
Alors lorsque son père, qui dirige une compagnie d’emballage de coquillage, se trouve au plus mal, et que son petit ami du moment, viré avec une gamine sur les bras, veut absolument qu’ils rentrent chez elle et qu’ils reprennent en main l’entreprise familiale, Sawako se laisse entraîner. Il faut dire que Sawako a un trait de caractère particulier. Elle est résignée. Elle pense que quoi qu’il arrive, dans le monde ou dans sa vie, elle n’y peut pas grand-chose. Alors elle laisse les choses se faire, sans tenter de prendre une quelconque emprise dessus.
Le titre du film s’avère très vite un énorme spoiler. On passe plus d’une heure en compagnie d’une jeune femme charmante mais tout fait incapable de prendre des décisions sur sa vie et préférant se laisser mener par les autres… alors forcément, il n’est pas difficile de savoir où Ishii va nous emmener. Mais ce n’est pas bien grave. L’essentiel, c’est que le long du chemin, le réalisateur nous présente des personnages cocasses empêtrés dans notre société. Cette société en crise à l’échelle globale, cette société où tout se répercute partout, et l’où on ne sait trop de quoi l’avenir sera fait. Tiens, c’est étonnant finalement à quel point le cadre et le fond ne sont pas si éloignés de Solanin, vu le week-end dernier. Certes le ton est radicalement différent, mais en fin de compte, on se reconnaît dans les deux tableaux. Preuve s’il en était de la lucidité de ces films. Même si au passage, je dois bien avouer que j’ai failli piquer du nez à plusieurs reprises devant Sawako Decides.

Dans ce village vit un grand-père avec ses deux petits-enfants. Elle est une jeune femme muette, lui est un garçon d’une douzaine d’années. Comme tout le monde dans ce petit village chinois, ils sont imprégnés de culture coréenne, jusqu'à parler la langue (sous une forme très locale tout de même). Et lorsque des nord-coréens demandent de l’aide après avoir franchi illégalement la frontière avec la police chinoise et l’armée coréenne aux trousses, ils leur ouvrent leur porte.
Vous conviendrez que le pitch de La rivière Tumen est moins entraînant sur le papier que Sawako decides. Si vous ajoutez à cela le retard du Festival, qui nous a fait poireauter debout un bon quart d’heure de plus devant la salle, les ingrédients auraient pu être réunis pour définitivement me plonger dans le sommeil après les phases intermittentes du film japonais précédent. Pourtant ce petit film coréen m’a tenu en haleine et en éveil pendant 1h30. Aucun étourdissement ou ronflement devant ce poignant drame humain.

C’est l’histoire d’une frontière derrière laquelle on ne sait trop ce qu’il s’y passe, tout en ne le devinant que trop bien. C’est l’histoire d’enfants trop jeunes pour comprendre toute la complexité d’un monde, tout en étant bien obligés de naviguer dans ses eaux troubles. C’est l’histoire d’un lieu extraordinaire et pourtant si banal. C’est l’histoire d’un film plein de courage qui laisse un goût amer. Un film qui devrait sortir dans les salles françaises à la fin de l’été, le 25 août. Notez-le bien.