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Le gout des pépins de pomme

Publié le 07 juillet 2010 par Alyanec

Il y a 33 ans, ma mère qui avait elle-même 33 ans me souhaitait la bienvenue dans ce monde. 33 ans de rires, de pleurs, de chagrins, de coups de cœur, de déceptions et d’amour. 33 ans de rencontres : de gens fabuleux, d’êtres mystérieux, de destins hors du commun. Le gout des pépins de pommeJ’ai choisi mon anniversaire pour parler du premier roman de Katarina Hagena ."Le goût des pépins de pomme".  Ce roman a attiré mon attention dès que je l’ai vu. Quelque chose dans la couverture m’a interpellé. Le choix des couleurs, la forme du livre qui me rappelle l’esprit allemand et en même temps la peinture de la cuisine de ma grand-mère. Il s’agit d’un très beau roman sur l’oubli et les souvenirs d’enfance. Une belle écriture, des descriptions imagées et une traduction sur mesure faite par Bernard Kreiss.  Pour ma part, je suis dégoûtée de ne pas pouvoir lire ce roman en version originale. D’autres lecteurs le feront peut-être.Nous sommes face à 3 générations de femmes dont les destins se croisent dans une maison de campagne au nord de l’Allemagne.A la mort de Bertha, Iris hérite de la maison de sa grand-mère et doit décider en quelques jours de ce qu’elle va en faire. Le temps de la réflexion elle fait revivre ses souvenirs encore très présents de sa jeunesse. Entre destins tragiques, humour, et surtout histoires de pommes, l’auteur nous plonge dans une très belle histoire d’amour, de femmes et de liens familiaux.  
« En quête de cornichons au vinaigre, ma mère est tombée un jour sur un bocal de 1945 contenant les premières larmes d’après guerre. Elle en a fait cadeau à l’Association pour la sauvegarde des moulins, et lorsque je lui ai demandé pourquoi elle donnait de la délicieuse gelée de grand-mère à un écomusée, elle a déclaré que les larmes contenus dans le bocal étaient trop amères »
Dans cette maison, nous faisons connaissance d’abord avec Bertha et sa sœur Anna.
« Anna aimait les boscops, Bertha les cox orange. En automne les chevelures de deux sœurs exhalaient un parfum de pommes, leurs vêtements et leurs mains également »
L’histoire d’Ana marque une première tragédie dans l’histoire de cette famille car chaque génération de locataires de cette maison va perdre d’une manière tragique un de ses proches.
« Tante Anna est morte à seize ans d’une pneumonie qui n’a pas guéri parce que la malade avait le cœur brisé et qu’on ne connaissait pas encore la pénicilline. La mort survint un jour de juillet, en fin d’après-midi. Et l’instant d’après, quand Bertha, la sœur cadette d’Anna, se précipita en larmes dans le jardin, elle constata qu’avec le dernier souffle rauque d’Anna, toutes les groseilles rouges étaient devenues blanches. »
 Puis viennent les trois filles que Bertha a eues avec Hinnerk Lünschen : Inga, Harriet et Christa. Si Inga est porteuse d’électricité, car née un jour d’orage, Harriet nous marque par ses excentricités. Christa est la préférée d’Hinnerk et de ce fait la mal aimée de ses sœurs. 
« Des trois filles , Harriet était la seule à frayer avec les garçons. Christa était trop timide. Inga avait des soupirants, mais ils ne faisaient que la regarder et ne se risquaient pas non plus. »
Si l’histoire de Rosemarie la cousine d’Iris est introduite dès les premières pages, celle de Mira, sa meilleure copine n’est dévoilée qu’à la fin du livre. Au fur et à mesure qu’on ouvre les différentes portes, les souvenirs affluent et  l’histoire de ces femmes est revisitée dans un ordre aléatoire. Les hommes ne sont pas absents mais moins présents dans la narration. Leur rôle est celui des personnages qui font avancer l’histoire. Ils sont là, comme pour marquer par leur présence une époque. A présent Bertha, complètement sénile, meurt et laisse une drôle de mission à sa petite fille. A présent, le petit frère de Mira fait vibrer le cœur d’Iris. A présent le vieux jardinier avoue être le père d’Inga. A présent, les secrets de famille font surface se font nombreux, se croisent pour créer cette merveilleuse histoire.Et si Iris décidait de donner une nouvelle vie à cette maison. Et si les pommes pouvaient continuer de tomber dans le jardin de son enfance ?
« J’en déduis que l’oubli n’est pas seulement une forme du souvenir, mais que le souvenir est aussi une forme de l’oubli »
N’hésitez pas à acheter ce livre. Malgré la lenteur du début, il se lit très facilement et nous sommes vite plongés dans les souvenirs que cette maison enferme.Pourquoi j’ai tant aimé ce livre ? Car il fait appel à mes propres souvenirs d’enfance… Il me plonge dans cette maison que je n’ai pas eu la chance d’hériter, dans cet univers perdu où ma grand-mère était la reine et ma mère une princesse.

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