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L'impressionnisme: une révolution haute en couleur

Publié le 08 juillet 2010 par Mojorisin

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L’impressionnisme bouleversa l’art avec ses motifs, ses jeux de couleur, et ses thèmes alors considérés comme scandaleux à une époque privilégiant la peinture mythologique, religieuse, donc morale. Ce courant continue de fasciner bien qu’un siècle, parsemé de révolutions picturales, nous sépare de ses scandaleuses origines établies par Manet. Car si l’impressionnisme n’est pas pop, il n’en demeura pas moins le pivot entre l’art classique et l’art moderne, et imprègna donc celle-ci de sa philosophie révolutionnaire. Pour cela, en chaque œuvre contemporaine se niche un peu d’impressionnisme.

La Rupture

Depuis la renaissance, la peinture comportait un certain nombre de critères à respecter dont les principes s’inspiraient de la pensée antique et de sa quête d’idéal, de perfection, et de pureté. Les mythes traduisaient le mieux cette recherche avec leurs sujets empreints de tragédie et de grandeur. La raison devait combattre les passions, éphémères et obstruant l’élévation de la condition humaine, en privilégiant des thèmes éternels et universels (Amour, Sacrifice…). Les œuvres exprimaient ainsi des sentiments nobles par un héroïsme constant et un réalisme saisissant permettant aux hommes de s’identifier facilement à ces valeurs.

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Les académies veillèrent au respect de ces règles érigeant au fil des siècles un carcan étouffant, jusqu’à ce que des artistes comme Rimbaud (Romantisme) ou Courbet (Réalisme Social) attaquèrent cette belle citadelle. Ces derniers abandonnèrent les références antiques et chrétiennes pour privilégier des thèmes plus contemporains, exaltant les passions humaines, ou représentant la misère sociale. Courbet osa l'acte suprême de localiser l'origine du monde non pas dans les cieux mais dans le ventre et le sexe d'une femme. Les anges se retrouvaient soudain déchus de leur rôle.

Puis un peintre nommé Manet s’engouffra pleinement dans la brèche avec sa toile Déjeuner sur l’Herbe représentant deux hommes en train de déjeuner dans un parc ; mais surtout à leur côté siège une femme nue fixant le spectateur d’un regard étrange, mi-aguicheur, mi-culpabilisateur. Le scandale arriva immédiatement, non pas tant en raison de la nudité de la femme, les nus étant nombreux en peinture, mais en raison du contexte bien trop réel, trop contemporain, trop humain quoi. Retirée de son enrobage mythologique, la nudité devint outrageante car elle ne mobilisait plus l’héroïsme de la raison mais la sensualité des passions. Cet acte de rébellion accoucha de l’Impressionnisme.

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Juste une impression

Plus besoin alors de lever les yeux vers le ciel pour s’inspirer, il suffit de regarder autour de soi et retranscrire les impressions fugitives, sources de bonheur, de nostalgie ou d’émerveillement. Celles-ci parlent aux passions et mystifient le quotidien de l’homme et son environnement, alors en pleine mutation avec l’industrie naissante. La gare St Lazare (Monet), Un bal dominical (Renoir), des danseuses (Degas) surclassèrent l’Olympe et les personnages bibliques comme modèles de représentation ; et les déesses s’incarnèrent dans des personnages modernes, telle l’Olympe de Manet revêtant le corps d’une prostituée.

Renoir---Danse-a-la-ville.jpg

Cependant, tandis que la photographie bouleversait les arts picturaux, l’impressionnisme ne chercha pas à retranscrire la réalité extérieure telle qu’elle apparaissait (comme une photo), mais telle que l’artiste la percevait à un moment donné. La couleur joua ainsi un rôle primordial alors que celle-ci se confinait auparavant à un aspect secondaire, à peine enseigné dans les académies qui privilégiaient les formes géométriques. La peinture entra soudain dans l’abstrait en diluant la réalité dans un bain chromatique. Les surréalistes et leurs dadas allaient reprendre le flambeau quelques années plus tard.

      

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Héritage

L’art pop reçu un double héritage de l’impressionnisme ; tout d’abord cette volonté de puiser l’inspiration dans l’environnement immédiat et non plus dans la mythologie ou la religion (ou alors en l’actualisant comme le fit Manet). Warhol poussa par exemple la logique jusqu’à son extrême en élevant une star de cinéma et une boîte de soupe au même statut d’œuvre d’art. Et dans l’accentuation de la couleur, au détriment de la représentation réaliste, comme le firent les surréalistes (les héritiers directs de l’impressionnisme). La couleur fluo constitue un parfait symbole de cette suprématie.

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En à peine 40 ans (1860-1900) l’impressionnisme révolutionna un art rigoureusement encadré depuis la renaissance en changeant complètement son paradigme. Et même si sa trace reste peu perceptible dans les oeuvres contemporaines, un peu petit quelque chose nous en rappelle l’influence. Une impression peut-être. 


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