Magazine Culture

Lost – Saison 6

Publié le 07 juillet 2010 par Mg

Il y a des choses qui dépassent les prévisions les plus optimistes. Lorsque Lost est lancée voici six ans, c’est le plein boom des séries télévisées (24, Friends… sont au top), et JJ Abramas l’heureux créateur d’Alias. On voit donc arriver le futur hit promis, sorte de superproduction au pilote onéreux, au casting démultiplié et aux promesses extraordinaires. Le show tiendra largement ses promesses, lancera la mode et saura tenir six saisons, prenant une fin prématurée mais anticipée.

Bizarrement, ce bilan ne sera vraiment que celui d’une sixième saison envisagée depuis deux ans, et non celui d’une série qui a su se distinguer comme une véritable oeuvre moderne, mosaïque pleine de symbole et de références pour geeks en mal de mystères. Si on s’intéresse un tant soit peu à tout ce qui peut être diffusé sur un écran, force est de reconnaitre que Lost est une oeuvre multéiforme, dense et fantastique. Cultivant une communauté accrochée à la moindre nouvelle, et déroulant les chemins de son histoire, la série a créé un véritable réseau de fanatiques (sympathiques), et une culture à part entière autour de ses épisodes. Une série qui a donc su se reposer sur un noyau dur de spectateurs, une force (un buzz énorme, une audience faible mais passionnée) et une faiblesse (une intrigue s’adressant donc de plus en plus vers les fans, l’impossibilité de prendre l’histoire en route…). Devenu sa propre maîtresse, la série a préféré anticiper sa propre fin plutôt que de se livrer au jeu de l’audimat. A cela, la dernière saison offre aux fans tout ce qu’il pouvait espérer, réponses et questions, plaisir et frustration.

On le savait depuis deux ans, Lost s’arrêterait à la sixième saison. Le jeu d’un subtil dialogue avec sa chaîne, qui voyait les audiences s’effriter et le budget par épisode trop élevé. On coupe donc la poire en deux, des saisons réduites mais deux ans pour terminer, et l’assurance d’avoir le temps de bien faire les choses. Chaque saison de Lost a été depuis ses origines une orientation différente. La première, la découverte. La deuxième, les Autres. La troisième, la séparation. La quatrième, les flash forwards. la cinquième, le grand mix. La sixième sera donc celle de la grande réunion. De manière obligatoire, il fallait bien réunir tout le monde pour satisfaire le public, et répondre aux questions les plus importantes. C’est exactement ce qu’il va se passer, une dernière saison en forme de bis repetita où nos héros, ayant tentés de corriger ce qui allait leur arriver, semblent se dédoubler : d’une part leur retour sur l’île au temps présent, de l’autre leur vie rêvée s’ils ne s’étaient jamais écrasés avec le vol 815. Comme toujours, ce qui semblent évident ne le sera pas.

La saison six offre ainsi une double analyse. D’un côté, les survivants se retrouvent tous sur l’île, que ce soit ceux ayant été déportés temporellement, ou ceux revenus sur le continent. Trois années se sont écoulées, mais on en revient au temps présent (soit 2007 normalement). Locke n’est plus, remplacé par un alter aego maléfique. Jack et consorts sont pour la plupart des candidats au futur chevalier du bien censé protéger l’île. Le reste ne sera que munitions à épuiser à chaque épisode, ponctuant la saison de morts successives bien trop automatiques pour s’en émouvoir. De toute façon nous sommes là pour voir le final, peu importe les moyens. C’est un peu comme au loto, on attend les derniers numéros pour savoir qui a gagné. Malgré toute l’intelligence du scénario, et la fan addiction qui s’empare du spectateur, on ne reviendra pas sur les derniers retournements de scénario pour mieux apprécier l’ironie des choses (SPOILERS!!) : Jack meurt en sauvant l’île, Hurley et Ben en deviennent les garants, Locke meurt aussi, et le reste se sauve dare dare pour retourner à leur vie. On ne saura pas ce qui leur arrive… De quoi fantasmer sur de futurs segments de la série!

Mais le plus intéressant vient bien de la réalité alternative que l’on entrevoit à chaque épisode de cette saison. Cette réalité se révèlera être en réalité, si on comprend bien, non pas un What If… qui coïnciderait avec leur absence de crash, mais bel et bien le paradis qui les attend, leur permettant de se retrouvant après une mort à venir (quelqu’elle soit). Ayant noués des liens indéniables après toutes ces aventures et rencontres, voilà nos héros réunis une dernière fois. Reste à faire l’effort du souvenir dans un monde reconstitué, et c’est cette fois Desmond qui se chargera de « réveiller » tout le monde. Mais on comprend au final que quelque fois l’instant de leur mort, les voilà réunis définitivement, contre toute attente, dans cet au-delà qui les attendait depuis le départ. Pourquoi, comment, peu importe. On ne saura pas les vies qu’ils ont eus (ayant juste suivis les derniers instants de Jack) avant de se retrouver ici, dans cette église, mais la série se clôt sur un instant d’émotion sans pareil, répondant ainsi à un moment particulier pour qui a suivi la série depuis six ans : l’épisode final. Jouant à fond la carte des sentiments, les scénaristes en font des tonnes mais qu’importe, voilà le grand instant tant attendu finalement arrivé. On ne se plaindra que légèrement de voir la série se conclure sur un vrai final, quitte à y laisser beaucoup de « pathos ».

Jouant à fond la carte du mysticisme, sans doute trahissant des promesses non tenues, Lost se termine sur une fausse bonne note, trompant quelqu’uns de ses fans. Mais dans tout celà, il faudra retenir une série fonctionnant à tiroir, avec des mystères, des questions et des réponses à chaque tournant, imprimant un rythme sans pareil, un fonctionnement qui a tenu en haleine le fan (celui qui a tenu six saisons) jusqu’au bout, et qui a installé un débat continu depuis ses origines. Car finalement ce qu’on apprécie le plus ici, c’est de pouvoir en parler ensuite, quitte à ne pas comprendre la même chose, mais de pouvoir partager sa passion à partir des brides d’informations distillées. Et si la dernière saison répond de manière un peu simple à la plupart des grandes questions, il reste de nombreuses petites énigmes à résoudre. Lost a mis fin à sa diffusion, mais pas à sa communauté. Comme tout objet de culte, on en parlera encore longtemps. Lost est mort, vive Lost.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mg 992 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines