Poezibao attire l’attention sur la première lettre de chaque vers, en rapport avec le titre du livre dont ce poème est extrait.
POUR UN VERGER
Poème : le seul lieu comparable à ce trouble
Heureux qui ressaisit, le soir, près d'un verger,
Ifs et roses, l'espoir souvent déchiré, double
Lumière qui s'éloigne et veut nous héberger.
Infaillible refuge, et pourtant illusoire :
Pentes au loin plus délicates qu'un bleuet,
Pures voix des enfants dans l'air lavé d'histoire,
Et le mot "mort" comme un oiseau soudain muet
Jugeant du recoin sombre où rien n'en fait accroire
A la nuit qui sourd et déjà, dans la clarté,
Crachait son encre sur la page dérisoire –
Cris en bas, soubresauts du jour décapité.
Or nier l'ombre affaiblirait cette lumière
Timide qui résiste et semble sur nos mains
Trembler tel un reflet d'étoile dans l'ornière.
Elle appelle. Comme une voix sur ces chemins
Troués de mots qui n'ont pas pu la garder prisonnière.
Jacques Réda, Premier livre des Reconnaissances. Fata Morgana 1985, p. 33.
Jacques Réda dans Poezibao :
bio-bibliographie, , extrait 1,extrait 2, extrait 3, extrait 4, extrait 5, extrait 6, extrait 7, Notes sur la poésie, notes sur la poésie 2, extrait 8, Démêlés (parution), extrait 9, extrait 10, ex. 11