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Grand corps malade

Publié le 14 décembre 2007 par Alexandre Pachot

Grand Corps Malade, c’est un jeune slameur français (Fabien Marsaud, 1977- ).

Le slam est une forme de poésie orale et urbaine, scandée ou chantée, pratiquée dans des lieux publics comme les bars sous forme de rencontres ou de joutes oratoires (Antidote).

Au niveau artistique, le slam peut-être classé dans le hip-hop (rap, breakdance, graffiti…)

Quelques liens :

Une biographie de Grand Corps Malade
http://musique.ados.fr/Grand-Corps-Malade.html

Page Wikipédia sur Grand Corps Malade
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Corps_Malade

Page Wikipédia sur le slam
http://fr.wikipedia.org/wiki/Slam_(poésie)

Un site de fans d’où sont extraits les textes ci-dessous
http://www.grandcorpsmalade-fan.net/

Le site officiel de Grand Corps Malade
http://www.grandcorpsmalade.com/

Voici trois extraits complets :
— Ma tête, mon coeur… (la découverte) ;
— Les voyages en train (une histoire d’amour) ;
— Midi 20 (un texte autobiographique).

Remarque : le but de cet article est de promouvoir la langue et la culture françaises. Si l’artiste, un de ses représentants, ou la chaîne de télévision souhaite que je le modifie, contactez-moi.

Ma tête, mon coeur…

Le corps humain est un royaume ou chaque organe veut être le roi,
Il y a chez l’homme 3 leaders qui essayent d’imposer leur loi,
Cette lutte permanente est la plus grosse source d’embrouille,

Elle oppose depuis toujours la tête, le coeur et les couilles.
Que les demoiselles nous excusent si on fait des trucs chelous,
Si un jour on est des agneaux et qu’le lendemain on est des loups,
C’est à cause de c’combat qui s’agite dans notre corps,
La tête, le coeur, les couilles discutent mais ils sont jamais d’accords.

Mon coeur est une vraie éponge, toujours prêt à s’ouvrir,
Mais ma tête est un soldat qui s’laisse rarement attendrir,
Mes couilles sont motivées, elles aimeraient bien pé-cho cette brune,
Mais y’en a une qui veut pas, putain ma tête me casse les burnes.

Ma tête a dit a mon coeur qu’elle s’en battait les couilles,
Si mes couilles avaient mal au coeur et qu’ça créait des embrouilles,
Mais mes couilles ont entendu et disent à ma tête qu’elle a pas d’coeur,
Et comme mon coeur n’a pas d’couilles, ma tête n’est pas prête d’avoir peur.

Moi mes couilles sont têtes en l’air et ont un coeur d’artichot,
Et quand mon coeur perd la tête, mes couilles restent bien au chaud,
Et si ma tête part en couilles, pour mon coeur c’est la défaite,
J’connais cette histoire par coeur, elle n’a ni queue ni tête.

Moi les femmes j’les crains, autant qu’je suis fou d’elles,
Vous comprenez maintenant pourquoi chez moi c’est un sacré bordel,
J’ai pas trouvé la solution, ça fait un moment qu’je fouille,
Je resterais sous l’contrôle d’ma tête, mon coeur et mes couilles.

Les voyages en train

J’crois que les histoires d’amour c’est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j’aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu’on flippe autant d’arriver en retard.

Les trains démarrent souvent au moment où l’on s’y attend le moins,
Et l’histoire d’amour t’emporte sous l’oeil impuissant des témoins,
Les témoins c’est tes potes qui te disent au revoir sur le quai,
Ils regardent le train s’éloigner avec un sourire inquiet,

Toi aussi tu leur fais signe et tu imagines leurs commentaires,
Certains pensent que tu te plantes et que t’as pas les pieds sur terre,
Chacun y va de son pronostic sur la durée du voyage,
Pour la plupart le train va derailler dès le premier orage.

Le grand amour change forcément ton comportement,
Dès le premier jour faut bien choisir ton compartiment,
Siège couloir ou contre la vitre il faut trouver la bonne place,
Tu choisis quoi une love story de première ou d’seconde classe.

Dans les premiers kilomètres tu n’as d’yeux que pour son visage,
Tu calcules pas derrière la fenêtre le défilé des paysages,
Tu te sens vivant tu te sens léger tu ne vois pas passer l’heure,
T’es tellement bien que t’as presque envie d’embrasser le controleur.

Mais la magie ne dure qu’un temps et ton histoire bât de l’aile,
Toi tu te dis que tu n’y est pour rien et que c’est sa faute à elle,
Le ronronement du train te saoule et chaque virage t’écoeure,
Faut que tu te lèves que tu marches tu vas te dégourdir le coeur.

Et le train ralentit et c’est déjà la fin de ton histoire,
En plus t’es comme un con tes potes sont restés à l’autre gare,
Tu dis au revoir à celle que tu appelleras désormais ton ex,
Dans son agenda sur ton nom elle va passer un coup de tipex.

C’est vrai que les histoires d’amour c’est comme les voyages en train,
Et quand je vois tous ces voyageurs parfois j’aimerais en être un,
Pourquoi tu crois que tant de gens attendent sur le quai de la gare,
Pourquoi tu crois qu’on flippe autant d’arriver en retard.

Pour beaucoup la vie se résume à essayer de monter dans le train,
A connaitre ce qu’est l’amour et se découvrir plein d’entrain,
Pour beaucoup l’objectif est d’arriver à la bonne heure,
Pour réussir son voyage et avoir accès au bonheur.

Il est facile de prendre un train encore faut il prendre le bon,
Moi je suis monté dans deux trois rames mais c’était pas le bon vagon,
Car les trains sont crapricieux et certains sont innaccessibles,
Et je ne crois pas tout le temps qu’avec la SNCF c’est possible.

Il y a ceux pour qui les trains sont toujours en grèves,
Et leurs histoires d’amour n’existent que dans leurs rêves,
Et y’a ceux qui foncent dans le premier train sans faire attention,
Mais forcément ils descendront dessus à la prochaine station,

Y’a celles qui flippent de s’engager parce qu’elles sont trop émotives,
Pour elles c’est trop risqué de s’accrocher à la locomotive,
Et y’a les aventuriers qu’enchainent voyages sur voyages,
Dès qu’une histoire est terminée ils attaquent une autre page.

Moi après mon seul vrai voyage j’ai souffert pendant des mois,
On s’est quitté d’un commun accord mais elle était plus d’accord que moi,
Depuis je traine sur les quais je regarde les trains au départ,
Y’a des portes qui s’ouvrent mais dans une gare je me sent à part.

Il parait que les voyages en train finissent mal en général,
Si pour toi c’est le cas accroche toi et garde le moral,
Car une chose est certaine y’aura toujours un terminus,
Maintenant tu es prévenu la prochaine fois tu prendras le bus.

Midi 20

Je suis né tôt ce matin, juste avant que le soleil comprenne,
Qu’il va falloir qu’il se lève et qu’il prenne son petit crème,
Je suis né tôt ce matin, entouré de plein de gens bien,
Qui me regardent un peu chelou et qui m’appellent Fabien.

Quand le soleil apparaît j’essaie de réaliser ce qu’il se passe,
Je tente de comprendre le temps et j’analyse mon espace,
Il est 7 heures du mat’ sur l’horloge de mon existence,
Je regarde la petite aiguille et j’imagine son importance.

Pas de temps à perdre ce matin, je commence par l’alphabet,
Y’a plein de choses à apprendre si tu veux pas finir tebê,
C’est sûr, je serais pas un génie mais ça va y’a pire,
Sur les coups de 7 heures et demie j’ai appris à lire et à écrire.

La journée commence bien, il fait beau et je suis content,
Je reçois plein d’affection et je comprends que c’est important,
Il est bientôt 9 heures et demie et j’aborde l’adolescence,
En pleine forme, plein d’envie et juste ce qu’il faut d’insouciance.

Je commence à me la raconter, j’ai plein de potes et je me sens fort,
Je garde un peu de temps pour les meufs quand je suis pas en train de faire du sport,
Emploi du temps bien rempli, et je suis à la bourre pour mes rencards,
Putain la vie passe trop vite, il est déjà 11 heures moins le quart.

Celui qui veut me viser, je lui conseille de changer de cible,
Me toucher est impossible, à 11 heures je me sens invincible,
Il fait chaud, tout me sourit, il manquait plus que je sois amoureux,
C’est arrivé sans prévenir sur les coups d’11 heures moins 2.

Mais tout à coup, alors que dans le ciel, y’avait pas un seul nuage,
A éclaté au-dessus de moi un intolérable orage,
Il est 11 heures 08 quand ma journée prend un virage,
Pour le moins inattendu alors je tourne mais j’ai la rage.

Je me suis pris un éclair comme un coup d’électricité,
Je me suis relevé mais j’ai laissé un peu de mobilité,
Mes tablettes de chocolat sont devenues de la marmelade,
Je me suis fait à tout ça, appelez moi Grand Corps Malade.

Cette fin de matinée est tout sauf une récréation,
A 11 heures 20 je dois faire preuve d’une bonne dose d’adaptation,
Je passe beaucoup moins de temps à me balader rue de la Rép’,
Et j’apprends à remplir les papiers de la Cotorep.

J’ai pas que des séquelles physiques, je vais pas faire le tho-my,
Mais y’a des cicatrices plus profondes qu’une trachéotomie,
J’ai eu de la chance je suis pas passé très loin de l’échec et mat,
Mais j’avoue que j’ai encore souvent la nostalgie de 10 heures du mat’.

A midi moins l’quart, j’ai pris mon stylo bleu foncé,
J’ai compris que lui et ma béquille pouvaient me faire avancer,
J’ai posé des mots sur tout ce que j’avais dans le bide,
J’ai posé des mots et j’ai fait plus que combler le vide.

J’ai été bien accueilli dans le cercle des poètes du bitume,
Et dans l’obscurité, j’avance au clair de ma plume,
J’ai assommé ma pudeur, j’ai assumé mes ardeurs,
Et j’ai slamé mes joies, mes peines, mes envies et mes erreurs.

Il est midi 19 à l’heure où j’écris ce con d’texte,
Je vous ai décrit ma matinée pour que vous sachiez le contexte,
Car si la journée finit à minuit, il me reste quand même pas mal de temps,
J’ai encore tout l’après-midi pour faire des trucs importants.

C’est vrai que la vie est rarement un roman en 18 tomes,
Toutes les bonnes choses ont une fin, on ne repousse pas l’ultimatum,
Alors je vais profiter de tous les moments qui me séparent de la chute,
Je vais croquer dans chaque instant, je ne dois pas perdre une minute.

Il me reste tellement de choses à faire que j’en ai presque le vertige,
Je voudrais être encore un enfant mais j’ai déjà 28 pijes,
Alors je vais faire ce qu’il faut pour que mes espoirs ne restent pas vains,
D’ailleurs je vous laisse, là c’est chaud, il est déjà midi 20.


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