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Claire est mon prénom...

Par Marius

noe-femme-profil.jpgMes parents ont choisis pour moi ce prénom qui me va si bien . Il reflète un trait de ma personnalité. J’aime en effet les choses simples, précises et parfaitement limpides ; en un mot claires.

Ma vie est faite de rigueur. J’aime les chiffres, leurs ordonnancements. Mes études de comptabilité m’ont permis d’exercer un métier  précis. Classer, ordonnancer, constituer des équilibres financiers entre « emplois et ressources », « débit et crédit » de mes employeurs est mon métier. Beaucoup trouve cela peu passionnant mais nous sommes des milliers à pratiquer ce job indispensable aux entreprises. Sans nous il serait impossible de connaître de la santé des sociétés, petites et grandes. Comme des milliers je suis parfois sollicité pour « arranger » les comptes ; il y a naturellement quelques petites finesses qui concrétisent notre professionnalisme, une forme d’art de la comptabilité. Comme tout comptable je suis soumise à une déontologie et à une morale qui nous interdit de dépasser des limites que chacun d’entre nous peut définir en son âme et conscience.

J’ai bien travaillé ces 30 dernières années mais là c’était trop. Mes employeurs avaient un certain dilettantisme avec les chiffres. La mamie ne voyait plus rien, trop amoureuse de son artiste. Sa délégation à mon patron était totale, presque aveugle. Et moi j’ai craqué. J’aime ce métier, j’aime rendre service mais là c’était trop. Trop de risque, trop d’illégalité, trop de sommes contestables, par amour, par pression morale, par naïveté, par désintérêt aux valeurs en jeux. Comme disait mon chef ce n’est jamais qu’une île de dépenses dans un océan de profit. Oui peut être mais moi, Claire, je ne veux plus participer à ces turpitudes honteuses. J’ai ma conscience. Je me suis donc opposé à cela ; un comportement inacceptable aux yeux des patrons qui souhaitaient trouver en moi une complicité. J’ai donc accepté de partir. Rien ne m’oblige à des comportements répréhensibles.

Aujourd’hui des révélations de la famille m’ont contrainte à faire connaître de mes activités à la brigade financière. J’ai été obligé de dénoncer des manipulations d’argent liquide. Ils ont enregistrés mes dépositions, m’ont fait signer sur mon honneur. Mon tort c’est d’avoir accepté un entretien avec un gentil journaliste, trop gentil mais peu scrupuleux sur les termes utilisés dans son article. Je regrette cet échange d’autant plus qu’ hier la police est venue me chercher manu militari, comme un voleur, sans ménagement chez mes amis. Ils m’ont ramenés à Paris, m’ont fait parcourir 500kms horribles et m’ont questionnés jusqu’à minuit. Ils étaient plusieurs, volontairement agressifs. Ils m’ont fait souffrir moralement. J’ai donc nuancé mes premiers propos pour que cela s'arréte car ils m’ont fait bien sentir qui j’étais. Moi, Claire, une petite comptable, une merde à leurs yeux, moi qui ne souhaite qu’une chose : être tranquille et oublier de ces turpitudes qui pourraient m’être en cause le Président.

Le Président de tous mais aussi l’ancien président d'un partis qui a reçu indirectement des sommes importantes en liquide pour financer ses campagnes. Pour ces messieurs il ne s’agit que de peccadilles, de pourboires. Pour moi il s’agit de sommes qui représentent des années de labeurs, de salaires de comptable. Quand tout cela s’arrêtera t'il ? Je suis à bout et, en plus aujourd’hui je suis qualifiée de menteuse, d’incapable, de collaboratrice peu qualifiée. C’est horrible et rien ne me permet d’espérer un peu de repos en cette période où la presse n’a plus rien à fournir sauf la température de l’air et de l’eau je sais que ce supplice va continuer. Je pense au suicide…j’ai même le sentiment que quelques-uns seraient prêts à m’aider à quitter ce monde. Mais si je venais à disparaître je laisserais des dossiers. C’est comme ça chez les comptables. On sait compter et classer. C’est un vrai métier de confiance.

Toute similitude avec une situation existante est fortuite. Il s'agit d'un roman...dont on ne connaît pas encore précisément l'épilogue.  Profil emprunté à Noëlle VIGNAUX


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