashima est un cinéaste que nous ( Made in Asie) ne connaissons absolument pas. Le Festival Paris Cinéma 2010 offre donc l'occasion de palier à cela. Le cinéaste japonais présente Pure Asia (2010), un drame qu'on pourrait qualifier d'engagé et d'enragé.
Un lycéen se fait racketter par trois voyous, une jeune fille qui assiste à la scène intervient et le sort de se guêpier. Ils nouent un lien fort bien qu'ils restent peu de temps ensemble. Le lendemain, le jeune homme tombé sous le charme de la jeune fille tente de la retrouver et l'attend à une station de gare, là où il l'avait laissé. Surpris, il la revoit habillé d'une tenue traditionnelle coréenne. Dans le même temps, elle se fait agresser par deux individus qui la poignardent alors que le lycéen reste paralysé par la peur. Sous le poids de la culpabilité, il se rend à ses funérailles et découvre qu'elle avait une sœur jumelle...
Pure Asia égratigne la société japonaise. L'œuvre d'Ikki Katashima souligne le racisme ambiant (ici, les coréens en font les frais), la perdition d'une jeunesse qui ne trouve pas sa place dans la société actuelle et par extension une société qui se veut violente à l'image d'un monde où la guerre gronde au quatre coins. Le cinéaste nous plonge alors dans un road-movie désespéré où l'envie de changer le monde est grande (leitmotiv des protagonistes) mais où la réalité est sans espoir. Un combat perdu d'avance à la fois haletant et désenchanté. Il y a de la rage qui découle de ces images, le " duo nihiliste " que forme le lycéen et la sœur jumelle rappelle (des œuvres) et fait perdurer (au milieu de ces " œuvres ") le cri de révolte gravé sur pellicule.
Pure Asia n'est pas facile d'approche. Il mérite tout de même qu'on s'y arrête et qu'on prenne conscience d'un mal être, celui d'une génération, d'une société, d'un monde. Ce n'est pas la première œuvre (et ne sera ni la dernière) à souligner les dérives d'un système, à montrer les corps meurtris qui ne trouvent la solution à leur problème que dans la violence. Mais Pure Asia apporte tout de même ce côté " électrochoc ". Il y aurait encore beaucoup à dire à son sujet. Il n'est pas parfait, loin de là. On pourrait trouver à redire à de nombreuses occasions, cependant il a ce petit quelque chose qui le rend... pas admirable, ce n'est pas le mot, mais sans doute... captivant.