En dvd le 7 juillet
« Bubu de Montparnasse » de Mauro Boligni
Le film
3.5 out of 5 stars
les bonus
3 out of 5 stars
Pour des raisons de gros sous ,Mauro Bolognini situe le roman de Charles L. Philippe, en Italie . C’est une transformation majeure pour un récit aussi typé que celui du romancier français imaginé autour des prostituées parisiennes de 1900, tiraillées entre leurs proxénètes et la peur de la maladie. Mais c’est aussi ce qui fait son charme : l’adaptation est plutôt habile et la dichotomie géographique lui confère une couleur particulière. On se sait à Turin ou à Naples, mais la couleur impressionniste de la capitale française d’alors est de tous les tableaux. Il y a même comme une guinguette des bords de Marne où cette fois c’est la fête entre souteneurs et prostituées. Une belle reconstitution ( les décors, beaux ou miséreux, sont toujours très justes ) , et le climat général s’en ressent.
Il est sans espoir pour Berta, une couturière qui au début du XX ème siècle quitte son domicile familial pour vivre avec Bubu, un ouvrier boulanger qui s’avère être un fieffé gredin. Quand Antonio Falsi lui demande de se prostituer, elle accepte par amour. Mais la rencontre avec Piero, un étudiant dont la sensibilité la séduit, peut changer la donne. Massimo Ranieri , faux air de Cabrel, jeunot, étonnant ! Un jour, Berta découvre qu’elle est atteinte de la syphilis…
C’est autant Berta que Bubu de Montparnasse que Maurice Boligni portraiture ici très délicatement , opposant à la noirceur du moment , des tons pastels sur les joues des femmes et des favoris reluisants pour les hommes . Mais c’est juste une apparence, une approche du regard que le cinéaste porte sur la condition féminine, mêlant à la fois un pessimisme de circonstance à une morale de bon aloi .
On parle alors de syphilis et aujourd’hui le parallèle avec le sida est une évidence. Mais quand il tourne « Bubu de Montparnasse » en 1971 , Mauro Bolognini ignore tout de la terrible maladie . Un film prémonitoire , dit-on dans les suppléments, mais aussi un film qui reprend à sa façon le thème universel de l’exploitation des femmes.En opposition à la domination de l’homme , désigné avant tout comme le mâle régnant , qu’il soit père, ami ou amant . Le triumvirat d’une tragédie classique qui vire au mélodrame quand la porte de sortie entrevue brièvement par Berta se referme devant la fermeté de son « protecteur » , lui-même sous la coupe d’un proxénète de haut vol . « La tonalité générale du film nous dit qu’elle n’en sortira pas » prévient Jean A. Gili dans les bonus . Ottavia Piccolo , à qui l’on reprochait sa jeunesse pour un tel rôle, le tient à la hauteur de sa beauté juvénile. Une élégance naturelle, qui adoucit quelque peu la rude et délicate impression d’un monde sans pitié.
SUPPLÉMENTS
. PRÉFACE DE JEAN A. GILI (9 mn)
. PIERO TOSI, LE SOUCI DE LA JUSTESSE (21 mn)
Un entretien exclusif et très instructif dans lequel le grand costumier du cinéma et scénographe Piero Tosi évoque la figure de son ami Mauro Bolognini, dont il signa les costumes de neuf longs-métrages et de plusieurs courts-métrages. Une occasion pour parler des grands acteurs et actrices de l’époque ( Claudia Cardinale, Mastroianni , Belmondo … ) avec qui Boligini « avait des liens d’amour, ce qui les rendait encore meilleurs. Il travaillait ainsi en toute sérénité«
. BANDE-ANNONCE
MAIS AUSSI
LIBERTÉ, MON AMOUR !
(1973, Italie, 104 mn, Couleurs)
Rome, années 30. Fille d’un anarchiste exilé, Libera ne supporte pas le fascisme qui triomphe au quotidien. Pour ne pas mettre en péril l’atelier de tailleur de son mari, elle doit modérer ses fréquents accès de rage à l’encontre des autorités. Un 1er mai, Libera est accusée de provocation par les forces de l’ordre pour s’être habillée en rouge avec ses deux enfants. Toute la famille doit partir vivre en province, mais Liberté ne tarde pas à s’y faire remarquer par sa virulence antifasciste…
Pour donner sa propre histoire du fascisme, Mauro Bolognini construit « Liberté, mon amour ! » comme une farce grotesque qui se délite progressivement en tragédie. À travers le personnage sublimé de Libera Amore Anarchia, femme en constante révolte incarnée par une Claudia Cardinale enflammée, c’est la lutte au quotidien et l’esprit révolutionnaire qui sont glorifiés.
SUPPLÉMENTS
. PRÉFACE DE JEAN A. GILI (9 mn)
. MAURO BOLOGNINI, AU-DELÀ DU STYLE (PREMIÈRE PARTIE)
(1992 – Couleurs et N&B – 29 mn)
Un film inédit de Richard Frances, Jean A. Gili et Philippe Jamont
La première partie d’un entretien fleuve avec Mauro Bolognini, avec les témoignages de Claudia Cardinale, Adriana Asti, Marthe Keller et Dominique Sanda.
A VENIR
LES GARÇONS -VERTIGES – le 21 juillet
Édition DVD
CARLOTTA FILMS